La situation des banques espagnoles ne peut masquer les difficultés que traverse le secteur bancaire dans le monde entier, et surtout en Europe. Pour se recapitaliser, les banques vont-elles se dégager de leurs activités traditionnelles de crédit ? Question soulevée par Lucas Léger, chercheur à l’IREF.
Après le début de panique bancaire (bank run) en Grèce, la déconfiture des banques espagnoles et les pertes considérables de JP Morgan sur les marchés des dérivés, l’instabilité et l’incertitude règnent. Tous les jours ou presque, on apprend que les banques ont subi une nouvelle déconvenue. Et chaque événement suscite des inquiétudes supplémentaires sur la résilience du modèle à long terme. Le corollaire étant la nécessité de réglementation et de supervision dudit secteur.
Depuis 2008, le secteur bancaire n’a pas été épargné. Aux Etats-Unis, le retournement du marché immobilier et ses conséquences bien connues sur les crédits hypothécaires a considérablement fragilisé le bilan des banques. En Europe, ce bilan se trouve affecté par la combinaison entre une faible croissance et la dégradation des finances publiques. D’autant que les accords de Bâle et Solvabilité II n’ont été que des incitations supplémentaires à détenir des titres de créance sur des Etats à la limite de la solvabilité. En conséquence, le secteur est largement sous capitalisé pour faire face à l’incertitude et aux risques actuels comme par exemple l’éclatement de la zone euro.
Les banques sont sans aucun doute un acteur essentiel dans le financement de l’économie et leurs capacités à prêter de l’argent à une influence sur l’activité de nos entreprises. À court terme, sur l’aptitude des banques à satisfaire à leur besoin de trésorerie, et, à long terme, sur l’investissement. L’économie européenne est ainsi financée à 70% par les banques (contrairement aux Etats-Unis et en Grande Bretagne où les entreprises se financent à 70% via les marchés de capitaux). Mais quelques signes nous indiquent une perte de confiance dans le secteur.
Tout d’abord certains partenaires du système bancaire classique veulent quitter le navire. Dès 2010, le groupe Siemens avait fait une demande de licence bancaire afin de gérer directement ses liquidités avec la Banque centrale européenne (BCE), jugée plus sûre. EADS est en passe de faire de même au moment où placer son argent devient de plus en plus compliqué. Mais cette option reste coûteuse et accessible aux plus grandes entreprises seulement.
Ensuite, on voit diminuer rapidement la capacité des banques classiques à soutenir l’activité économique. La Banque des règlements internationaux (BRI) indique une baisse du volume des prêts mondiaux de l’ordre de 800 milliards de dollars sur le quatrième trimestre 2011, une « contraction surtout imputable aux banques de la zone euro ». C’est aussi l’une des plus fortes baisses depuis 2008.
Pour garder leur part de marché et restaurer la confiance, les banques doivent donc recapitaliser et se désendetter. Mais le veulent-elles et le peuvent-elles ?
D’une part, les banques sont inquiètes quant à l’avenir de la zone euro et elles rechignent à prêter davantage. Elles préfèrent au contraire détenir du cash sur leurs comptes auprès de la BCE. Fin mars, les plus grosses banques européennes ont déposé près de 1 200 milliards de dollars dans les différentes banques centrales selon une étude du Wall Street Journal. Une augmentation de 66% depuis décembre 2010.
D’autre part, une recapitalisation trop brutale conduirait à l’assèchement du crédit dans une économie déjà léthargique. En avril dernier, le FMI estimait dans son Global Financial Stability Report « que les grandes banques de l’Union européenne pourraient réduire leurs bilans cumulés jusqu’à 2 600 milliards de dollars d’ici à la fin 2013. » Ce désendettement « pourrait entraîner une baisse de 1,7% de la distribution de crédit en deux ans », selon le FMI.
Jeremy Stein, un économiste de l’Université de Harvard, propose de donner plus de temps aux banques, elles pourraient se renforcer graduellement en diminuant leurs coûts et en maintenant leurs revenus plutôt que de rechercher de nouveaux capitaux sur les marchés.
La conséquence de règles plus strictes sur les exigences de fonds propres serait une incitation supplémentaire pour les banques à rechercher des rendements plus élevés sur des marchés plus risqués. On pourrait compléter l’analyse avec la proposition de l’Association for Financial Markets in Europe (AFME) qui suggère de donner aux banques la possibilité, en cas de faillite, de convertir une partie de leurs fonds propres en dette et de faire face ainsi à leurs obligations.
En conclusion, si une recapitalisation des banques semble nécessaire, mais problématique, la réforme entière de l’activité bancaire l’est tout autant.
1 commenter
LE COMBLE DU COMBLE !
L’europe a versé 350 Milliards d’euros pour la Grèce, en pure perte, puisque rien n’est réglé sur le FOND.! et la faillite de ce pays assurée.!
Et bien maintenanrt l’europe va distribuer 100 milliards de fonds VIRTUELS pour recapitaliser les banques Espagnoles…??! pendant que le peuple est « étrillé »…!??
L’on marche sur la tête.!