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L’économie innovante n’a pas besoin de BPI France 

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BPI France (Banque publique d’investissement) a été conçue comme un outil destiné à remplacer partiellement le secteur privé pour le financement des entreprises, ce qui, s’agissant des nouvelles technologies par exemple, ne produit pas les résultats escomptés. Elle est également incapable de fonctionner comme une banque classique, puisqu’il ne peut se passer du soutien de l’État et évoluer en toute autonomie.

L’organisme public a été créé en 2012 par le regroupement des activités d’OSEO, du Fonds stratégique d’investissement et de la CDC (Caisses des dépôts et consignations) entreprises. Depuis sa réorganisation en 2020, il est doté du statut d’établissement de crédit avec deux actionnaires principaux : l’État, via « l’établissement public industriel et commercial BPI France », et la CDC.

Un fonctionnement opaque et structurellement dépendant de l’État

Comme le dénonce la Cour des comptes, le fonctionnement de BPI France est complexe et facilite pas le traçage des mouvements de fonds entre les différents acteurs publics. Jusqu’à l’année dernière, aucun document budgétaire spécifique n’en faisait état, un « jaune » lui étant consacré uniquement depuis cette date.

L’absence de comptes consolidés rend également peu lisible les rôles respectifs de l’Etat et de la CDC : une opacité qui tranche avec les exigences de transparence, bien naturelles, auxquelles l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) soumet les banques privées.

Les opérations de BPI France ne lui permettent pas d’être indépendante : bien qu’elle soit rentable et verse des dividendes à ses actionnaires publics, elle demeure incapable de financer sa montée en puissance. Il s’agit, toutefois, d’une forme de cache-sexe : l’EPIC BPI France a reçu 943 M€ de dividendes entre 2016 et 2021 mais seulement 438 M€ ont été effectivement reversés à l’État, le reste étant réinjecté dans BPI France. Dans le même temps, l’État et la CDC devaient injecter 760 M€ de dotations en provenance de leur budget pour la soutenir financièrement.

Les charges d’exploitation de l’opérateur public ont, en outre, augmenté de 60 % pendant la même période et ses effectifs de 50 %, posant la question de la rationalité de leur emploi qui avait déjà été pointée du doigt par la Cour des comptes en 2016.

Schématiquement, les deux activités principales du groupe sont l’octroi ou la garantie de crédit aux TPE/PME et l’investissement dans des entreprises innovantes. Depuis 2012, l’encours total des crédits a augmenté de 50 % pour atteindre 18,7 Mds€ dont 10,7 Mds€ appelés « garanties de places » et destinés à soutenir la création, la transmission, le développement ou le renforcement de la trésorerie des entreprises. Cette activité de garantie est structurellement déficitaire et a coûté 560 M€ couverts par l’État entre 2016 et 2021.

Si, grâce à sa branche investissement, le groupe demeure rentable aux alentours de 4 % en moyenne pendant la même période, et d’environ 3 % en 2020 et 2021, cette rentabilité est à mettre en perspective avec celle des grandes banques tricolores dont la ROE (Return on equity, c’est-à-dire la rentabilité sur capitaux propres) a dépassé 5,5 % les mêmes années et ce malgré la crise sanitaire.

Les performances détaillées des fonds demeurent également assez floues, les « TRI » (taux de rentabilité annuelle capitalisée) et les multiples de sortie (valeur de cession des participations comparée à la valeur d’acquisition) n’étant pas rendus publics à l’inverse de ce qui est pratiqué dans le secteur privé.

Connaissant la soif de communication de la direction générale de BPI France, qui n’hésite jamais à prendre la lumière, voire à organiser chaque année des foires spectaculaires et spectaculairement coûteuses, il est troublant de voir que ces données restent tues.

Une banque publique qui ne parvient pas à se substituer au secteur privé s’agissant du financement de l’innovation

Comme nous l’avons déjà démontré dans le passé, le modèle hexagonal de financement des start-ups est très loin d’être satisfaisant et souffre notamment du manque de Business Angels capables d’investir dans des projets en démarrage ainsi que dans des fonds dirigés vers le capital-risque.

Paul Midy, député de l’Essonne, a récemment rendu un rapport sur le financement des start-up. Ancien directeur général d’En Marche, Paul Midy est notoirement favorable à la logique britannique en la matière et dispose des réseaux nécessaires pour faire porter sa voix, donnant des raisons d’espérer un dénouement favorable de la situation sur ce point précis.

Ce rapport montre notamment l’échec du modèle français comparé à son homologue d’outre-manche : en 2022, l’Hexagone disposait, par exemple, de 30 licornes contre 122 au Royaume-Uni. La levée de fonds des startups, 13,5 Mds€, demeurait, de même, largement inférieure aux 30,5 Mds€ récoltés en Grande-Bretagne.

Depuis 2012, grâce au Seed Enterprise Investment Scheme (SEIS)[1], un investissement d’au maximum 250 000£ dans une startup permet de bénéficier d’une réduction d’impôts égale à 50 % de la somme engagée ainsi que d’une taxe sur les plus-values diminuée de moitié. Le parti-pris britannique est donc de faire confiance aux entrepreneurs en leur accordant des facilités fiscales pour les inciter à intervenir sur ce segment risqué de l’économie.

D’une manière générale, l’État gagnerait à se concentrer sur le financement des entreprises de certains secteurs de souveraineté, vitaux pour notre pays, comme la défense, le nucléaire ou les technologies de santé, sans avoir besoin d’un opérateur aussi puissant et sans financer les canards boiteux (avec les PGE par exemple, que BPI France a partiellement pris en charge). C’est l’outil fiscal qui doit être privilégié dans l’idée de donner un grand bol d’air frais à nos entrepreneurs et mettre en valeur l’initiative individuelle.

S’agissant de l’accès des startups aux capitaux privés, notre pays souffre également, du fait de son système de retraite par répartition, de l’absence de fonds de pensions nationaux et d’acteurs du financement du capital-risque, les pouvoirs publics préférant guider l’épargne de notre vielle nation paysanne et économe vers les livrets A destinés notamment à investir dans la construction de logements sociaux.

Au-delà de ces considérations, il faudrait aussi s’interroger sur la pertinence d’une implication de l’État dans la promotion de l’innovation, que ce soit par le financement ou par les allègements fiscaux. La vraie question de fond est de savoir qui est le mieux placer pour prendre ces décisions ? Des fonctionnaires de l’État ou des investisseurs privés qui risquent leur propre capital et ont tout intérêt à faire les bons choix ? Il est temps de remettre en cause les mythes de l’État entrepreneur et de l’État investisseur. Le rôle premier de l’État est de laisser les gens faire leur travail et de ne pas confisquer les fruits de leurs efforts et de leurs prises de risque.


[1] L’Enterprise Investment Scheme (EIS), permet également de bénéficier d’une réduction d’impôts de 30 % avec un montant investi plafonné à 1 M£, les deux mécanismes sont utilisables en fonction de critères différents appliqués à l’entreprise ciblée.

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4 commentaires

Koris 8 novembre 2023 - 8:31 am

Au lieu d’une réduction d’impôt, est ce qu’on ne pourrait pas envisager une fiscalité simple et unique (comme une TVA) et laisser les gens faire ce qu’ils veulent du reste de leur argent, sans exonération possible?

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BYL 8 novembre 2023 - 9:47 am

Encore une fois l’état se mêle tout et s’en mêle les pinceaux.
Les particuliers et le secteur privé détiennent 75 % des richesses de la France. Pourquoi ne pas utiliser des fonds de pension pour irriguer l’économie ? Le livret A est bien l’épargne du « pauvre » grâce à l’état qui prône cette épargne pour financer le logement social. Et il y aurait bien à dire sur le logement social. Les structures et produits des HLM ont été crée après la 2é guerre mondiale. le marché du logement a bien changé. L’état NON !!!!

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Almaviva 8 novembre 2023 - 10:16 am

Cette BPI était et continue à être quasiment inutile ! Il existe des ban blues privées qui savent comment financer les fameuse « jeunes pousses » . Encore un. machin étatique qui permet à certains de s’enrichir !!

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Laurent46 8 novembre 2023 - 10:25 am

Nouvelle structure qui n’a été faite que pour trouver des places à quelques « élites » moi je dirais salopards et pour camoufler les Dettes publiques abyssales

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