En France, manuels et programmes scolaires ignorent ou condamnent l’entreprise et l’enseignement économique est confié à des fonctionnaires. En Allemagne, ce sont les entreprises qui parlent aux élèves, les forment et les embauchent.
L’école doit « stimuler l’esprit d’entreprise », a déclaré le Président lors des Assises de l’entrepreneuriat. On ne peut qu’applaudir.
Le président aurait-il lu nos travaux ? Fin septembre 2012, l’IREF a publié une Etude consacrée à l’image de l’entreprise et de l’entrepreneur dans les manuels de 1ère et de Terminale. Les conclusions étaient sans appel : dans la plupart des manuels analysés, le rôle de l’entrepreneur et de l’entreprise dans la création de richesses est occulté et l’entreprise n’occupe généralement qu’une petite dizaine de pages. Plus grave encore, l’entrepreneur est absent des manuels et aucune histoire d’entrepreneur n’est mentionnée. L’Etat est toujours présenté comme l’acteur économique principal car c’est un « régulateur indispensable ».
L’initiative de François Hollande correspond donc bien à une réalité dans un pays rongé par le chômage et dans lequel les jeunes préfèrent devenir fonctionnaires qu’entrepreneurs. Un récent sondage réalisé par le cabinet PricewaterhouseCoopers montre qu’environ 8 % des Français seraient prêts à créer leur entreprise, contre 20 % aux Etats-Unis, Australie ou Grande-Bretagne.
Mais l’ « esprit d’entreprise » ne se décrète pas (il vaut mieux parler d’esprit d’entreprendre). Il commence d’abord par des changements dans les manuels scolaires où devraient figurer les réussites des entrepreneurs français (Niel, Beigbeder, Simoncini…) et aussi étrangers (Gates, Zuckerberg, etc…). Leurs succès doivent constituer des exemples à suivre pour nos élèves. Ensuite, il faut changer l’esprit des manuels en soulignant le rôle du marché et de l’innovation dans le monde d’aujourd’hui. Ce n’est pas l’Etat l’acteur économique le plus important, mais bien l’entrepreneur.
Ensuite, il s’agit de faire comme en Allemagne, en confiant la formation des jeunes aux entreprises elles-mêmes. Ce n’est pas un hasard si le taux de chômage des jeunes est en Allemagne à 7.7 % et en France à 19.2 % (presque 3 fois plus !). De l’autre côté du Rhin, l’insertion des jeunes dans l’entreprise n’est pas décidé par le ministère de l’Education mais par les entreprises. Ce sont elles qui décident des formations à suivre par les jeunes et non pas les fonctionnaires du ministère.
Lorsqu’il était ministre de l’Education, en 1999, Claude Allègre avait proposé aux enseignants d’aller dans les entreprises pour s’imprégner de l’esprit d’entreprendre. Tout de suite, les syndicats ont protesté tout en organisant des manifestations. La proposition est passée aux oubliettes et Claude Allègre quittera le ministère l’année suivante. Cette situation risque de se répéter au sein d’un ministère phagocyté par des syndicats gauchistes et qui refusent la moindre réforme (le journal Libération (2/05) a d’ailleurs titré « Hollande impose les patrons au programme »). Persuader le Mammouth du rôle de l’entreprise ne sera pas chose aisée.