C’est une longue tradition à gauche que de savoir dans les grandes occasions – de préférence lors des élections présidentielles – sortir de derrière les fagots les propositions les plus folles pour aguicher l’électeur, en tablant notamment sur la piètre culture économique du Français, qu’entretient assidument une Éducation Nationale aussi réfractaire au marché qu’à l’entreprise. Et l’on s’aperçoit, hélas, que selon le vieux dicton: « plus c’est gros, mieux cela prend »!
A tout seigneur, tout honneur, nous commencerons donc par François Mitterrand en 1981 et sa fameuse retraite pour tous à 60 ans, qui, plus sûrement qu’aucun séisme financier, a définitivement asséché les quelques réserves qu’une démographie et une croissance favorables avaient permis de constituer en faveur d’un régime de répartition constamment vacillant depuis (à l’exception bien entendu des retraites publiques, dont l’inextinguible boulimie creuse des saignées de plus en plus importantes dans le budget de l’État). Pour l’an 2000 , si nous avons certes évité le bug informatique dévastateur qu’annonçaient des nuées d’oiseaux de mauvais augure, la France n’a pourtant pas échappé à la mise en place de la fameuse RTT de Madame Aubry, dont nous ne cessons depuis de payer les annuités comme celles d’une dette perpétuelle qui, sans avoir rétabli l’emploi (le chômage endémique le prouve), handicape lourdement la compétitivité du pays et plombe durablement ses finances publiques tout en figeant l’évolution des salaires les plus modestes.
On sautera ensuite deux échéances de moindre importance, que la Gauche a d’ailleurs perdues, pour arriver au fameux discours du Bourget début 2012 d’un certain François Hollande qui, après avoir éructé sa haine de la finance et des riches, a lancé le défi stupide de l’impôt à 75%. En effet, après plusieurs avatars constitutionnels et après avoir précipité la fuite à l’étranger de plusieurs contribuables légitimement inquiets, la mesure a fini assez piteusement en quenouille, puisqu’il a fallu déporter en catastrophe la cible sur les employeurs, au lieu des titulaires des revenus originellement visés et finalement restreindre à deux ans la durée de la mesure. Certes l’annonce rapporta finalement à son auteur et sur l’air de la « Gauche à gogos » un nombre appréciable de suffrages bienvenus, mais on aurait pu croire que l’imbroglio résultant aurait amené la Gauche à se montrer plus prudente pour la fois suivante. C’était compter sans son insolente obstination dans l’erreur qui fait de la France le dernier conservatoire occidental des thèses marxistes les plus éculées, résolument à l’écart du bon sens, de l’expérience, de l’économie et de l’efficacité.
C’est ainsi que nous avons le droit pour cette échéance 2017 à un véritable feu d’artifice. On a assisté d’abord à une attaque en règle de la propriété foncière qui fleurait bon son fameux « La propriété, c’est le vol ». En effet les propriétaires ayant l’incroyable prétention d’oser d’habiter leur propre logement se voient accuser d’économiser injustement le loyer ordinairement exigé du locataire qui habite chez autrui. Certes, comme beaucoup d’autres, mais en étant les seuls à dépister et à dénoncer, dans les colonnes de l’IREF, l’erreur grossière de calcul de France-Stratégie, nous avons longuement fait justice de cette accusation insensée. A notre grande satisfaction, elle commence quand même à pâlir, vu la vigueur de l’opposition rencontrée au sein d’une grande majorité de Français qui refusent de prendre des vessies pour des lanternes. Mais qu’importe! Jamais à court d’idées pour piller le contribuable, voilà que Monsieur Hamon brandit victorieusement le vieux serpent de mer du revenu universel: bailler chaque mois dés la naissance une somme de € 800 (face aux critiques, il a baissé ensuite quelque peu ce montant et restreint provisoirement au moins le périmètre des bénéficiaires) à chaque Français sans exiger la moindre contrepartie, ni condition de ressources. Le problème, comme de bien entendu et presque toujours avec la gauche, c’est que rien de sérieux n’est prévu pour financer cette super-prestation, dont on voit mal d’ailleurs comment avec son sens superlatif de la dépense, elle réussirait à la cantonner aux seuls Français . Or déduction faite de quelques autres aides qu’elle remplacerait, le coût annuel de la réforme se situerait selon la plupart des estimations entre 350 et 450 milliards d’euros, soit tout simplement le quasi-doublement du budget annuel de l’État ou l’accroissement d’un quart ou d’un tiers de la dépense publique totale, alors déjà que notre taux de prélèvement obligatoire est l’un des plus élevés du monde et que notre dette publique talonne ou dépasse notre PIB, même quand les haruspices gouvernementaux s’extasient béatement devant l’alignement des planètes.
Finalement, on s’aperçoit ainsi que sur la plupart des dernières campagnes présidentielles, l’objectif visé par la Gauche n’est pas d’apporter aux débats le sérieux de réformes constructives et utiles au pays, mûrement réfléchies et préparées. Tout au contraire, dans une sorte de poker menteur, il s’agit simplement de miser sur l’effet de surprise, de « tétaniser » en quelque sorte la contradiction, pour créer chez les rivaux, les adversaires et in fine l’électeur le « buzz », l’étourdissement, l’affolement, l’agitation nécessaires pour qu’ils répudient provisoirement – le temps de l’élection – toute logique et tout sens critique. C’est bien entendu ensuite que les ennuis commencent. En 2012, ils se sont même présentés tout de suite, contraignant le Président à une promesse en matière d’emplois qui fut la risée de tout son quinquennat, avant de précipiter in fine son juste renoncement. Or aujourd’hui les Français n’ont plus aucune excuse, car ils ont payé – et ils ont payé cher – pour savoir que les gens qui prétendent raser gratis ne se contentent jamais des toisons qu’ils recueillent.