Pôle emploi durcit enfin les conditions de l’allocation chômage en cas d’abandon de poste, ce qui devrait concerner 123 000 personnes/an selon le ministre du Travail – un chiffre en augmentation. Depuis le 19 avril, l’employé qui quitte son travail sans raison valable (médicale par exemple) et ne revient pas travailler dans les 15 jours suivant la mise en demeure par l’employeur, n’a plus droit à l’allocation chômage. Les abandons de poste concernaient 71 % des licenciements pour faute grave ou lourde selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) au premier semestre 2022 (soit 123 000 salariés). Or, plus d’une personne sur deux (55 %) s’inscrivait à Pôle emploi trois mois après avoir abandonné son CDI. Le manquement aux obligations contractuelles du salarié était donc protégé par l’Etat, et par extension, pris en charge par le contribuable.
Cet aspect de la réforme de l’assurance-chômage est une bonne chose. L’Unédic, l’association en charge de l’assurance chômage avec Pôle emploi, anticipe des économies de 4 milliards d’euros au total. Rappelons que le déficit moyen du régime de l’assurance chômage s’élevait à 2,9 milliards d’euros chaque année entre 2009 et 2019. L’IREF considère toutefois que le gouvernement ne va pas assez loin : une réforme de fond implique la privatisation de l’assurance chômage et sa mise en concurrence avec d’autres organismes, au même titre qu’une assurance habitation, une assurance auto ou une assurance vie. L’Etat pourrait faire des économies considérables, tout en offrant une plus grande liberté de choix à l’assureur et à l’assuré. Et ce, sans faire supporter le poids de leurs décisions (quand elles ne sont pas la conséquence d’un comportement malhonnête) à la collectivité.
2 commentaires
Pôle emploi c’est 14 candidats pour un emploi, des avantages sociaux pour certains public, du travail non déclaré non pas essentiellement pour une question de tension mais pour faire face à la concurrence étrangère ou aux charges. Il fallait durcir les conditions quand il y avait du travail plutôt que de créer une usine à chômeurs affichant une croissance digne du cac 40 !
Bien à vous
L’Etat fait des économies avec le système actuel: l’indemnisation du chômage est financée aux 2/3 par la cotisation employeur, 1/3 par CSG, sur cette ressource, essentiellement patronale la loi a prévu que 11% fiancent la subvention à Pôle emploi. Depuis 2008, création de Pôle emploi l’Etat a pu se désengager budgétairement par rapport à ce qu’il apportait au financement de l’ex-ANPE( et, précision: sur le champ strict de l’indemnisation l’assurance chômage est structurellement en excédent (sf 1993, 2008 et période COVID) mais les comptes de l’Unédic supportent outre l’indemnisation: le financement des points retraites complémentaires des chômeurs indemnisés (2,5Mds/an), Pôle emploi ( 3,5Mds/an) la culture via le régime des intermittents et les conséquences d’accords internationaux sur l’indemnisation du chômage (frontaliers Suisses env. 0,6Mds/an).