Tous les candidats pensent qu’une nouvelle fiscalité peut relancer l’économie. Ils la veulent plus progressive, pour accroître les recettes et financer les entreprises avec l’argent public. Ces mesures illusoires, inspirées par le constructivisme, doctrine qui fait des hommes d’Etat les bâtisseurs d’une société riche et heureuse, sont dénoncées par l’IREF.
La campagne présidentielle est l’occasion d’une surenchère permanente entre tous les candidats et particulièrement entre les deux plus importants, notamment en matière fiscale. C’est que chacun croyant que la politique peut façonner la société, chaque homme politique se prend pour un grand horloger, un nouveau maître du monde. Le constructivisme, cette idée que l’homme peut construire entièrement son univers, est devenu une maladie commune. Il faut souhaiter que tous n’en meurent pas, mais assurément tous en sont atteints.
Les apprentis sorciers de la fiscalité
Dans ce jeu de construction, la fiscalité est l’outil de prédilection. En manipulant les taux et les seuils, en instituant de nouveaux impôts, en jouant avec les pénalités et les crédits, en supprimant des niches et en en créant d’autres… les candidats veulent façonner les comportements, fixer le niveau de vie de chacun, et finalement se font apprentis sorciers.
Ils veulent réduire les charges des bas salaires et limiter les salaires les plus élevés en multipliant des taux plus bas pour les uns et plus élevés pour les autres. Bayrou imagine un nouveau « crédit d’impôt innovation » et envisage que les PME de moins de 50 salariés puissent avoir droit à un emploi sans charge pendant 2 ans. Tous s’engagent dans la voie d’un nouveau souverainisme économique. Sarkozy reprend la vieille antienne d’une politique qui ne veut pas favoriser les consommateurs au détriment des producteurs. Mélenchon veut mettre en place des « visas écologiques et sociaux sur les importations ». Hollande orientera, s’il est élu, les financements et les aides publiques vers les entreprises qui investissent en France et demandera à celles qui délocalisent de rembourser les aides publiques reçues.
L’argent public : le roi est nu
Tous pensent également qu’en déversant de l’argent public, tout s’arrangera : Sarkozy veut une Banque de l’Industrie, Hollande une banque publique d’investissement dotée de 20 milliards de capitaux propres ; Mélenchon espère tout de Pôles publics de l’industrie installés au niveau régional ; Bayrou entend mobiliser l’épargne avec un « livret industrie » qui pourrait alimenter des « banques d’économie mixte décentralisées de soutien aux PME » ; Eva Joly opte pour des fonds régionaux « éthiques » et suggère que les actionnaires soient obligés de mettre en vente un site qu’ils ferment pour favoriser la reprise prioritairement par les salariés ; Marine Le Pen veut s’appuyer sur une banque publique de financement des PME/PMI et instituer un crédit d’impôt en faveur des entreprises innovantes maintenant leurs centres de recherche et développement en France. Tous ne pensent qu’à dilapider l’argent des contribuables, ils croient que la société peut être guérie de tous ses maux en la couvrant d’un argent volé. Ils font roi l’argent public en même temps qu’ils dénoncent l’argent roi des capitaines d’industrie.
Les ratés ne vous rateront pas
En voulant taxer les revenus élevés à 75%, le candidat socialiste reconnaît que le rendement fiscal en sera nul, voire négatif. En effet, il en coûtera cher au budget de l’Etat quand se retireront de l’économie, totalement ou partiellement, ceux qui en sont les acteurs les plus dynamiques, les plus entreprenants. Mais le candidat socialiste veut instituer cette mesure par souci moral, dit-il, par patriotisme, pour pénaliser la richesse pour la richesse, quand bien même cela augmenterait la pauvreté générale. Il en fait une « question de justice », comme si la justice consistait à égaliser les Français, et à violer la propriété. En proposant d’imposer les français exilés sur l’ensemble de leurs actifs, le candidat président sait que cela ne rapportera guère et sera contre productif, mais il s’agit de satisfaire la plèbe, de lui offrir sa revanche sur ceux qui ont réussi et sont partis, de punir ceux qui n’ont pas accepté de se soumettre. « Les ratés ne vont rateront pas », disait Céline.
En fait, la multiplication de ces mesures ne manquera pas d’entraver l’économie au lieu de la relancer. Les mesures étatiques n’ont en définitive guère d’incidence sur la réalité sinon pour la détruire. Ce n’est pas l’Etat qui est capable de créer de la richesse, mais les agents privés de l’économie.
Contre le constructivisme et l’Impôt Providence
Jacques Garello qui milite depuis toujours contre ce constructivisme constate dans une de ses dernières livraisons de sa lettre hebdomadaire que « c’est en se libérant de l’obsession du pouvoir que la civilisation a pu progresser. L’Europe a ouvert l’ère du développement en laissant s’exprimer le marchand, l’entrepreneur, le banquier. Elle a rechuté quand la politique et l’idéologie ont repris le dessus…. ». C’est une bonne occasion pour recommander le plus vivement possible de s’abonner à cette Nouvelle Lettre hebdomadaire (60€ par an, ALEPS, BP 80026, 13545 Aix en Provence Cedex 4).
Collabore d’ailleurs aussi régulièrement à cette Lettre Jean-Yves Naudet qui soutient à juste titre que … « l’impôt est légitime si l’Etat ne se prend pas pour Dieu, c’est-à-dire pour la Providence… » (La doctrine sociale de l’Eglise, p.295). Il rappelle encore que les politiques, souvent poussés par une présomption fatale,…pensent qu’eux seuls peuvent moraliser le système par une plus grande régulation, comme si on pouvait réguler le comportement de chacun, alors que comme l’avait dit Thomas d’Aquin, « la loi ne peut réprimer tout le mal qu’il y a dans le monde » (p.8).
L’illusion du pouvoir est le danger de la politique qui méconnaît ses limites. Les hommes d’Etat ne devraient s’occuper que de l’Etat, c’est-à-dire des tâches régaliennes de l’Etat et laisser chacun développer ses affaires dans le respect de lois moins nombreuses et plus fortes. La société serait plus dynamique et tous seraient plus riches.
7 commentaires
Un système Soviétique
Remarquable article. Merci Monsieur J. Ph. DELSOL.
Je reproduis ci-après une Déclaration d’Abraham Lincoln, Président des États-Unis d’Amérique, au Congrès en 1860 :
Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne.
Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort.
Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous gagnez.
Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant à leur place ce qu’ils devraient faire eux-mêmes.
Bravo pour cette citation d’Abe
Je signe des deux mains, et si jétais Vichnou, je signerais de toutes mes mains.
Je vais renoter cette citation que j’avais perdue.
Merci
Je réponds à tous les commentaires unanimement favorables à mon dernier article. Oui il faut revenir à un Etat minimum, dans son rôle pour assurer la sécurité et protéger la propriété sans lesquelles il n’y a pas de liberté. Pour ce faire, la flat tax est une bonne solution.
Continuons à en parler et à convaincre car aucune parole n’est vaine.
Bien dit !
Ras le bol de cette course à la fiscalité pour punir ceux qui génèrent des richesses, en suant sang et eau, dans un pays dont l’Administration les hait.
Donnez 1 euro à l’un de ces entrepreneurs et il vous en rendra 2, en moins de temps qu’il n’en faut à un énarque pour pondre une nouvelle taxe. Donnez 1 euro à l’Etat et il vous en réclamera un second. Pardon : il enverra les gendarmes sonner à votre porte pour vous le piquer.
Quand vous serez dépouillé, l’Etat ira faire les poches de votre voisin, lequel se régalait de votre chute. Mais comme vous êtes devenu pauvre, il en doit désormais autant que vous aux impôts.
Toujours les mêmes recettes !
Ces vielles recettes ont démontré qu’elles nous enfonçaient plutôt qu’elle redressait le Pays ! Il est temps d’adopter, enfin, des méthodes différentes qui passe par la libéralisation de notre économie!
Toujours les mêmes recettes !
Ces vielles recettes ont démontré qu’elles nous enfonçaient plutôt qu’elle redressait le Pays ! Il est temps d’adopter, enfin, des méthodes différentes qui passe par la libéralisation de notre économie!
Appel au bon sens !
L’état est le plus mauvais gestionnaire du monde…l’état n’a pas besoin d’inventer, de travailler de se « défoncer » comme le secteur privé, il se contente de mettre en place, tous les jours, de nouvelles règles « imbéciles » destinées à paralyser l’économie, règles qu’il impose à nos compatriotes en leur demandant de toujours payer la note, un peu plus chaque jour….. comble du comble, l’état ne rend jamais aucun compte, comme une entreprise, ou une famille, de l’argent qu’il ponctionne sur le secteur privé.
Il est très facile de faire n’importe quoi avec de l’argent qui ne vous appartient pas avec la certitude de n’avoir jamais à fournir la moindre explication…!
Il décide, vous exécutez..! sans « broncher »….!?
Il faudrait que certains de nos compatriotes comprennent que l’état ne nous protège pas mais conduit le secteur privé à la faillite.
Or, sans le secteur privé, l’état est mort.