« Vade retro, conservator ! », est le mot d’ordre de la gauche bien-pensante mais aussi de la droite frileuse. Pourtant, ceux qu’on désigne comme « conservateurs » avec mépris sont aussi ceux qui ont fait l’Histoire de la France. Le talentueux journaliste et essayiste Guillaume Perrault leur rend hommage et réhabilite avec brio les valeurs du conservatisme. En quoi le respect des traditions ou l’amour pour la famille seraient-ils ringards ? Pourquoi ne cesse-t-on de caricaturer et de diffamer des comportements qui sont pourtant tout à fait sains et naturels ? La génération de mai 1968 a transformé des valeurs en tares et des qualités en défauts incorrigibles.
Il y a d’abord le passé. Que de mensonges ! Quelle propagande digne d’un pays totalitaire ! Guillaume Perrault rend justice à tous ces conservateurs qui ont façonné la France et qui ont combattu pour elle. Non, les conservateurs ne défendaient pas les privilèges lors de la révolution française. Jacques de Cazalès ou Mirabeau ont essayé de s’opposer à la vague destructrice des Révolutionnaires. Les conservateurs ont été aussi les premiers dreyfusards. C’est le quotidien Le Figaro qui lance une campagne de presse en faveur du capitaine et publie plusieurs articles de Zola. En 1936, ce sont les conservateurs qui ont mis en garde contre les conséquences des mesures économiques démagogiques prises par le Front populaire. Et ce sont bien eux qui ont été les premiers résistants au moment où les communistes pactisaient avec Hitler ! L’amnésie idéologique nous a fait oublier que c’est bien la gauche républicaine qui approuvait la colonisation, de Victor Hugo à François Mitterrand.
« Le peuple est conservateur », rappelle à juste titre l’auteur. Il n’y a qu’à voir les résultats des élections en Amérique ou le référendum en Grande Bretagne. S’opposer à ses volontés c’est lui raconter des mensonges. Mieux vaudrait tenir compte de ses désirs et les soutenir sans hésiter. Guillaume Perrault croit en la renaissance de la France à travers son héritage conservateur. Le brillant essai qu’il vient de publier nous en donne les preuves.