Bernard Arnault défend une « zone de libre-échange », la gauche extrême s’étouffe

Le PDG de LVMH prône comme Elon Musk une « zone de libre-échange » entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Une provocation pour Marine Tondelier et consorts.

Quel est le meilleur signe que vous êtes dans le vrai en matière économique et sociale ? Que Manon Aubry, Fabien Roussel et Marine Tondelier s’étouffent à l’unisson après vous avoir écouté. C’est peut-être ce que se dit notre plus grand homme d’affaires, Bernard Arnault.

Peut-être assistons-nous enfin à un changement de paradigme. En effet, immergés dans le capitalisme de connivence, les grands patrons français se font généralement discrets sur le plan politique. Or, Bernard Arnault multiplie les sorties depuis quelques mois. On se souvient que, le 28 janvier, il avait dénoncé les nouvelles taxes sur les grandes entreprises prévues dans la loi de finances. Le 17 avril, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de son groupe de luxe, il a d’abord fustigé une « Union européenne dirigée par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des réglementations ». Un constat difficilement récusable qui a emporté l’approbation d’un Rassemblement National… qui, protectionnisme oblige, s’est bien gardé de reprendre la suite des propos du brillant PDG.

Bernard Arnault a plaidé en faveur d’une « zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne ». Les commentateurs ont aussitôt souligné la convergence de vues avec Elon Musk. En revanche, ils ont oublié de rappeler que la France avait tout fait pour saborder le projet britannique de « zone de libre-échange » en 1958. Elle devait se caractériser par l’absence d’institutions, de politique et de tarif extérieur commun à l’Europe. Ce fut alors un tir groupé des fonctionnaires, des industriels et des syndicalistes, auxquels le Conseil économique et social se rallia à l’unanimité.

C’est un effet de litote que de dire que la proposition de Bernard Arnault n’a pas eu l’heur de plaire à la gauche extrême. Pour Fabien Roussel, le dirigeant de LVMH « est vendu aux Américains » (X, 18 avril 2025). Le péché suprême aux yeux d’un communiste ! Pour l’Insoumise et très protectionniste Manon Aubry, « Une zone de libre-échange avec les Etats-Unis est la pire réponse à la guerre commerciale lancée par Trump : cela signe la mort de notre agriculture et de notre industrie » (Ouest France, 18 avril 2025). « Cela fait bien longtemps, a-telle déclaré à l’AFP, qu’il ne défend pas les intérêts de la France » (Le Figaro, 18 avril 2025). Un agent de l’étranger, sans doute !

De son côté, Marine Tondelier s’est surpassée, probablement motivée par le renouvellement de son mandat à la tête des Ecologistes. D’abord, elle a accusé Bernard Arnault d’avoir adopté « la rhétorique complotiste de l’extrême droite ». Si l’on comprend bien, le simple fait de décrire l’Union européenne comme un « pouvoir bureaucratique » ferait de vous un ignoble complotiste et vous classerait à l’extrême droite ! Ensuite et surtout, la verte-rouge a ajouté : « On se passera des « leçons » politiques d’un PDG tellement clairvoyant dans son allégeance à Trump qu’il a perdu des milliards depuis son investiture » (X, 18 avril 2025). Il semble en revanche que l’on ne puisse se « passer » des leçons de Marine Tondelier, dont la carrière dans les affaires et le nombre d’emplois qu’elle a créés depuis sa naissance sont effectivement édifiants. Ajoutons que Bernard Arnault n’a pas « perdu des milliards », Marine Tondelier opérant une confusion entre fortune et cours de Bourse. Ajoutons encore que son argumentation est de particulière mauvaise foi car dans le cas contraire, celui où le PDG aurait « gagné des milliards », il aurait été taxé de mentalité de petit boutiquier…

Même le très social Michel-Edouard Leclerc n’a pas manqué, une nouvelle fois, de faire la leçon à son prestigieux homologue : « Fais société, fais nation », a-t-il lancé. « Que les patrons jouent patriotes ». Quant à l’Union européenne, il l’a défendue au moyen d’un argument assez risible : « Dans nos boîtes aussi, on a de la bureaucratie », en omettant de préciser que la mauvaise graisse se supprime dans le secteur privé (TF1, 18 avril 2025). Pourtant, il devrait en connaître un rayon…