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L’Etat fait délibérément de l’instruction en famille un parcours du combattant

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Dans notre beau pays, l’instruction est obligatoire et c’est heureux. Mais l’école ne l’est pas car, ainsi que le précise la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 dans son article 26-3, « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »

Malgré les obstacles que l’Etat français dresse sur leur chemin, de nombreux parents font courageusement le choix de l’instruction en famille, ou IEF. Ce mode d’éducation concerne aujourd’hui environ 40 000 enfants, nombre en chute libre depuis le passage de Jean-Michel Blanquer à l’Education nationale et le vote de la loi « contre le séparatisme ». En effet, alors que l’IEF était autrefois soumise à un régime déclaratif, elle fait l’objet aujourd’hui d’un régime d’autorisation dont les critères sont très restrictifs. La conformité des dossiers est examinée au niveau départemental, les contentieux sont nombreux et finalement, ce sont les juges et leur « libre appréciation » qui  ont le dernier mot. Les refus de l’administration sont fréquents et le taux d’acceptation très variable, en fonction des départements et, sans surprise, de leur couleur politique. Notons, ce qui ne surprendra personne, que l’Allemagne nazie s’était empressée d’interdire l’instruction en famille en 1938 et que les régimes communistes y sont évidemment fermement opposés.

Meilleures performances, scolaires autant que sociales, avec l’instruction à domicile

Non content de piétiner une liberté fondamentale en la soumettant à un régime d’autorisation préalable, l’Etat refuse d’admettre que l’IEF donne de bons résultats. De nombreuses études américaines ont comparé le niveau des élèves scolarisés à domicile à celui des élèves de l’enseignement public. Elles démontrent que les premiers ont de meilleurs résultats aux tests que les seconds. Cela se vérifie à tous les stades du parcours et dans toutes les matières, quels que soient le degré d’instruction ou les revenus des parents. D’autres études évaluent les comportements  des enfants  dans la vie sociale : là aussi, les aptitudes en matière de coopération, affirmation et maîtrise de soi, empathie, sont systématiquement plus élevées chez ceux qui reçoivent une éducation à domicile (1). On ne voit pas pour quelles raisons ce qui vaut aux Etats-Unis ne vaudrait pas chez nous…

L’absurdité administrative dès les langes

L’administration étant ce qu’elle est en France, les parents  sont donc aujourd’hui tenus de faire la demande d’instruire en famille, et ce dès que l’enfant atteint l’âge de… trois ans! La grande majorité des pays, en particulier ceux qui obtiennent les meilleurs résultats aux tests internationaux PISA et TIMMS, ne font courir l’obligation d’instruction qu’à partir de l’âge de 5 ou 6 ans, estimant à juste raison qu’un enfant apprend jusque-là mille choses à la maison sans avoir besoin de suivre un programme scolaire.

Les parents qui parviennent néanmoins à franchir les multiples obstacles administratifs sont mal vus, pris en chasse par les services sociaux, contrôlés bien plus fréquemment que les enseignants dans leurs classes. Ils doivent refaire une demande chaque année, pour chaque enfant, même si tout se passe bien et que les résultats sont satisfaisants. Ces contrôles sont nécessaires pour prévenir tous les risques d’enrôlement sectaire mais là encore, l’excès frise  le non-sens : un couple ayant déjà instruit avec succès deux ou trois enfants ne se transforme pas en Thénardier modernes en un été…

Une dernière aberration

Les enfants instruits à la maison représentent une économie pour les finances publiques puisque le coût de scolarisation d’un élève à l’école oscille aujourd’hui entre 7000 et 12000 euros annuels en fonction de son âge et de ses éventuels handicaps. On pourrait s’attendre à ce que l’Etat en soit reconnaissant aux familles. C’est l’inverse qui se produit !  Les plus modestes de ces familles ne perçoivent pas l’allocation de rentrée scolaire (ARS) contrairement à celles qui inscrivent leurs enfants dans une école. (2) Elles doivent pourtant elles aussi acheter des fournitures, des manuels, procurent des tenues de sport et du matériel informatique à leurs enfants… Instruire à la maison est loin d’être gratuit. Alors pourquoi cette rupture d’égalité si vilipendée dans bien d’autres domaines ? L’Etat considèrerait-il que l’instruction à la maison est réservée aux plus aisés, ou que les familles modestes n’ont pas le bagage nécessaire pour assurer une éducation correcte à leurs enfants ?

 

  1. L’instruction en famille donne des adultes équilibrés, instruits et socialisés – Liberté éducation
  2. Sauf si elles inscrivent leurs enfants au CNED, le Centre national d’enseignement à distance

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4 commentaires

BOURTON 21 mai 2025 - 9:13 am

En tant que professeur nouvellement à la retraite, j’approuve largement cet article. J’aide une enfant de 9 ans au CM1 avec un niveau de CE1. C’est de la maltraitance vis-à-vis de cette petite car l’Etat refuse de la faire doubler et encore moins qu’on lui fasse l’école à domicile. C’est un échec programmé voulu par l’Education nationale alors qu’à domicile, elle rattraperait largement le niveau requis et serait promise à des études supérieures, son intelligence (après test) étant excellente. L’Education nationale produit énormément d’échecs pour la société de demain.

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Delerce 21 mai 2025 - 9:34 am

Madame,
Votre article est synthétique et parfaitement juste. Mère de cinq enfants, j’ai du me plier à cette loi unique pour les deux derniers à la rentrée 2024, après un recours refusé, au point d’en être encore aujourd’hui très affectée. S’il vous plaît, mettez votre article entre les mains de journaux, télévisions, personnalités politiques, pour porter ce sujet hautement symbolique sur le devant de la scène ! En effet, personne n’en parle sur les plateaux.

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Fabrice 26 mai 2025 - 3:12 pm

Quelques chiffres tombent enfin, grâce au travail obstiné des associations. Et ce qu’ils révèlent est accablant:
Certaines académies refusent systématiquement, là où d’autre signe sans regarder.

Résultat: des enfants inégaux devant la loi.

Pendant ce temps:
Les ministres mentent en séance. Et les chiffres sont volontairement dissimulés.
La DGESCO (Direction Générale de l’Enseignement Scolaire) impose des règles interne et court-circuite le Parlement.

Entre idéologie centralisatrice de l’Éducation nationale et autoritarisme gouvernemental soucieux de « restaurer la confiance » c’est tout l’équilibre démocratique qui est dévoyé.

Les familles sont humiliées, culpabilisées, harcelées, par des fonctionnaire dont le zèle du contrôle relève plus de l’idéologie que de l’intérêt de l’enfant.

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poivre 21 mai 2025 - 6:15 pm

“L’Etat considèrerait-il que l’instruction à la maison est réservée aux plus aisés, ou que les familles modestes n’ont pas le bagage nécessaire pour assurer une éducation correcte à leurs enfants ?”
C”est une évidence. Cette chronique est ahurissante !
Les familles modestes ou immigrées n’ont ni le bagage, le plus souvent, ni surtout les moyens !

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