Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est entretenu au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine, pour la première fois depuis près de deux ans, et lui a demandé de retirer ses troupes d’Ukraine et se préparer à négocier une « paix juste et durable » en Ukraine. Le chef du gouvernement allemand a aussi, lors de cette conversation d’une heure, qualifié le déploiement de soldats nord-coréens au côté de l’armée russe de « grave escalade ». On sait que près de 10.000 d’entre eux sont en position de combat depuis quelques jours, l’implication de militaires nord-coréens dans une guerre en Europe étant absolument sans précédent.
Vladimir Poutine a répété à Olaf Scholz la position de Moscou selon laquelle tout accord de paix en Ukraine devrait répondre aux préoccupations de sécurité de la Russie et tenir compte des « nouvelles réalités territoriales » en entérinant les conquêtes militaires russes et, surtout, s’attaquer aux causes profondes du conflit », sous-entendu la volonté de l’Ukraine de sortir de la zone d’influence du Kremlin pour se tourner vers l’Ouest. La Russie a annexé quatre régions ukrainiennes, les deux du Donbass, ainsi que celle de Zaporijia et de Kherson, dont son armée occupe entre 60 et 90 %, en sus de la Crimée absorbée en 2014. Cette annexion a été inscrite dans la Constitution et suggérer de revenir dessus constitue un délit punissable de cinq ans de prison en Russie, ce qui signifie qu’aucun négociateur ne pourrait disposer de la moindre marge de manœuvre sur le plan territorial. Comme on voit mal la Russie prête à livrer des criminels de guerre, ou verser des compensations pour les destructions provoquées par son armée, on ne voit absolument pas ce que le Kremlin pourrait être prêt à négocier… On pourrait même estimer que le Kremlin exige une capitulation de l’Ukraine et un lâchage en bonne et due forme de Kyiv par l’OTAN.
Le chancelier allemand avait prévenu le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de son appel, et ce dernier lui a répondu que son initiative aurait pour seul effet de sortir le président russe de son isolement et de prolonger la guerre. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait déclaré en octobre que Vladimir Poutine n’était pas disposé à discuter avec Olaf Scholz des conditions d’un éventuel accord de paix en Ukraine.