Joe Biden est content. Il déclare avoir « gagné » les élections de mi-mandat. Derrière son dos, bien des leaders démocrates s’en inquiètent. Ils redoutent que le regain de confiance affiché par le président l’encourage à se présenter pour un second mandat, bien que sa cote de popularité soit basse, ses gaffes et ses absences de plus en plus fréquentes, et alors que les Américains veulent du sang neuf. Le locataire de la Maison-Blanche, qui fêtera ses 80 ans le 20 novembre, ne cache pas son envie de rempiler. Il promet du reste d’annoncer officiellement sa décision à ce sujet début janvier.
Quoi qu’en dise la Maison-Blanche, les démocrates ont tout de même perdu leur maigre majorité à la Chambre des représentants. Il n’y pas de quoi pavoiser. En ce qui concerne le Sénat, in fine, leur parti y gagnerait au mieux un siège, ce qui lui donnerait un majorité d’une voix dans l’hypothèse d’un respect de la discipline de vote de parti. Ensuite viendra le deuxième tour, exigé par la Constitution de Géorgie, pour départager le 6 décembre deux candidats pratiquement à égalité, juste en dessous de 50%.
Joe Biden est satisfait d’avoir limité les pertes de son parti aux élections de mi-mandat. Sa stratégie de diabolisation des républicains depuis plusieurs mois a porté ses fruits. Il pense ainsi avoir regagné en crédibilité sur sa droite, comme sur sa gauche. En présentant les trumpistes comme des menaces pour la démocratie, et en entretenant l’amalgame entre les candidats populistes poussés par Donald Trump et les candidats républicains traditionnels, Joe Biden a réussi à mobiliser un électorat par ailleurs déçu des résultats de deux ans de politique « progressiste ».
L’occasion historique pour les républicains de profiter du mécontentement suscité par l’explosion des dépenses publiques, et l’inflation qui en découle, a été gâchée par l’influence de Donald Trump sur l’élection. L’ancien président a d’abord beaucoup pesé sur le choix de nombreux candidats durant les primaires. Souvent inexpérimentés, médiatiques certes mais en dehors de l’arène politique, ils se sont révélés incohérents, mal préparés à faire campagne et trop extrémistes pour séduire les électeurs centristes. Le « Grand Old Party » (GOP) aurait très bien pu gagner en Pennsylvanie et dans le New Hampshire, par exemple, si son candidat trumpiste avait été plus fin et plus attrayant.
Les démocrates ont financé les candidats trumpistes
Donald Trump a multiplié les réunions et grands meetings pour vanter les mérites de ses poulains. De tels évènements ont certes attiré moult fans et curieux, mais ils ont dans le même temps accrédité l’idée fausse que les élections de mi-mandat étaient une occasion de légitimer le retour de Donald Trump en politique.
Les démocrates, et la presse qui leur est largement acquise, ont abondé dans le sens souhaité par Donald Trump. Plus on parlait de lui, moins les électeurs centristes et indépendants avaient envie de donner sa chance à un candidat républicain. S’il est vrai que l’implication de Trump dans le Parti républicain fait voter des gens qui, séduits par le populisme, autrement resteraient chez eux, il est encore plus vrai que le trumpisme nourrit une participation plus forte de l’électorat démocrate pour faire barrage aux amis de « l’homme orange », personnage polarisant, irascible, égocentrique et peu convaincu des vertus libérales chères aux républicains de l’establishment.
Ce n’est pas un hasard si les bailleurs de fonds démocrates ont directement financé les trumpistes durant les primaires républicaines : ils savaient qu’un trumpiste avait de bonnes chances de perdre face à un candidat démocrate expérimenté. Karl Rove, ancien stratège de George W. Bush, résume parfaitement le handicap que Trump a représenté pour son parti : « Le GOP a présenté trop de novices qui ont eu du mal à trouver leur message, lever des fonds et mener des campagnes efficaces. Il y avait aussi des têtes de pioche avec d’étranges croyances et des placards plein de problèmes. Beaucoup de ces candidats remarquablement faibles étaient là grâce à Donald Trump qui n’a pas pris la peine de vérifier leurs qualifications ».
Le problème des républicains avec Donald Trump est tout aussi sérieux que celui des démocrates avec Joe Biden. Ce dernier a surpris en limitant la casse avec l’aide de Donald Trump. Ce sera autrement plus compliqué en 2024, si les républicains choisissent un candidat jeune, dynamique, débarrassé des casseroles trumpiennes comme cette idée obsessionnelle que les élections de 2020 auraient dû être invalidées pour fraude massive. « Si Biden d’une manière ou d’une autre se retrouve sur scène dans 23 mois pour un débat face à Ron DeSantis, Glenn Youngkin, Tim Scott, Kim Reynolds, Doug Ducey ou Greg Abbott, le président pourrait perdre l’élection dans 40 États » résume James Freeman. Cet éditorialiste du Wall Street Journal cite ainsi en passant les noms de gouverneurs ou sénateurs républicains populaires, capables de séduire des millions d’électeurs en dehors de leur État.
2 commentaires
N’est ce pas seulement un problème du comportement de la population qui devient de plus en plus stupide et surtout de cette sale mafia médiatique qui comme en France impose des charlots ou des dégénérés pour leurs seuls intérêts ?
Les élections américaines semblent bien être un sacré panier de « crabes » … Et dire que Macronnuche « voudrait » les imiter … Ce serait un coup fatal à notre Nation moribonde …