Les Restos du cœur, Bernard Arnault et nos khmers anti-riches

Les célèbres « Restos du cœur » ont appelé à l’aide pour boucler leurs comptes. Ils auraient besoin d’environ 35 millions d’euros. Hausse du nombre de bénéficiaires, chute des dons, inflation… les causes seraient multiples. Avant d’en savoir plus, ce sont les réactions à cette situation qui interpellent. Tout de suite, la plupart des politiques se sont empressés de demander un « plan d’urgence ». Dans un pays comme la France, « plan d’urgence » rime avec intervention et aides de l’Etat. Rappelons que les Restos, c’est une association indépendante qui vit de dons privés. Normalement, l’Etat – qui a sa propre politique redistributive et qui dépense des milliards d’euros par an dans les aides sociales et autres formes d’assistanat – ne devrait pas être concerné par ses déboires. Mais répondre dans « l’urgence » à un tel appel aux dons est évidemment très spectaculaire et très médiatique (Michel-Edouard Leclerc s’étonnait que « des gens qui découvrent tout d’un coup comme ça le week-end qu’ils ont 35 millions de déficit et que ça ne va pas aller, »). Et voici que Bernard Arnault annonce le versement de 10 millions d’euros à l’association. Un don privé donc, comme ceux qui font vivre les Restos du cœur depuis leur création, et qui précisément en ont fait une belle entreprise. Les voix de la gauche n’ont pas tardé à se faire entendre, celle de Manon Aubry plus tonnante que jamais : « C’est de l’aumône remboursée à 66% par les contribuables. Mais c’est encore mieux de payer ses impôts en France, Bernard ! » L’eurodéputée LFI-NUPES, diplômée en affaires internationales, consentirait-elle à nous expliquer comment quelqu’un qui, selon elle, ne paye pas ses impôts en France pourrait avoir une déduction fiscale de 66 % ? En réalité, LVMH paie 50 % de ses impôts en France, alors que seulement 10 % de son activité est basée sur le territoire.

Pour le député Alexis Corbière, « Monsieur Bernard Arnault va donner 0,004% de sa fortune personnelle. C’est comme si quelqu’un qui avait un bas de laine de 10.000 euros donnait 4 euros. Sans parler du nombre de défiscalisations dont il bénéficie à travers sa fondation… Je ne suis pas pour que les plus puissants fassent une opération de com sur le dos de la pauvreté. » Et Corbière de trouver insuffisante l’aide de l’Etat qui serait d’environ 15 millions d’euros. Pour Clémentine Autain, députée LFI-NUPES, « Bernard Arnault s’offre un morceau d’image en offrant 10 millions aux Restos du coeur. Nous ne demandons pas la charité mais la justice et le partage des richesses. » Même rengaine chez le député Adrien Quatennens : « On ne demande pas l’aumône (et les réductions d’impôts qui vont avec) mais le partage des richesses ! ».

En fait, pour ces politiques, l’argent a bel et bien une odeur. Celle de l’argent public, pris par l’Etat aux Français et aux entreprises, est une très bonne et agréable odeur. Celle de l’argent des riches est désagréable, malsaine, voire nauséabonde, on ne la respire qu’en se pinçant le nez. Une attitude qui risque de décourager le mécénat. Et, à la fin, ce sont ceux qui ont le plus besoin d’aide qui en pâtissent. Les pauvres sont les victimes de cette haine anti-riches.