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Les socialistes actent la mort de la social-démocratie moderne

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Congrès parti socialiste

Analyse des 100 pages des six contributions générales au congrès du Parti socialiste.

Le contexte

Six contributions générales ont été déposées le 5 avril dans la perspective du 81e congrès du Parti socialiste qui doit se tenir à Nancy du 13 au 15 juin (avril 2025, 100 pages). En voici les intitulés, par ordre alphabétique :

  • Avenir socialiste, par Paul Christophle, député élu de la Drôme ;
  • Le CÅ“ur de la Gauche, par Olivier Faure, premier secrétaire du PS et député ;
  • Pour gagner, un grand PS et une nouvelle alliance, par Hélène Geoffroy ;
  • Pour un nouveau socialisme, par Fatima Yadani, trésorière nationale du PS ;
  • Retrouvons-nous ! Refondations, par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, et Lamia El Aaraji, adjointe à la mairie de Paris ;
  • Unir, par Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Ce qui est frappant à la lecture de ces contributions, c’est leur grande unité. Certes, la contribution « Pour un nouveau socialisme » est la plus radicale, certes, seule la contribution « Unir » comporte une écriture inclusive, mais en réalité les divers documents sont largement interchangeables. Les différences se trouvent surtout dans les détails et les non-dits.

C’est sans doute ce qui explique la fusion assez rapide entre trois des contributions opposées à Olivier Faure, celles d’une proche de François Hollande, Hélène Geoffroy, de Nicolas Mayer-Rossignol et de Fatima Yadani. Car, au-delà de l’aspect programmatique, le congrès de Nancy est l’objet d’une lutte acharnée entre les partisans du premier secrétaire actuel et de ses nombreux opposants. Rappelons qu’en 2023, au congrès de Marseille, Olivier Faure l’avait emporté de peu, et non sans polémiques, sur le maire de Rouen. Derrière cette lutte se jouent l’avenir du PS et la question des alliances lors des prochaines élections. C’est bien entendu l’élection présidentielle qui cristallise les passions entre les adeptes de la continuité, à savoir l’union de toute la gauche, et ceux de la rupture, plus ou moins définitive on va le voir, avec les Insoumis. Compte tenu de la fusion des trois contributions que nous avons évoquée, Boris Vallaud se trouve dans la position du faiseur de roi… ou du futur roi.

Sus au « socialisme libéral » !

En 2002, Dominique Strauss-Kahn rejetait le qualificatif de « social-libéral », mais il se définissait comme un « réformiste social-démocrate » (Le Monde, 15 septembre 2002). Bertrand Delanoë, le maire de Paris, n’avait en revanche pas eu peur de se déclarer « socialiste et libéral » en 2008, ce qui semblait convenir à Elisabeth Guigou (Le Figaro, 3 juin 2008). Quant à François Hollande, tout en se disant « social-démocrate » puisqu’il acceptait les « compromis », il ne rejetait pas le libéralisme, mais un « libéralisme sans la brutalité » (Le Monde, 15 septembre 2016). Ces déclarations apparaissent aujourd’hui bien datées. En effet, les contributions générales de 2025 assument une « radicalité ».

La révolution de la social-démocratie

Certaines contributions se réfèrant à la notion de social-démocratie, il faut bien comprendre de quoi l’on parle. Ainsi, « Pour gagner » (p. 27) précise que « la social-démocratie n’est pas un social-libéralisme » (« Avenir socialiste » est sur la même ligne pp. 47-48). La contribution de Nicolas Mayer-Rossignol parle, elle, d’une « gauche fragilisée par le social-libéralisme » (p. 68).

En réalité, c’est la notion même de social-démocratie qui a changé de sens ou plutôt qui fait retour à son sens originel. On a tendance à oublier que le terme signifie :  socialisme démocratique, et qu’il s’agissait de parvenir au socialisme par la voie démocratique. Le débat a opposé à la fin du XIXe siècle les tenants du socialisme révolutionnaire à ceux du socialisme réformiste. Un siècle plus tard, après les déconvenues de « l’expérience » socialo-communiste de 1981 et avec le dépérissement du Parti communiste, les socialistes ont très majoritairement abandonné la phraséologie révolutionnaire pour une voie réformiste, dont Michel Rocard a été l’un des hérauts. On oublie les nationalisations à tout-va ; on accepte « l’économie de marché », mais pas « la société de marché » ; on n’entend pas s’opposer par principe à la création des richesses, mais on entend les redistribuer largement.

Sous les coups de boutoir des Insoumis, des féministes hystériques et des écologistes d’extrême gauche, les socialistes ont cru devoir verser de nouveau dans le radicalisme pour sauver leurs sièges, voire en conquérir d’autres. Il est vrai que certaines contributions parlent explicitement d’une social-démocratie, mais nous avions déjà dénoncé celle que Raphaël Glucksmann avait défendue lors des dernières élections européennes. Il s’agissait d’un programme économique et social très à gauche. Plus largement, le candidat ne se distinguait pour l’essentiel des Insoumis que par des propos policés et un refus viscéral de l’antisémitisme. D’ailleurs, il suffit de lire l’ensemble des contributions de 2025 pour constater que toutes souhaitent a minima l’union de la gauche jusqu’aux communistes et aux écologistes les plus extrémistes. Même la contribution de Nicolas Mayer-Rossignol, le grand adversaire d’Olivier Faure, n’est pas dénuée d’ambiguïté. En effet, il est indiqué que les socialistes refuseront « toute alliance politique nationale [et locale ?… ] et programmatique avec ce parti (LFI) tant qu’il n’aura pas rompu avec ces dérives pour renouer avec la gauche » (p. 69). Il ne faut pas être grand clerc pour prédire qu’en dépit de ces précautions littéraires, le PS finirait par trouver, fût-ce en se bouchant le nez, un accord avec les Insoumis.

Les mantras du socialisme sont bien présents

Nous ne pourrons qu’être bref sur le fond des contributions, mais en un mot, nous y trouvons tout ce qui fait l’essence du socialisme, repeint aux couleurs de l’écologisme anticapitaliste et du féminisme woke.

  • L’État omniprésent : « nous réaffirmons le rôle de l’Etat dans la définition des stratégies industrielles, notamment par la participation au capital des entreprises les plus stratégiques » (pp. 13-14), « l’État doit redevenir stratège » (p. 49), « l’ambition d’un Etat puissant » (pp. 24 et 26), « l’État doit retrouver une vision pour la politique énergétique » (p. 92).
  • Les dépenses multiformes : au niveau communautaire, accroissement du budget de l’Europe et émission de nouvelles dettes communes (p. 71), au niveau interne, suppression des « dogmes budgétaires restrictifs » (p. 90).
  • La fiscalité oppressive : au niveau communautaire, « création de vrais impôts sur le patrimoine des milliardaires, les Gafam, les cryptoactifs et les rachats d’actions » (p. 48), au niveau interne, accroissement de la progressivité, taxation accrue des successions, « taxation des plus-values latentes mobilières et immobilières » (p. 6), fiscalité « sur les grandes fortunes, les superprofits, les transactions financières » (p. 70).
  • La multiplication des « droits à », et nous devons reconnaître sur ce point que l’inventivité des socialistes n’est pas usurpée : bien sûr le « droit à l’emploi », le « droit à un logement abordable » (p. 6), mais aussi le « droit à une retraite en bonne santé », le « droit au bonheur » (p. 49), le « droit à l’égalité réelle » pour chaque personne handicapée (p. 74), le « droit au beau et le droit au bon dans l’assiette », le « droit des travailleurs à la moitié des sièges au sein des conseils d’administration des grandes entreprises » (p. 91), le « droit à vieillir dans la dignité » (p. 93).
  • La planification, inévitablement écologique, mais aussi les plans tous azimuts : « plan d’investissement inédit dans l’accompagnement humain des quartiers populaires » (p. 16), « plan pour éviter les coupures d’eau » (p. 73), plan agricole (p. 91), « grand plan pour le patrimoine rural », « plan d’urgence pour le handicap », « plan d’investissement massif dans les infrastructures des territoires d’Outre-mer » (p. 93), « plan contre les violences intrafamiliales » (p. 94).

Nous passerons, faute d’espace, sur les diverses interdictions et autres réglementations, la mise en place d’une « égalité réelle », la « société inclusive », le protectionnisme évidemment écologique, le lien entre écologie et féminisme sur fond de lutte contre le « patriarcat », la création de multiples services publics, à commencer par celui de la petite enfance, les « biens communs » qui pullulent, la hausse du smic, du point d’indice des fonctionnaires et des salaires des enseignants, etc.

Oui, les socialistes ont de l’humour, fût-il involontaire

Concluons par une note plus légère pour remercier nos lecteurs d’avoir supporté les élucubrations socialistes jusqu’ici. Les contributions se veulent d’un grand sérieux, mais un lecteur informé ne peut manquer d’être interloqué par certaines phrases qui dépassent la mesure. Ainsi, quand « Pour gagner » prétend : « Nous sommes une société de métissage, en réalité nous l’avons toujours été (sous Louis XIV ?…) » (p. 29). Ainsi, quand « Pour un nouveau socialisme » ose : « Le sérieux budgétaire est une notion de gauche » (p. 91). Nous préciserons que sur les 100 pages des contributions, pas une ligne n’est consacrée à une quelconque économie budgétaire. Un manque de place sans doute.

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10 commentaires

Val Guillaume 19 mai 2025 - 10:02 pm

Le socialisme, c est l inverse des 10 commandements+ 1 , aucune surprise si le vol et le mensonge figurent en bonne place de leur projets tout comme la haine et l envie .

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duriez 20 mai 2025 - 8:45 am

Il faut bien admettre que l’État chef d’entreprise est une catastrophe, que l’État social quoi qu’il en coûte une gabegie,
Que l’État quand il s’imagine être encore au temps du premier empire, ridicule. Que l’État depuis 2005 n’est plus démocrate pour deux sous. Que l’État défenseur de l’intérêt des français est aux abonnés absents. Que l’État planificateur se trompe presque à tous les coups. Que par contre l’État prolixe sans grand discernement a toujours été de gauche ou d’un centre mou mâtiné d’un discours de droite, il a désindustrialisé notre pays et a fait de son peuple un peuple de consommateurs et de travailleurs sans joie.

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Seingelt 20 mai 2025 - 10:03 am

Merci pour avoir donner de votre temps de rendre compte de ses élucubrations indigestes, j’espère que vous aviez à vos coté une bonne dose de doliprane, je n’aurais quant à moi jamais utilisé une seule de mes neurones pour ce genre de bouffonnerie.

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Boisgontier 20 mai 2025 - 2:40 pm

SVP, faites un peu attention à l’orthographe! Merci pour les lecteurs

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Jean Pierre Bariteau 20 mai 2025 - 10:28 am

Comme a écrit une dame qui a bien connu le socialisme (y compris bibliquement),Mr Feldman, merci pour ce moment de franche rigolade!

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Virgile 20 mai 2025 - 11:25 am

Bref, ils sont toujours aussi cinglés et la décadence de la France ne leur importe guère, pas plus que la prospérité des français! Leur soi disant souci des gens est en complète contradiction avec les mesures qu’ils proposent !

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Jean-Aymar de Sékonla 20 mai 2025 - 1:44 pm

Il manque une 7e contribution… qui pourrait être collective:
.Proliférer.
– S’assurer d’avoir toujours un poste d’élu , même s’il faut faire des alliances contre nature, ou une voie de garage en attendant, car nous ne savons rien faire d’autre
– S’approprier la richesse créée par ceux qui savent le faire et la redistribuer pour acheter des voix.
– Encourager la paresse pour faciliter l’assistanat, dont nous faisons la promotion, pour rendre les électeurs captifs.
– Abaisser le niveau scolaire pour avoir de futurs citoyens plus facilement manipulables.
– Recruter des membres doués d’une grande rapidité d’élocution leur permettant de débiter un maximum d’imbécilités à la minute sans que cela ne se remarque.
– Encourager l’immigration d’illettrés que nous pourrons facilement manipuler pour en faire des électeurs.
– Ne jamais avouer les 6 propositions précédentes…

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JCML 20 mai 2025 - 1:47 pm

Ça existe encore le “parti socialiste” ? Dommage !

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bouju 20 mai 2025 - 4:47 pm

Depuis 50 ans, les socialistes et toute la gauche en général, masquent le contexte économique du pays, en cachant au bon peuple qu’il ne produit pas suffisamment de richesses pour payer sa redistribution sociale la plus élevée du monde, et en lui faisant croire que seul le dépouillement de quelques « gros riches » remettrait les compteurs d’aplomb, tout en corrigeant cette inacceptable injustice et cette inégalité.
La réalité c’est que la saisie totale des biens de ces quelques riches, au demeurant les plus gros employeurs du pays et les plus profitables à l’économie, ne ferait que réduire temporairement une fraction minime de notre dette et une grande part de la croissance, les causes réelles de l’endettement (déficit budgétaire primaire du fait de la ponction sociale non financée par la croissance économique) produisant les mêmes effets.
La gauche devrait donc rechercher sans cesse via la fiscalité une nouvelle classe de « riches » à éponger pour remplacer celle qu’elle aurait réussi à faire disparaitre dans un premier temps … tout en octroyant des “droits sociaux” nouveaux au nom de la justice sociale vue de gauche.
Et ainsi de suite jusqu’à la ruine inéluctable du pays.
C’est exactement ce qui figure dans les programmes des candidats socialistes à la direction de leur secte.

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gillet 21 mai 2025 - 6:48 am

Encore une fois ,voter “socialiste” c’est pisser contre le vent.

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