Dans L’obsession-antiaméricaine, Jean-François Revel raille le choix d’Hubert Védrine qui avait décidé d’utiliser pompeusement le terme de « hyperpuissance » américaine au lieu de « superpuissance ». En réalité, les deux préfixes veulent dire la même chose sauf que « hyper » vient du grec et « super » du latin. M. Védrine récidive dans une Tribune que vient de publier Le Figaro en écrivant que « l’Occident a manqué, par hubris et soumission à l’hyperpuissance américaine, de sens historique et stratégique durant la période Gorbatchev ». Que faut-il comprendre ? Que l’Occident, bien sûr, à la botte des Américains, n’a pas voulu suivre Gorbatchev dans sa tentative de sauvetage de l’URSS et du communisme !
L’ancien secrétaire général de François Mitterrand va même plus loin et écrit : « Quitte à choquer, je pense qu’il (Gorbatchev) aurait peut-être eu plus de chances de réussir, et de surmonter les résistances prévisibles, en ne déclenchant pas la glasnost dès le début, mais plus tard, après avoir réussi, peut-être, à nouer un partenariat avec l’Occident pour la mise en œuvre d’une perestroïka et d’une insertion d’une URSS post-soviétique (oxymore?) dans la mondialisation, par étapes. ». Et, là aussi, devinez pourquoi ça n’a pas marché ? A qui la faute ? Aux « États-Unis et à la Grande-Bretagne, (car) seul comptait que l’URSS soit abattue, y compris grâce au bluff «guerre des étoiles». M. Védrine n’a strictement rien à faire de la liberté des peuples, du désir des dizaines de millions de personnes de se libérer du joug de l’URSS et d’en finir avec le communisme ! Il n’avait pas compris à l’époque, comme Mitterrand (ce qui provoquait l’amusement de Revel), qu’on ne pouvait pas réformer le communisme et que l’URSS était l’Empire du mal qu’il fallait détruire. Il a la nostalgie du soviétisme et de cette époque du totalitarisme : « On ne peut que repenser, quelques instants fugaces, à ce qu’aurait été l’histoire de l’Europe et de la Russie, si Gorbatchev immense personnage historique tragique n’avait pas échoué. » Ou comment faire du révisionnisme historique…
Son aveuglement perdure lorsqu’il soutient qu’il aurait fallu « discuter » avec Poutine et « plus encore dans les premières années après la fin de l’URSS sous Eltsine, Poutine I, et II et encore Medvedev ». « Je fais en effet partie de ceux qui pensent que la tragique évolution poutinienne des dix à quinze dernières années n’était pas absolument fatale », écrit Védrine. Même un lycéen un peu curieux sait (ou peut découvrir très facilement) que, depuis 1990, l’Occident (et les Etats-Unis) ont tendu la main régulièrement à la Russie depuis en lui proposant des accords, des traités, de la coopération économique et militaires et des milliards de dollars d’aides. Cela n’a pas empêché, ni Medvedev, ni Poutine de faire la guerre et d’instaurer un régime autocratique qui emprisonne et assassine des journalistes, des opposants et même ses propres oligarques.
Ce qui est encore plus grave c’est qu’on accorde encore de l’attention à ce haut fonctionnaire qui n’a rien compris à l’évolution du monde. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de rappeler que, lorsqu’il était porte-parole de François Mitterrand, le 21 décembre 1989, la France a signé un accord de coopération économique avec la RDA… pour cinq ans ! Et que le 21 mai 2021, il soutenait, sur CNews, que : « La Russie d’aujourd’hui est moins dangereuse, moins armée ; elle tue des gens, mais moins que l’URSS. »
8 commentaires
Au risque d’être censuré : « En France nous n’avons aucune leçon à donner à quiconque. Lorsque le crime est organisé à la tête de l’Etat français par laxisme perpétuel, on doit « fermer sa gueule » et avoir une grande humilité. Et puis, depuis quand on ne peut plus émettre d’idées ou de réflexions dans notre pays ? Tout un chacun a droit à l’erreur, enfin je crois ».
Je ne vois pas le rapport avec l’article…
NL
C’est pour faire avancer le schimblik !
merci M. Lecaussin de votre article ainsi que de tous les autres d’ailleurs. j’apprécie.
lecteur (et relecteur) de Soljenitsyne, vous me le remettez en mémoire et continue ainsi son témoignage.
Souvent je me dis qu’il faut soutenir l’IREF et bêtement n’agis pas. Je le fais cette semaine, promis
encore merci et bravo
Merci à vous ! C’est grâce à vous que nous pouvons continuer !
NL
ET pourtant, Védrine est un des rares connaisseurs du monde tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit.
La réelle politique chère à Kissinger vaut largement celle pleine de moraline tant vantée aujourd’hui depuis BHL, Kouchner, Fabius, etc….
désolé, mais je crois qu’il n’a rien compris au monde…comme il continue à le prouver..
Monsieur , Huber Védrine que je respecte , trouve que l’Occident doit cesser de donner des leçons au monde entier. En quoi , il a raison , sauf que lui-même ne cesse de donner des leçons sur la manière de gérer les conflits du Moyen-Orient.