Début août, Google a été condamnée par Amit Mehta, un juge du district de Columbia, qui a considéré que l’entreprise aurait violé une loi antitrust en dépensant des milliards de dollars pour que son moteur de recherche soit installé par défaut sur de nombreux appareils. C’est le cas des iPhones par exemple : Google paie 18 milliards de dollars par an à son concurrent Apple afin d’être privilégiée. Dans son jugement de 277 pages, le juge Mehta considère que « Google est un monopole et a agi comme tel pour maintenir sa position dominante ».
Dans un article pour le Wall Street Journal, l’investisseur américain Andy Kessler se montre très critique envers cette décision. Pour lui, l’idée de démanteler Google repose sur des postulats erronés : la question n’est pas de vouloir lutter contre les monopoles en tant que tels, mais de savoir comment ils se sont constitués. En l’occurrence, Google, qui a interjeté appel de cette décision, est une entreprise à succès parce que les consommateurs privilégient ses services – et personne ne les a jamais obligés à le faire. Même le juge Mehta admet dans sa décision que les principaux concurrents de Google, Apple et Mozilla, relèvent parfois la pertinence d’une recherche Google par rapport à Safari et Firefox (leurs moteurs de recherche respectifs) et estiment que les résultats de Google sont supérieurs.
Pour Andy Kessler, le rôle d’un gouvernement n’est pas de punir les entreprises pour leur succès en adoptant des lois antitrust. Si une entreprise doit disparaître, les mécanismes du marché libre se suffisent à eux-mêmes. Prenons le cas d’IBM, la multinationale américaine qui, contrairement à l’entreprise AT&T, n’a pas été démantelée en 1982 malgré sa domination sur le marché des ordinateurs centraux (mainframes). Ce n’est pas le gouvernement, mais la concurrence des serveurs et des PC qui a fini par affaiblir IBM. La société a subi 22 trimestres consécutifs de baisse des ventes jusqu’en 2018.
Andy Kessler nuance toutefois son propos : il est vrai qu’une situation monopolistique peut être fatale pour les entreprises elles-mêmes, qui peinent à se réinventer en raison de leur attachement à des activités dépassées ou d’un manque de la culture start-up nécessaire pour faire émerger de nouvelles idées.