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Gigafactories : les utopistes sont à l’Ouest, le réalisme est hongrois

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Un taux d’impôt sur les sociétés de 15 % et un environnement réglementaire et fiscal stable attirent les gros investissements.

Dans une formule restée célèbre, voulant décrire l’apathie des opinions publiques des Etats occidentaux, François Mitterrand déclarait en 1983, que si « les pacifistes sont à l’Ouest, les missiles sont à l’Est ».

Un peu plus de quarante ans plus tard, l’électrification des véhicules imposée à marche forcée par la doxa de la décarbonation martelée par l’Union européenne et son ultima ratio, l’interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035, incitent à paraphraser l’ancien Président de la République. En matière de gigafactories, les utopies sont à l’Ouest, les investissements sont à l’Est. En Hongrie pour l’essentiel. Ces dernières semaines, la faillite de Northvolt a rayé d’un trait de plume les 13 milliards d’investissements consentis, parmi lesquels une part importante d’argent public (de l’ordre d’un milliard d’euros, pour la plus grande partie accordée par l’Union européenne). Le montant des aides accordé aux gigafactories par contribuable européen est, sans doute par pudeur, occulté.

La mise au point laborieuse de technologies imposant de fortes courbes d’expérience (délai de mises au point pour un niveau de qualité prédéfini), combinée à une demande de véhicules électriques plus faible qu’attendue, tend à occulter l’expertise asiatique, chinoise et coréenne, en matière de fabrication de batteries automobiles.

L’impact de l’impôt sur les sociétés sur l’attractivité devrait davantage inspirer nos gouvernants

L’activité de de gigafacteur ne se décrète pas. L’incantation des gouvernants n’est d’aucun secours. Les inaugurations, poses de premières pierres, rubans coupés, subventions en tout genre et autres discours à la gloire de la décarbonation sont vains. Quant aux brevets détenus par les constructeurs asiatiques (CATL, LG, SK, Samsung, Panasonic), ceux-ci entendent les monnayer au prix fort. Les sociétés européennes, ACC et Verkor notamment, en font l’amère expérience tout en taisant une grande partie de leurs difficultés.

Pendant ce temps, les investissements ont lieu à l’Est, principalement en Hongrie, le pays du Président Viktor Orban, honni de ses homologues européens. Les constructeurs asiatiques de batteries (« gigafacteurs ») n’ont que faire de la mise à l’index de la Hongrie par les instances européennes.

Ils se moquent comme d’une guigne du l’invective « illibérale » que recouvre la volonté de la Hongrie de protéger ses frontières des flux de migrants et, crime de lèse-Union européenne, de refuser à cor et à cri l’idéologie wokiste, en particulier la promotion des LGBTQ+ et transgenres, à plus forte raison sur crédits publics du contribuable hongrois.

Les industriels asiatiques raisonnent en opérateurs économiques. Avec la Hongrie, ils ne font pas seulement le choix d’un pays du continent européen dont les coûts de main d’œuvre sont inférieurs à ceux des pays occidentaux. Dans ce cas, les investissements auraient pu tout aussi bien aller en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie, en Slovénie, en Roumanie ou en Croatie, pays qui abritent tous des sites de production automobiles et qui sont autant d’alternatives à la Hongrie. Non, ils ont majoritairement choisi l’un des pays qui ont instauré de longue date (2016) l’un des taux d’impôt sur les sociétés les plus faibles au monde (9%).

Le taux d’impôt sur les sociétés montre ainsi son pouvoir d’attraction pour la localisation des investissements. Si la France a bien réduit progressivement, le taux de droit commun de l’impôt sur les sociétés de 33% à 25%, (ce dernier taux n’est en vigueur que depuis 2022) elle continue d’être l’un des cancres de l’Union européenne en raison du poids particulièrement élevé des impôts de production. La France reste ainsi un pays bien peu attractif, quoi qu’en disent nos gouvernants emplis de fatuité et d’autosatisfaction. A titre d’exemple, le redressement économique portugais, déjà soutenu par une forte réduction du taux de l’impôt sur les sociétés qui était encore de 35% il y a encore quelques années, devrait être renforcé par la mise en œuvre à d’un taux de 15% d’ici 3 ans.

Un taux de 15% ne doit pas être vu comme un minimum de perception (que ne s’est-on extasié à ce propos ?) mais comme un optimum en termes d’attractivité. Les dépenses publiques doivent suivre les recettes et non l’inverse. Nous verrons si notre nouveau grand argentier, Éric Lombard, sera plus sensible à l’argument que son devancier qui proposait d’appliquer une surtaxe d’impôt sur les sociétés aux grandes entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. Pour le dire pudiquement, le niveau d’expérience économique du 1er Ministre, François Bayrou, (40 ans de carrière politique sans la moindre incursion dans le secteur privé) comme de son prédécesseur (une expérience du même ordre) ne plaide pas vraiment dans ce sens …

Postiers, pompiers, et quelques autres distribuent leurs calendriers en fin d’année contre une modeste contribution. Abonnons d’urgence nos gouvernants à la lettre IREF-Contrepoints, elle est gratuite et saura leur tracer la voie.

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