Introduction[1]
Les libéraux sont convaincus que les marchés fonctionnent le plus souvent mieux que le gouvernement. Mais ils sont également conscients de la théorie des défaillances du marché selon laquelle les marchés ne fonctionnent pas toujours correctement. Pour cette raison, un nombre surprenant de libéraux y compris d’économistes libéraux ont tendance à trouver difficile de s’opposer à l’intervention de l’État ; intervention qui est généralement demandée par la plupart des hommes politiques de tous bords, et en particulier par les partis de gauche. D’autres libéraux se contentent de nier l’existence des défaillances du marché, et d’autres encore ont recours à la diabolisation de l’État. Nous soutenons que ces deux stratégies ne sont ni fondées ni nécessaires et proposons de leur substituer une approche plus prometteuse consistant à unifier les différentes réserves à l’encontre de l’intervention des gouvernements autour de la théorie des défaillances du marché.
Pour ce faire, nous recommandons aux libéraux d’accepter deux vérités dérangeantes : premièrement, dans une certaine mesure les marchés échouent en permanence. La défaillance du marché dépend généralement de conditions clairement identifiables. Deuxièmement, le pouvoir politique lui-même est un marché avec des caractéristiques bien particulières qui l’exposent à un nombre considérable de défaillances, souvent appelées « défaillances du gouvernement » ou « défaillances de la politique ». En effet, nous soutenons fermement qu’il faut aborder le pouvoir politique avec la même vision que celle utilisée par l’économie moderne lorsqu’elle cherche à évaluer les marchés, car le pouvoir politique n’est rien d’autre que le marché des services politiques. Ces services politiques englobent une série d’offres telles que la fourniture de biens publics, les réglementations, les subventions, la politique industrielle ou environnementale, etc. Les hommes politiques et les partis politiques fournissent ces services non seulement dans un but altruiste, mais aussi dans leur propre intérêt. De leur côté, les citoyens, les groupes d’intérêt et les groupes d’action idéologique demandent des services politiques. Il existe donc une offre et une demande de services politiques. La concurrence existe des deux côtés du marché. Les services politiques sont échangés contre des votes, de l’argent, des informations, un soutien idéologique et d’autres moyens encore.
Il existe trois sources fondamentales de défaillances du marché : les externalités, le pouvoir de marché et l’asymétrie d’information[2]. Elles affectent non seulement les marchés commerciaux de biens et de services, mais aussi les marchés politiques où elles sont de surcroît associées à une représentation incomplète des préférences des électeurs par les hommes politiques. Les intérêts des hommes politiques peuvent même être dans certaines circonstances opposés aux intérêts à court ou à long terme des citoyens. La conceptualisation des démocraties représentatives comme des marchés a une certaine tradition en économie (politique). Elle a été utilisée par Becker (1958), Buchanan (1986) ou encore Wittman (1995). Ces auteurs et d’autres ont repris certaines analogies entre la concurrence et les problèmes de contrôle (encore connus sous le nom de « problème principal-agent ») rencontrés dans les sphères politique et économique. Mais, curieusement, ils n’ont pas appliqué rigoureusement la théorie des défaillances du marché au marché de la politique, comme nous recommandons de le faire ici, en présentant, nous l’espérons, des arguments convaincants en faveur du libéralisme.
En principe, les gouvernements peuvent être en mesure de remédier à certaines défaillances des marchés de biens et de services. Ils peuvent, par exemple, essayer d’internaliser les externalités. Cependant, le marché de la politique est encore plus sujet à défaillance que le marché commercial des biens et des services. Dans le processus politique, les institutions qui aident à surmonter les défaillances des marchés de biens et de services, telles que les promesses contraignantes et les contrats exécutoires, sont absentes (voir par exemple, Eichenberger 2003).
Nous examinerons donc les trois sources qui conduisent à l’échec du marché en politique (section 2) et discuterons la manière dont ces échecs peuvent être atténués par des institutions inspirées du libéralisme. Nous proposerons également de nouvelles institutions de marché pour favoriser la concurrence sur les marchés politiques (section 3). Nous terminerons avec quelques remarques de conclusion (section 4).
La politique – un marché politique souvent défaillant
Politique et externalités
Parce qu’il a le pouvoir de contraindre, le gouvernement aurait en principe la possibilité de corriger les défaillances du marché résultant d’externalités. La coercition permet aux gouvernements de redéfinir les règles du jeu et donc d’infléchir les stratégies des citoyens, les forçant à prendre en compte les autres. Dans le cas des externalités (ou des biens publics), ce principe est souvent illustré avec le jeu du dilemme du prisonnier. Deux prisonniers qui auraient intérêt à coopérer ne le feront pas s’ils doivent choisir leurs stratégies indépendamment parce qu’ils n’ont pas la possibilité de se coordonner. Il en résulte une perte pour les deux. De même, sans la coercition gouvernementale, chaque individu devrait décider seul s’il veut renoncer à produire des externalités (ou à ne pas contribuer aux biens publics). Et la logique de la situation voudrait qu’il ne renonce pas. Les externalités perdurent ; les biens publics ne sont pas produits — tout comme deux prisonniers qui auraient intérêt à coopérer mais ne le font pas. Avec une intervention efficace des pouvoirs publics, tous les individus sont contraints de se comporter de la même manière, ce qui peut éliminer les externalités et, partant, la défaillance du marché.
2 commentaires
Ce texte est aussi étrange qu’incompréhensible. Il n’en reste pas moins que confier quoi que ce soit d’important à l’état est et reste très problématique, d’autant plus si cet état est obèse, liberticide, intrusif, obstructif et insupportablement arrogant, croyant qu’il peut mieux faire que les autres avec leur argent. Comme disait Ronald Reagan: « Government is not the solution to our problem, government is the problem ». Tout ce qu’ils font, ils le font mal. Là où on attend l’état, il est absent (voir les domaines régaliens). Mais il se pointe toujours là où on n’a pas besoin de lui (retraites, CQ, enseignement, carburants, isolation, chassis, compostage, vaccins, confinement, brevets de clown, et j’en passe). Quid de la suibsidiarité citoyenne? Et nombreux sont ceux qui continuent à lui faire confiance alors qu’ils seront prompts à critiquer leur banquier qui pourtant ne les contraint absolument à rien du tout. Je ne sais plus qui avait déclaré que si on leur confiait le désert, après 15 jours, il faudrait racheter du sable. C’est exactement ça. Des gestionnaires visionnaires qu’on vous dit.
Pardon mais je n’ai absolument rien compris…