Les gouvernements, les médias et maintenant même certains milieux scientifiques font valoir des solutions politiques comme étant la seule option, mais un jugement sain permet d’espérer saisir de nouvelles opportunités.
Dans la Bible, l’apôtre Paul écrit une belle phrase dans la deuxième épître à Timothée : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de sagesse. »
Il semble que nous vivions une époque de panique, de peur et de désespoir. Le sentiment d’alarme – tel qu’il est de plus en plus brandi autour des questions climatiques – sape l’espoir et le jugement sain. L’humanité a toujours vécu des crises. L’incertitude et le changement sont la norme. La stabilité ne dure jamais.
Un bon leadership exige donc d’analyser les situations, de formuler des scénarios et des alternatives, et de communiquer clairement ses décisions. Le président français Adolphe Thiers (1871-1873) a inventé l’expression « gouverner c’est prévoir ». Une gouvernance attentive et confiante, un sentiment de responsabilité personnelle et collective à l’égard de la « res publica », associé à un sens aigu des responsabilités, découlent de ce point de vue.
Cette responsabilité ne s’applique pas seulement à la politique et à l’administration, mais aussi aux médias et à la science. Ce style de leadership évite de s’entêter à imposer une seule option ou d’insister sur l’existence d’une seule solution possible. Il permet aux sociétés de s’adapter et d’atteindre une certaine stabilité, même en période de changements profonds.
Envisager des alternatives
Pendant des années, les gouvernements principalement, mais aussi de nombreuses entreprises, ont manqué de prévoyance en matière d’environnement, de pollution et de déchets. Certains prétendent que la cause de cette négligence était la cupidité, mais cette explication est trop superficielle. Les entreprises, et notamment les entreprises familiales, ont compris depuis longtemps que la durabilité est nécessaire. Là où la non-durabilité est la plus pernicieuse, c’est dans les énormes programmes d’État, tels que ceux que la Chine tend à mettre en œuvre. Ceux-ci ont toujours été, et continuent d’être, désastreux. Mais Pékin est loin d’être le seul coupable. Par exemple, la politique du gouvernement allemand d’arrêter l’énergie nucléaire a conduit à une utilisation accrue du charbon et du gaz dans la production d’électricité.
Dans les systèmes qui fonctionnent bien et où la responsabilité est forte, les dirigeants – principalement les démocraties – font preuve de prévoyance et de bon sens, encouragent le débat et tentent de trouver les meilleures solutions, mais ils envisagent aussi toujours des alternatives. Dans les systèmes autocratiques, principalement ceux qui font passer la survie du régime avant le bien commun, la peur et la panique sont les instruments utilisés. Ensuite, le régime prétend apporter une solution et protéger le peuple. Ces gouvernements trouvent également utile d’effrayer leurs populations en leur faisant miroiter la possibilité d’être attaqués par un ennemi dangereux.
L’apocalypse maintenant ?
Aujourd’hui, les médias, les politiciens, les activistes, les ONG, certains scientifiques et plusieurs organisations supranationales peignent des scénarios apocalyptiques. Qu’il s’agisse du Covid, du changement climatique, du populisme ou de l’avancée des régimes autoritaires, ces personnages répandent la peur et la panique et insistent sur des solutions uniques sans tenir compte des conséquences. Les débats sont limités et les personnes ayant des opinions divergentes sont marginalisées.
Un débat solide entre des opinions disparates est toujours nécessaire. Malheureusement, les gouvernements occidentaux se sont également permis de régner sur la base de la peur – une caractéristique autoritaire.
Il est crucial de s’attaquer aux problèmes mentionnés ci-dessus – et ceux qui les mettent en lumière ont du mérite. Cependant, la manière dont ils sont utilisés pour instiller la peur et faire passer des solutions politiques singulières n’est ni productive ni digne de sociétés démocratiques libres. On ne peut pas gouverner de manière responsable par la peur, la panique et la marginalisation des opinions divergentes.
La science semble également prendre cette direction. Dans les débats d’aujourd’hui, « croyez la science » est un refrain fréquent, mais le progrès scientifique tend à se produire autant sur la base du doute que de la croyance.
Saisir les opportunités
Voilà où nous en sommes, mais nous devons garder espoir et surmonter nos petites peurs. Le Covid nous a rappelé que les épidémies peuvent survenir et faire des ravages. Nous connaissons maintenant l’importance d’une préparation prudente aux catastrophes (que les institutions publiques ont longtemps négligée) et le rôle crucial de la responsabilité personnelle pour s’en protéger. Ce dernier point est particulièrement important lorsqu’il s’agit de questions de santé.
Le monde s’efforce aujourd’hui de lutter contre la pollution et les déchets. Nous pouvons espérer obtenir une planète plus propre. Même si le changement climatique sera toujours un facteur, nous avons commencé à reconnaître ses effets. Cela nous permettra non seulement de nous adapter, mais aussi de saisir les opportunités qui en découlent. Si nous sommes d’accord pour dire que les émissions, la pollution et les déchets nocifs – y compris le plastique (un énorme problème dans l’océan Pacifique) – doivent être réduits au minimum, tous les aspects du changement climatique ne sont pas mauvais. Il sera nécessaire de garder un esprit attentif et sain.
Les nouvelles technologies, y compris dans le domaine de la biotechnologie, ouvrent d’immenses possibilités. Les secteurs de la médecine, de la santé, de la communication, de l’énergie et de la logistique font d’énormes progrès. La science fait des progrès rapides. Au cours des dernières décennies, l’espérance de vie a augmenté de façon spectaculaire. De nouvelles découvertes permettent de prévenir les maladies chroniques. Dans le domaine de l’énergie, les nouvelles technologies permettent d’accroître l’efficacité. Même la concurrence technologique que se livrent actuellement les États-Unis et la Chine – souvent considérée comme une menace – présente l’avantage d’obliger les deux parties à s’améliorer en permanence.
Depuis toujours les crises ont poussé l’homme à s’améliorer, renouveler les systèmes et rationaliser les institutions. Nous ne devons donc pas tomber dans le piège qui consiste à limiter la liberté, le développement et le débat ouvert pour obtenir une illusion de stabilité à court terme, motivée par la peur.
En suivant les paroles de l’apôtre Paul – qui ne sont pas seulement un appel aux chrétiens et aux croyants – nous pouvons regarder avec espoir vers l’avenir.
Le GIS souhaite une bonne et heureuse année 2022 aux lecteurs de l’IREF !