« Il me le fallait vivant» , alors Marie-Hélène Lafon se lance comme dans un jeu de familles pour mieux connaître Cézanne. Mais d’abord elle s’arrête sur ses peintures. Bien que récursives, elles ont toutes une raison d’être, celle de l’enfance, que ce soit les sous-bois, les pommes , les baigneuses, les Sainte-Victoire. Puis elle s’immisce dans  les portraits, ceux du père et de la mère, du jardinier Vallier comme du docteur Gachet. Et pourquoi si peu d’Hortense, femme indolente qui ne comprend pas ce fou du travail dont un enfant illégitime vient gâcher la renommée. Et quand il la peindra, il ne la regardera même pas, « il faut poser comme une pomme ».
C’est la forme qui importe, la couleur, faire toujours plus vrai, tout en gardant le flou du mystère. Sa peinture a quelque chose d’inachevé et c’est ce qu’il veut. Son allure aussi n’est « pas finie », comme ses pastels. Marie-Hélène Lafon se délecte, reprend des lettres de Cézanne, retourne aux « toits rouges sur la mer bleue », se rend dans l’atelier des Lauves encore tout vibrant du créateur, elle « cézanne » dit-elle, jusqu’à ce qu’elle découvre le diabète douloureux de ce peintre qui s’est « juré de mourir en peignant ». Livre qui incite à le rechercher dans sa Provence natale et plus précisément au musée d’Aix.