En rejouant le scénario du paradis perdu et du bon sauvage, le versant décroissant du discours écologiste développe une vision décliniste de la civilisation industrielle. Les pays riches sont réputés être des enfers environnementaux quand la pauvreté serait la « garantie » d’un environnement sain. De nombreux chiffres et indicateurs infirment pourtant ce mythe.
Le nombre de victimes de catastrophes naturelles
Le premier indicateur à remettre en question les vertus environnementales des sociétés pauvres est le nombre de victimes de catastrophes naturelles. Ainsi que le montrent les figures 1 et 2, ce nombre n’a jamais été aussi faible à l’échelle mondiale depuis le début du XXème siècle. De manière spectaculaire, le nombre de victimes a décru en dépit de la croissance de la démographie.
Le tableau 1 présente – en valeurs médianes annuelles – les décès, les victimes et le coût des catastrophes naturelles selon le niveau de développement propre à un groupe de pays. D’une manière prévisible, les pays les plus exposés aux catastrophes naturelles sont les pays les moins développés. Moins un pays est développé, moins il parvient à absorber le coût des catastrophes naturelles sur le plan économique et humanitaire.
Les universités de Yale et de Columbia publient régulièrement un indice de performance environnementale. La figure 3 montre l’existence d’une corrélation positive entre le PIB par habitant et la qualité de l’environnement.
Comment ce score est-il possible ? Il peut en effet paraître étrange dans un contexte où les pays riches ne cessent d’être accusés de détruire l’environnement par leurs activités émettrices de CO2 et certes ce sont eux qui en émettent le plus (figure 4). Mais à force de cristalliser les débats autour des gaz à effet de serre, on oublie que les pays pauvres sont soumis à d’autres fléauxtout aussi ravageurs pour l’environnement.
Environnement : problèmes de riches et problèmes de pauvres
Si l’on en croit la base de données du Fonds monétaire international, le classement des 10 pays les moins bien lotis en matière de PIB par habitant (PPA) s’établissait comme suit en 2018.
1 – Madagascar
2 – Sierra Leone
3 – Soudan du Sud
4 – Liberia
5 – Mozambique
6 – Niger
7 – Malawi
8 – République démocratique du Congo
9 – Burundi
10 – République centrafricaine
Sans surprise, ces pays peuvent se targuer d’être “vertueux” si l’on s’attache principalement au critère des activités émettrices de CO2 (figure 4).
Mais, comme nous l’avons dit plus haut, le CO2 n’est pas le seul critère à considérer pour évaluer la qualité de l’environnement. La base de données du Institute for Health Metrics and Evaluation indique qu’on retrouve des facteurs environnementaux parmi les principales causes de mortalité dans les 10 pays les plus pauvres de la planète.
Principales causes de mortalité en 2017 pour les dix pays les plus pauvres de la planète
Madagascar
1 – Maladies diarrhéiques
2 – Troubles néonatals
3 – Infections respiratoires aiguës
4 – Malnutrition
5 – AVC
Sierra Leone
1 – Paludisme
2 – Infections respiratoires aiguës
3 – Troubles néonatals
4 – Maladies diarrhéiques
5 – Cardiopathie ischémique
Soudan du Sud
1 – Infections respiratoires aiguës
2 – Maladies diarrhéiques
3 – Troubles néonatals
4- Tuberculose
5 – Conflits et terrorisme
Libéria 1 – Paludisme
2 – Maladies diarrhéiques
3 – Troubles néonatals
4 – Infections respiratoires aiguës
5 – Cardiopathie ischémique
Mozambique
1 – HIV/AIDS
2 – Troubles néonatal
3 – Tuberculose
4 – Paludisme
5 – AVC
Niger
1 – Paludisme
2- Maladies diarrhéiques
3 – Infections respiratoires aiguës
4 – Troubles néonatals
5 – Méningite
Malawi
1- HIV/AIDS
2 – Troubles néonatals
3 – Infections respiratoires aigües
4 – Tuberculose
5 – Maladies diarrhéiques
République démocratique du Congo
1 – Paludisme
2 – Troubles néonatals
3 – Infections respiratoires aiguës
4 – Maladies diarrhéiques
5 – Tuberculose
Burundi
1 – Tuberculose
2 – Paludisme
3 – Troubles néonatals
4 – Infections respiratoires aiguës
5 – Maladies diarrhéiques
République centrafricaine
1 – Maladies diarrhéiques
2 – Troubles néonatals
3 – Infections respiratoires aiguës
4 – Tuberculose
5 – HIV/AIDS
On constate que les infections respiratoires aiguës et les maladies diarrhéiques font partie des fléaux les plus récurrents. Ces problèmes sont d’essence environnementale puisqu’ils proviennent d’un défaut d’infrastructures sanitaires pour le traitement de l’eau ainsi que de la persistance de sources d’énergie rudimentaires pour les activités domestiques. Autant de défis que l’industrialisation de ces pays pourrait relever, même si elle implique d’émettre plus de CO2.
2 commentaires
environnement et écologie
Intéressant ! Le problème, c'est que l'écologie est devenue… politique ! Des Allemands contre le nucléaire (qui n'émet guère de CO2) mais qui produisent de l'électricité grâce à des centrales au charbon ! En France, on nous explique que les éoliennes et les panneaux solaires sont le nec plus ultra mais, on est incapable de nous dire comment détruire ces merveilles le jour où elles ne seront plus en état de fonctionner. On privilégie les véhicules électriques… avec toutes les conséquences que cela comporte pour notre industrie automobile… sans pouvoir garantir l'approvisionnement en électricité le jour où nous roulerons en tout électrique… sans compter les conséquences d'un embouteillage monstre suite à une panne ou à des conditions climatiques exceptionnelles : par exemple chutes e neige et/ou verglas !
Nous sommes tous dans le même bateau !
Ne pas omettre que les pays riches polluent pour tous. C'est par leur niveau d'industrialisation, donc d'atteinte à l'environnement, qu'il contribuent – voir leurs budgets d'aide au pays pauvres – à la satisfaction d'une part significative des besoins des populations de ces derniers, qui sans cela seraient encore plus démunies qu'elles le sont.