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Le courageux budget anglais

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Le gouvernement britannique s’impose la rigueur, mais en même temps allège les charges fiscales sur les entreprises. D’après Maître Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, c’est un retour salutaire à « l’économie de l’offre » de Reagan et Thatcher .

L’économie anglaise ne connaît pas encore la reprise, loin de là. L’inflation se fait inquiétante avec une augmentation de 4,4% en février 2011 par rapport à février 2010, alors que le budget prévoyait 2% sur l’année. Les besoins d’emprunt du budget n’ont jamais été si élevés en février, avec 11,8 Mi £, même si depuis lors les chiffres s’améliorent. Le revenu des ménages semble avoir chuté de 1,6 sur la période 2008/2011. La croissance annoncée pour 2011 a été révisée à la baisse de 2,1% à 1,7%.

Redressement des finances publiques

Néanmoins, le gouvernement anglais tient bon sur sa ligne de campagne. Il veut absolument réduire le déficit public pour le ramener de 11,1% du PIB en 2009/2010 à 7,9% en 2011/2012 et 4,1% en 2013/2014. Il sait que le redressement des finances publiques, qu’il a trouvées dans un état catastrophique après 13 ans de travaillisme, prend du temps et exige beaucoup de courage. Le revenu des ménages anglais avait aussi plongé dans les 3 années suivant l’élection de Margaret Thatcher en mai 1979.

David Cameron, ce fils gâté de famille comblée dont la campagne électorale avait pu laisser présumer un certain amateurisme doublé d’une approche par trop consensuelle pour être efficace, a finalement démontré une détermination certaine et une véritable originalité dans son programme de réhabilitation de la société civile et de réappropriation de la politique par celle-ci. Au plan économique et avec son ministre des finances, George Osborne, ils ont, sans ambigüité, fait le choix d’une économie de l’offre (supply side) renouant avec la ligne gagnante de Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

Le budget présenté ce 23 mars par le Chancelier de l’Echiquier stipule quelques mesures en faveur des particuliers avec un relèvement du seuil individuel d’imposition de 7 475 à 8 105£, un gel de la hausse de la taxe sur le carburant, des exemptions des droits de succession à concurrence des dons aux associations, une réduction d’impôt pour les acquéreurs de constructions nouvelles… Malheureusement il prévoit de taxer davantage les plus riches et les étrangers « résidents » pour satisfaire à la doxa publique.

Allégement de la fiscalité des entreprises

Mais pour l’essentiel, ce budget tend à favoriser les entreprises avec une réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés de 2%, de 28 à 26%, qui se poursuivra avec une baisse de 1% par an jusqu’à 2014 pour atteindre 23%, soit 11% de moins qu’en France et le taux le plus bas du G7. Certes, les banques ne bénéficieront pas de cet avantage, mais les sociétés financières seront taxées en 2014 au taux limité de 5,75%, soit le quart du taux normal d’impôt sur les sociétés. Le Ministre a promis de réformer la fiscalité des profits réalisés à l’étranger pour améliorer la compétitivité des entreprises anglaises. Il souhaite que l’Angleterre se fixe comme objectif « d’avoir le système fiscal le plus compétitif du G20, d’être le pays où il est le plus facile de lancer une entreprise, de rééquilibrer son économie et d’avoir les salariés les mieux éduqués et les plus souples en Europe ».

Pour y parvenir, la réforme engagée veut supprimer de nombreuses contraintes qui pèsent, souvent excessivement, sur les petites entreprises, par exemple en matière de règles de sécurité et d’hygiène. Ce budget supprime 43 « niches », il simplifie, dit le Chancelier de l’Echiquier, de 100 pages le Code fiscal britannique. Il modifie encore le régime des « non domiciliés », mais le ministre s’est engagé à ce que ce nouveau régime ne bouge plus jusqu’en 2015. Il a aussi convenu que sauf nécessité et exception, les lois ne devraient plus être rétroactives.

Globalement, ce budget marque une orientation qui devrait permettre à l’économie de retrouver la voie de la croissance, au profit de tous les anglais, sous réserve bien sûr que la situation internationale n’y vienne pas jeter de troubles majeurs et que la situation sociale intérieure soit contenue. Pour gagner ce pari, il faut du temps : après les réformes de baisse d’impôt de Reagan, la loi de Laffer n’avait pas montré ses effets avant un an et chacun sait que les Américains sont plus réactifs que les Européens, même les Anglais. Les Londoniens ont défilé contre ces réformes et particulièrement contre les réductions drastiques de dépenses publiques que le gouvernement met en œuvre par ailleurs. David Cameron espère sans doute, comme Nicolas Sarkozy auquel il s’est associé pour l’occasion, que le déploiement en Lybie puisse jouer le rôle des Malouines pour Margaret Thatcher en 1982, cette guerre nationale qui lui permit sa réélection un an plus tard. Mais la Lybie n’est pas une île perdue de l’Atlantique et elle n’appartient ni à la France ni à l’Angleterre !

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6 commentaires

Anonyme 31 mars 2011 - 12:16

Concernant le « gel de la hausse de la taxe sur le carburant »
Celui-ci, ainsi que la baisse ponctuelle de cette taxe, s’accompagne d’une augmentation parallèle de la taxe sur les compagnies pétrolières. C’est bien sûr de la démagogie : les compagnies pétrolières répercuteront cette taxe sur le prix à la pompe. À moins que le gouvernement britannique ne gèle le prix par décret, comme le proposent en France les socialistes, mesure peu libérale…

PS : il ne s’agit pas de l’Angleterre, de la Grande-Bretagne et des Anglais, mais du Royaume-Uni et des Britanniques.

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Anonyme 10 avril 2011 - 8:41

Je suis d’accord avec
Je suis d’accord avec vous

Jean-Philippe Delsol

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Anonyme 1 avril 2011 - 1:08

ils ont TOUT FAUX !
baisser les taxes sur les entreprises ? pour augmenter les impôts du peuple,comme l’Irlande ? c’est scandaleux, ils n’ont rien compris ! le libéralisme est la cause de la crise mondiale !

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Anonyme 2 avril 2011 - 7:32

Non, le libéralisme n’est pas la cause de la crise mondiale
Yves-Marie Laulan recevait Philippe Nemo, philosophe, et Roman Bernard, le mercredi 16 février 2011 dans le cadre de son Libre journal. Le thème de l’émission : «Le libéralisme a-t-il encore un sens aujourd’hui?». Pour écouter l’émission, cliquer ici : http://www.lecri.fr/2011/02/23/%C2%AB-le-liberalisme-a-t-il-encore-un-sens-aujourdhui-%C2%BB/22152 .

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Anonyme 1 avril 2011 - 5:45

L’exemple du COURAGE
Bonjour,

Excellent article… Notre Président ne devait-il pas réformer la FRANCE DÈS le lendemain de son élection..?

Rien n’a été fait sur le fond et il faut que les Français comprennent bien que les réformes en profondeur ne pourront être évitées.

L’on ne peut gommer d’un trait de plume plus de 30 années d’incompétences et d’irresponsabilités.

Notre Pays est en faillite et il faut baisser massivement les dépenses publiques et ne surtout pas augmenter les prélèvements.

Nous sommes déjà les champions…!

Il faut simplement du courage.

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Anonyme 10 avril 2011 - 8:42

Nous partageons donc le même
Nous partageons donc le même point de vue. Merci de votre encouragement.

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