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La corrida est instrumentalisée par les animalistes

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A Paris, Anne Hidalgo ferme le marché aux oiseaux au nom du bien-être animal. Au même prétexte les Insoumis ont essayé de faire interdire la corrida. Cette ancienne pratique espagnole est un spectacle qui a sa beauté autant que sa grandeur dans son enjeu anachronique et presque chevaleresque qui n’est rien moins que la vie du toréador ou du taureau. Certes, le jeu peut paraître bestial. Il a été interdit en certains lieux et places au regard du risque inutile qu’encoure le matador ou de la cruauté à l’égard du taureau.

La corrida a pourtant été intégrée au patrimoine culturel immatériel français en 2011. La même année, elle a été déclarée « Bien d’intérêt culturel » au Pérou et en 2013 en Espagne. Cette reconnaissance est celle de traditions qui caractérisent certaines régions. A certains égards, ce spectacle est moins, pour les hommes qui l’apprécient, le moyen d’afficher la supériorité humaine que celui de reconnaître dans le taureau un adversaire sérieux. L’homme y place l’animal à sa hauteur dans cette lutte singulière, même si on connaît plus de vieux matadors que de vieux taureaux de corrida.

L’égalitarisme animalier

Les adversaires de la corrida lui reprochent la mise à mort de la bête. Mais il s’agit plutôt pour beaucoup d’entre eux d’instrumentaliser ces jeux taurins dans leur lutte antispéciste qui prétend mettre sur un pied d’égalité l’homme et l’animal. Ainsi de Peter Singer qui parle d’animaux humains ou non humains pour ne marquer qu’une différence accessoire entre les uns et les autres.

Cet animalisme n’est d’ailleurs qu’une face de l’égalitarisme et du grand retour du panthésime qui voudrait dissoudre l’homme dans la nature, abaisser sa spécificité à celle qui existe entre les animaux. Il participe de la destruction de notre civilisation, du passé et de l’homme lui-même réduit à sa portion animale. Parmi d’autres nombreux exemples, la biennale d’art contemporain de Lyon en 2022, ouverte jusqu’au 31 décembre, en témoigne en présentant, dans l’ancien musée Guillemet ou ailleurs, de soi-disant artistes qui interrogent « le concept d’intelligence considéré à tort comme une spécificité humaine » ou dont le but est de « mettre en avant la proximité entre la condition humaine et celle des autres espèces ». A l’instar de Rousseau qui déjà observait, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, que ceux-ci étaient « naturellement aussi égaux entre eux que l’étaient les animaux de chaque espèce ». Ce qui lui valut, le 30 août 1755, une réponse de  Voltaire auquel il avait envoyé son ouvrage : « J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie…On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre Bêtes. »

Car l’homme n’est pas un animal

L’homme est plus qu’un animal rationnel. Il est le seul être vivant porteur, peu ou prou, d’une inquiétude transcendantale. Il s’interroge sur lui-même, sur la possibilité ou la nécessité d’un créateur de l’univers ; il s’inquiète de savoir ce qu’il y a après la mort, ne serait-ce que pour conclure éventuellement qu’il n’y a peut-être rien. Il est le seul capable de gratuité et, s’il l’accueille, susceptible de connaître la grâce. Il est singulier et le seul à imaginer ce que sont des valeurs qui peuvent guider la vie et seul il peut les partager. Les animaux n’ont que des instincts et des besoins. L’homme se reconnaît des devoirs, ce qui justifie qu’il prétende à des droits et soit capable de respecter ceux des autres hommes dans l’idée que certains de ces droits sont universels. Il peut s’imposer à lui-même des devoirs à l’égard des animaux, par exemple s’interdire toute cruauté inutile (article 521-1 du Code pénal français), voire à l’égard de la nature que la raison lui dicte de préserver au mieux dans l’intérêt même de l’humanité présente et à venir. Mais quand il s’oblige ainsi, ce n’est pas parce que les animaux ou la nature auraient des droits, c’est parce que l’homme, à l’inverse de l’animal, est capable de responsabilité universelle.

Il n’y a pas de droit sans conscience, ou conscience possible, des droits qu’on a et de leur réciprocité. Les droits des hommes conscients ne peuvent ainsi être que des « droits de », des droits donnant à ceux qui peuvent les exercer la liberté de le faire. Les « droits à », ou droits créance, ne peuvent être accordés qu’à ceux qui, potentiellement ou naturellement appelés au bénéfice de la dignité qu’exige leur nature humaine, ne sont pas capables d’exercer ces droits pleinement par eux-mêmes eu égard à leur âge ou leur déficience. Incapables de réciprocité et d’assistance sinon dans un certain instinct de fidélité ou de reconnaissance, les animaux n’ont pas de droits. S’il était accordé un droit à la vie aux animaux, ils en mourraient tant il est vrai que pour beaucoup d’entre eux, ils vivent dans la nature en se dévorant les uns les autres. Il faudrait alors choisir entre le droit à la vie du loup et celui de l’agneau, entre celui du renard et celui de la poule.

C’est précisément la grandeur de l’homme, que n’a pas l’animal, de penser le bien de l’autre.  Ce qui d’ailleurs peut permettre de justifier l’interdiction de la corrida le cas échéant, autant que de la préserver en considérant que l’animal participe avec la nature toute entière à l’édification de l’homme à laquelle les jeux tauriques –presque un art – peuvent être contributifs pour certaines populations ressourcées à cette tradition. « Ayons donc la franchise d’assumer notre égoïsme, conclut le professeur au collège de France Alain Prochiantz dans son ouvrage Singe toi-même, puisque de toute façon, la nature s’est débrouillée avant nous et n’a pas besoin de nous pour poursuivre son évolution aveugle, sans fin et sans finalité, sinon la fin calculée des astrophysiciens ».

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6 commentaires

Guillot 5 décembre 2022 - 7:39 am

Merci pour cet article bref mais d’autant plus utile qu’il pose la spécificité de l’homme conscience par rapport aux animaux qui, à la différence des premiers, n’ayant pas inventé l’outil, sont restés à l’état de nature.
A suivre ces animalistes et pour faire court, fermons les haras, interdisons les courses de chevaux, supprimons l’élevage des poules, vaches, ovins et autres, détruisons les cages aux oiseaux, interdisons les animaux de compagnie et inversons un peu les choses en enfermant les animalistes dans la nature pour être confrontés au monde animal, sans l’outil, question d’égalité bien sûr. Beau programme, non ?

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Michel Giraud 5 décembre 2022 - 8:53 am

La présentation de la biennale d’art contemporain a lieu dans l’ancien musée Guimet (et non « Guillemet »),

« Le musée Guimet a été fondé par Émile Guimet – industriel, chimiste, philanthrope et expert amateur de l’histoire des religions – au retour d’un voyage en Extrême-Orient. Inauguré en 1879, le bâtiment de l’architecte Jules Chatron met en valeur la collection d’art personnelle de Guimet et abrite une bibliothèque ainsi qu’un institut de recherche et d’enseignement. Le projet ne suscite cependant que peu d’intérêt de la part des étudiants ou de la ville de Lyon, ce qui incite Guimet à transférer sa collection dans un nouveau lieu, construit à l’identique, à Paris.
Transformé en brasserie, en théâtre, puis en patinoire, le bâtiment lyonnais est finalement acquis par la Ville de Lyon, qui y transfère en 1913 les collections municipales du muséum d’histoire naturelle. Le musée ferme définitivement en 2007 et demeure depuis inexploité. En 2014, ses collections sont transférées au musée des Confluences, conçu par Coop Himmelb(l)au. Les périodes de prospérité et de déclin de ce musée et de son bâtiment abandonné incarnent des cycles de fragilité et de résistance qui font écho aux thèmes centraux de la 16e Biennale de Lyon. »

Comme l’indique la dernière phrase de ce résumé, ce lieu a été détourné de sa destination originelle au profit de lubies contemporaines.
Le musée Guimet de Paris est resté fidèle au projet de son créateur.

https://www.labiennaledelyon.com/fr/lieux/guimet
https://www.guimet.fr/

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Boisgontier 5 décembre 2022 - 10:14 am

En dehors de la nature de l’Homme et de celle des animaux qui peut être discutée presque à l’infini (car on est loin de tout connaître sur les animaux lesquels aussi ont leurs codes de vue), la corrida reste une véritable boucherie au cours de laquelle le taureau est littéralement massacré pour le plaisir sanguinaire d’une foule qui aime à déverser par toréador interposé la hargne qu’elle ne peut guère assouvir dans la vie quotidienne. Que les fanatiques de corrida aillent donc combattre au côté des Ukrainiens contre les bouchers de Wagner. Là, j’applaudirai. Sachez quand même qu’autrefois, la corrida était un exercice sportif et d’entraînement à se battre au cours duquel le taurzau n’était pas martyrisé ni mis à mort comme il l’est aujourd’hui. Goya en a d’ailleurs réalisé nombre de dessins.
J’ai été étudiant à Madrid et ai beaucoup séjourné en Espagne. Je ne suis donc pas un ignorant de la culture hispanique.
jnm

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POUSSY 5 décembre 2022 - 12:32 pm

Pour autant que l’on puisse reconnaître la corrida comme pratique coutumière, certains arguments sont irrecevables.
La bataille entre deux êtres ne peut se résumer à un combat égalitaire !
En effet, si le danger est présent, il est quasi-totalité fatal pour le taureau, heureusement…
De plus, la souffrance du taureau après la plantation des piques n’est jamais évoquée. Or la faiblesse de l’animal après cette épreuve sordide ne trompe personne.
Une suppression de cette étape pourrait être envisagée, rendant ainsi supportable la pérennité de la corida.
Les jeux du cirques dans la Rome antique sont aujourd’hui oubliés, heureusement…

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PhB 5 décembre 2022 - 7:48 pm

Merci Monsieur Delsol
Très beau développement!
Concernant, la conscience de l’être humain qu’il va mourir un jour est source de tout un pan de la philosophie et des religions qui « tranquillisent » l’être humain.
Pour l’instant la science humaine n’a pas encore révélée si certains animaux ont conscience qu’ils vont mourir un jour, nous ne savons même pas s’il perçoivent l’écoulement du temps de manière analogue à la nôtre.
Il y encore beaucoup d’inconnue sur cette question.
Sur le court terme, il semblerait que les animaux peuvent sentir l’approche imminente de leur mort (quand on les emmène à l’abattoir).
Certains montrent quelque chose qui se rapproche de l’empathie pour leurs congénères, ou les humains de leur environnement proche.
Des scientifiques semblent montrer qu’ils disposent aussi d’une sorte de conscience, peut-être moins élaborée que la notre mais bien présente.
Cordialement
PhB

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JR 5 décembre 2022 - 8:42 pm

Bonjour, les pseudos écolos vont encore mettre la faute sur les Corridas pour justifier la création de toute pièce de la néo-religion carbo-climatique à l’origine du Casse du siècle orchestré en bande organisée avec la complicité de certains états. Les verdâtres, dignes successeurs des precedents fléaux idéologiques, feraient mieux d’essayer de comprendre pourquoi l’electricté est devenue subitement aussi chère que rare: https://www.climato-realistes.fr/envolee-du-prix-de-lelectricite-a-qui-la-faute/ . Merci. Bien à vous

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