Dans l’impossibilité de retourner en Russie depuis 2016, Jacques Durant – un entrepreneur belge qui a travaillé et vécu près de 25 ans dans ce pays et donc parfaitement bilingue – nous raconte son retour en novembre dernier et ses observations.
PREMIERE PARTIEÂ : IMPRESSIONS DE MOSCOU
Evidemment, le premier défi est désormais de gagner la Russie, puisqu’aucun avion à destination ou en provenance de ce pays ne peut plus décoller ni se poser en Europe, ou même survoler l’UE. J’ai donc choisi de passer par Dubaï, hub via lequel les prix des billets sont nettement plus accessibles que via Istanbul, bien que déjà exorbitants si on les compare aux tarifs pré-sanctions. Désormais, voyager de l’Europe vers la Russie et inversement est un luxe chronophage (10 heures dans le meilleur des cas contre 3 ou 4 auparavant).
A l’aéroport de Dubaï, les vols vers les villes russes sont légion : Moscou et Saint Pétersbourg évidemment, mais aussi Sotchi ou Ekaterinbourg par exemple. En dehors des habituels touristes russes qui tout au long de l’année viennent découvrir et apprécier les plages et le centre commerciaux de l’Emirat, j’ai découvert deux nouveaux types de voyageurs : tout d’abord les « navetteurs » russes, travaillant pour les filiales plus ou moins déclarées et officielles d’entreprises russes, qui rentrent au bercail rejoindre leur famille chaque week-end ; et, plus surprenant, les touristes de pays arabes, en particulier d’Arabie Saoudite. Un jeune couple est assis de l’autre côté du couloir sur le vol de FlyDubai, et j’en rencontrerai encore beaucoup lors de mes promenades dans les rues de Moscou, dans les halls d’hôtels et en embarquant au retour.
Plus de Renault, Lada, VW ou Toyota ; seulement des marques chinoises dont j’ignorais jusqu’à l’existence
Moscou compte trois aéroports internationaux : Cheremetièvo, longtemps l’unique point d’arrivée pour les vols en provenance de l’étranger, au nord de la capitale ; Domodedovo, le plus éloigné, au sud ; et Vnoukovo, au sud-ouest, dans le prolongement de la fameuse avenue Lénine (Leninski Prospekt), toujours pas débaptisée. Longtemps, plus qu’un aéroport international, Vnoukovo a surtout été le principal aéroport de l’aviation d’affaire russe, où s’alignaient les jets privés parmi les plus luxueux du monde : Falcon, Gulfstream, Challenger, Citation, etc. Ceux-ci, otages des sanctions internationales qui en empêchent la maintenance en Russie, ont désormais presque tous disparu du tarmac.
Après le garde-frontière sympathique et qui, curieux, me questionne sur l’origine de mon excellent russe, je traverse la douane sans encombre. Le préposé aux rayons-x (obligatoires) ne peut s’empêcher de me demander non sans humour si les boutons de manchette enfouis au fond de ma valise sont neufs ou non !
Ma première vraie surprise survient lorsque je commande mon taxi à la sortie. Tout d’abord, le prix de la course est bien loin de mes souvenirs de la dernière décennie : à peine 20 dollars, alors que nous sommes en week-end et qu’il fait encore nuit, pour un trajet de plus de 40 km ! Il y a encore quelques années, la moindre trace d’accent étranger faisait grimper le tarif à cent dollars. Mais surtout, désormais, plus de taxis Renault, Lada, VW ou Toyota ; seulement des véhicules chinois, des marques dont j’ignorais jusqu’à l’existence quelques instants auparavant.
C’est d’ailleurs l’un des changements les plus frappants à Moscou : la colonisation chinoise s’y manifeste d’abord à travers l’automobile, indispensable à tout Moscovite, dès qu’il en a les moyens. Plus que tout autre chose, depuis la chute de l’URSS, la voiture représente le statut social ; dorénavant, seuls les plus riches importent encore en surpayant des modèles de luxe allemands ou britanniques, via  les habituels canaux gris de l’Asie centrale et du Caucase. Bien sûr, on rencontre encore énormément de véhicules européens de milieu de gamme, déjà âgés. Mais quasiment tous les véhicules neufs sont chinois, avec une multiplicité de marques inconnues en Europe, dans tous les segments du marché – du plus bas au plus haut de gamme. La veille de mon départ, un ami me montrera avec fierté la voiture chinoise remplie d’électronique achetée la veille, en remplacement de sa BMW X6.
Poutine ? « Un voleur pire que ceux des années 90 » !
En quittant l’aéroport, je découvre non sans étonnement que la moitié de l’aérogare est désormais fermée, immobile, plongée dans l’obscurité.
Mon chauffeur a largement dépassé la soixantaine. Tout en évitant de parler de l’invasion et de la guerre en Ukraine (et je ne le provoquerai pas sur le sujet), il ne cache pas son mépris et sa détestation de Poutine, « un voleur pire que ceux des années 90 » me dit-il. Notre conversation est agréable. Elle dure les 40 minutes du trajet dans Moscou encore endormie et reflète toutes les contradictions des Russes éduqués et cultivés (mon interlocuteur a été ingénieur avant de devenir chauffeur de taxi) de cette génération : Staline lui, au-moins, a développé le pays et ne tolérait pas la corruption ; Khrouchtchev était un incapable ; Brejnev a eu tort d’empêcher Kossyguine de poursuivre sa politique de réformes économiques qui auraient transformé l’Union soviétique en une vraie super-puissance ; quant à Poutine il a détruit la société civile russe et renvoyé le pays 30 ans en arrière. Comme tout résumé d’une longue conversation, celui-ci est évidemment caricatural, mais je me suis dit que sans doute des centaines de milliers de Moscovites de plus de 60 ans partageaient cette vision.
Le trajet via l’avenue Lénine, la place Gagarine (et son grandiose monument au premier humain dans l’espace), puis la place de Kalouga (ex-place d’Octobre, surplombée par la statue monumentale du guide de la révolution prolétarienne) jusqu’à mon hôtel près de la place Rouge me réservait d’autres surprises.
Bien sûr il est encore tôt et c’est le week-end, mais je n’ai guère le souvenir d’avoir vu aussi peu de circulation dans Moscou depuis des décennies. Alors même que cette artère était, jour et nuit, l’une des plus chargées de la capitale, elle est, là , aussi fluide qu’à l’époque soviétique. Pourtant, elle me semble différente, mais je ne réussis pas à comprendre en quoi. C’est alors que le chauffeur me fait remarquer qu’un gigantesque terre-plein verdoyant se trouve maintenant au milieu de l’avenue, l’une des plus longues (13 km) et des plus larges (120 mètres) du monde.
Les panneaux publicitaires ont disparu et Moscou est enserrée dans un dense réseau de caméras
Finalement, je comprends également que la plupart des panneaux publicitaires qui ornaient avec plus ou moins d’à -propos et de goût ces gigantesques avenues ont disparu ; ceux qui restent véhiculent désormais des messages à vocation politique ou sociale ou promeuvent les grandes entreprises d’Etat comme Gazprom ou Rosneft.
Pour ma part, même si cela ressemble férocement à un retour vers le passé, je trouve Moscou plus belle, plus humaine, moins anarchique et sans doute plus sûre. A ma grande surprise, par exemple, l’un des sports nationaux, qui consistait pour les automobilistes à accélérer dès qu’un piéton faisait mine de vouloir s’avancer sur la chaussée, n’est plus pratiqué ; au contraire, les véhicules s’arrêtent (et le premier réflexe du piéton que j’ai été pendant des années dans cette ville est de trouver cela suspect !) dès que quiconque manifeste l’intention de traverser. Cela m’amène d’ailleurs à constater que l’on ne voit quasiment plus de policiers dans les rues. Un ami m’en expliquera la raison : la ville est désormais recouverte par un dense réseau de caméras capables d’identifier individus et véhicules. Ainsi, le non-respect des feux de signalisation et des piétons, ainsi que le stationnement anarchique, sont maintenant un lointain souvenir car les amendes (et le retrait de points associé) ne sont plus négociables de gré à gré. Beaucoup d’interlocuteurs – et notamment les expatriés – m’expliqueront également que le coût prohibitif du stationnement en centre-ville les a décidés à vendre leur voiture et n’utiliser que Yandex-taxi, le Uber local.
Oui, Moscou sans aucun doute a énormément changé.
Désormais, il est facile d’identifier les touristes étrangers en goguette dans les zones piétonnes qui se sont multipliées à l’intérieur du cercle des Jardins (le centre élargi de la ville) ; leurs vêtements et leur apparence les trahissent : ils sont arabes du golfe ou bien viennent du sous-continent indien, et plus nombreux que je ne l’aurais imaginé. Le centre est plus vert. Des arbustes égaient la ville : des sapins en hiver remplacent les feuillus en été.
Pour approcher Poutine il faut effectuer un test PCR, dans un  laboratoire expressément désigné par le Kremlin
La fluidité de la circulation m’a agréablement surpris, je l’ai dit, et au début tous mes trajets ont pris moitié moins de temps qu’avant mon départ de Russie en 2016. Pourtant, après quelques jours, la circulation est redevenue un enfer, sans que visiblement rien ne change ; cela n’avait aucun sens. J’ai compris en regardant la télévision : les jours précédents, Poutine était à Moscou ! Ses interventions, les conférences auxquelles il participe, sont retransmises en direct sur les principales chaînes, puis largement commentées dans les journaux du soir. On y retrouve ses longs discours soporifiques, ses tentatives d’humour douteux, ses réponses dictées dans l’oreillette aux questions préparées à l’avance et débitées par des interlocuteurs de confiance… Ceux-ci sont parfois des étrangers (surtout lors de conférences d’affaires ou géopolitiques), histoire de montrer que la Russie n’est pas isolée et que tous veulent dialoguer avec son président : ici un journaliste britannique ou un consultant allemand, là des hommes d’affaires iraniens, omanis, serbes, et surtout chinois, qui saluent le leader visionnaire. Bien sûr, pour s’approcher, tous – russes ou étrangers – ont dû montrer patte blanche et sacrifier au test PCR effectué dans le laboratoire désigné par le Kremlin.
C’était l’explication de cette étrange tranquillité des rues : lorsque Poutine se déplace, les avenues et leurs accès sont barrés ; lorsqu’il fait un discours hors du Kremlin, des quartiers entiers sont bouclés (même internet et le signal GPS y sont brouillés) ; les immeubles où il se rend sont étroitement surveillés, encerclés par la police armée jusqu’aux dents.
DEUXIEME PARTIE : MOSCOU, LES MOSCOVITES ET L’INVASION DE L’UKRAINE
Moscou n’est pas la Russie. Comme elle n’était pas l’Union soviétique d’ailleurs. Un ami me l’a rappelé lors d’un petit déjeuner dans un café près de la Loubianka : « Le pouvoir sait que toutes les révolutions ont commencé à Moscou ou Saint- Pétersbourg. Aujourd’hui, ils craignent tellement que la situation explose que nous sommes pourris-gâtés. Regarde le coût de tout ce que fait Sobyanine (le maire de la capitale), simplement pour que le calme règne ici sans répression ni violence. »
La première année dans l’armée, le soldat peut recevoir plus de 20 ans du salaire minimum russe !
Il est quasi impossible de trouver des affiches de propagande pour la mobilisation, je n’en ai découvert qu’une, cachée derrière une porte, dans une ruelle peu fréquentée du centre. Elle promet, la première année, un bonus de signature et une solde mensuelle équivalente à 14 fois le salaire minimum. Au total, pour cette première année, l’engagé reçoit plus de 20 ans du salaire minimum russe.
Plusieurs interlocuteurs m’ont confirmé que les efforts de recrutement dans la capitale ont cessé depuis 2023. Ils se focalisent plutôt sur les régions plus défavorisées.
A Moscou, le signe le plus évident du conflit dans lequel est plongé la Russie depuis près de trois ans se manifeste quotidiennement : le signal GPS fonctionne avec une précision de plus ou moins 300 mètres, ce qui évidemment ne facilite pas la vie des automobilistes ou des touristes piétons. Lorsque vous commandez un taxi, il peut donc s’arrêter de bonne foi à une centaine de mètres de l’adresse où vous vous trouvez.
Même pour les Moscovites, « il faut que cela s’arrête vite » !
On peut aussi voir quelques cicatrices des attaques de drones ukrainiens dans le quartier d’affaires de Moscou-City (l’anglicisme est d’origine) et plusieurs interlocuteurs aiment raconter comment la DCA, notamment près des aéroports, tonne pratiquement chaque nuit (ce que je n’ai évidemment pas entendu dans le centre). Mais la ville ne porte presque pas de stigmates évidents du conflit.
Quant aux Moscovites, ils préfèrent en général garder le silence sur la guerre et le régime ; mais peu s’expriment en sa faveur. Le commentaire le plus fréquent, émis dans diverses tonalités, est « il faut que cela s’arrête vite », sans jamais souhaiter expressément la victoire de la Russie, simplement la fin du conflit, quelquefois la fin de la dictature. Peu s’affichent ouvertement en opposition au régime, mais ces gens-là existent et je les ai rencontrés. Certains habitent toujours à Moscou, d’autres à l’étranger – mais ils sont beaucoup moins virulents et plus prudents de retour dans la mère patrie que lorsque nous discutons à Tbilissi, Erevan ou Dubaï. Souvent, le recours à l’humour et aux doubles sens qu’offre la langue russe leur permet de faire passer subtilement leur message.
Deux catégories de personnes appuient ouvertement le régime : les Européens qui vivent à Moscou et les jeunes, surtout les adolescents
Même parmi mes amis qui font partie de l’élite politique ou financière du pays, je n’ai trouvé personne qui fasse directement la propagande du régime ou de la guerre contre l’Ukraine, au contraire. Je n’ai rencontré que deux catégories de Moscovites qui appuient ouvertement le régime et s’en font les porte-parole virulents. Tout d’abord, des Européens – en particulier français et allemands, souvent mariés à un ou une Russe, voire ayant obtenu la nationalité russe – qui ont décidé de rester en Russie. Ils semblent avoir abdiqué tout esprit critique, tout libre arbitre et ne trouver de bienfaits que dans la personne et les réalisations de Poutine, dénigrant sans leur accorder aucune circonstance atténuante leur pays d’origine et l’Union européenne. Il est assez intéressant de voir que tous répètent le même discours bien rodé, comme appris sur les bancs de la même école, et si différent de celui des Russes lambda : l’Europe est une démocratie de façade et corrompue (Mme Von der Leyen ou M. Macron étant des dictateurs avérés) ; la Russie est redevenue une puissance, imperméable à toutes les sanctions internationales et dont l’Europe dépend toujours (au contraire, celles-ci n’agissent que pour son bénéfice) ; Poutine est un  chef d’Etat qui redonne sa fierté à cette nation menacée par l’Occident (et agressée par l’OTAN depuis 1991) ; la Russie n’est pas seule et de plus en plus de peuples se reconnaissent dans ses choix géostratégiques (d’où le fait que les Etats-Unis et leurs affidés en aient fait leur ennemi principal) ; l’Occident pratique le deux poids deux mesures en ignorant le génocide des Palestiniens par Israël… Bref, pour connaître les grands thèmes de la propagande poutinienne, il suffit de converser une heure avec un expatrié européen en Russie.
Le second groupe, ce sont les jeunes, en particulier les adolescents – et ce, quel que soit leur milieu social. La première impression est que la propagande du régime, absorbée sans recul, a lavé et reformaté ces cerveaux à peine formés. Cette idéologie se traduit par une combinaison de nationalisme, de racisme et de culte de la violence. Par exemple, le fils d’un couple russo-néerlandais a laissé de côté son adoration pour le football et est devenu fanatique de MMA, les arts martiaux mixtes ; par ailleurs il idolâtre les membres du groupe paramilitaire tchétchène Ahmat (ce qui d’ailleurs quelque peu contradictoire avec son racisme auto-professé). Il souhaite la destruction ou la soumission du peuple ukrainien et regrette que Poutine n’ait pas encore « envoyé quelques missiles supersoniques sur Paris et Berlin ». En l’écoutant, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que pensaient les jeunes adolescents allemands en 1941.
Toutefois, où que je sois allé – entreprises, magasins, restaurants, hôtels, taxis – je n’ai jamais rencontré aucune hostilité que mon accent étranger aurait pu générer. Au contraire, j’ai la plupart du temps été accueilli avec bienveillance et sourire, certainement pas comme un ennemi, ni même un adversaire.
TROISIEME PARTIE : L’ECONOMIE DU QUOTIDIEN Â
La vie quotidienne à Moscou a bien changé. Désormais, les marques chinoises sont partout, et pas seulement sur les automobiles. On a l’impression est que le marché intérieur chinois s’est accru de 140 millions de consommateurs depuis 2022. Les produits chinois sont représentés dans toutes les catégories de prix et chez tous les ménages : vêtements, accessoires et même produits alimentaires – y compris les fruits et légumes, que jusqu’alors je n’avais pu « apprécier » qu’en Sibérie et en Extrême-Orient.
Les produits chinois sont partout
La plupart des produits européens et américains sont toujours présents, entrant en Russie via les pays d’Asie centrale ou du Caucase, et conformément à une politique définie et mise en place par l’Etat russe de structurer un système d’imports « gris », c’est-à -dire illégal du point de vue des fabricants et exportateurs. Evidemment, cette politique a un prix : je cherchais ainsi une valise Samsonite pour remplacer la mienne, rendue à peu près hors d’usage par Emirates lors de mon vol aller ; celle que j’ai trouvée coûtait 1000 $ environ, contre 300 € à Bruxelles.
Les repas dans un restaurant de moyen standing sont assez chers, même avec la dévaluation de la monnaie locale, et deviennent exorbitants dès que l’on souhaite par exemple commander un vin européen.
La situation de l’emploi
Comme la plupart des régimes dictatoriaux, la Russie se caractérise également par son quasi plein emploi. Mes visites dans de grandes entreprises publiques et semi-publiques, mais également privées, m’ont montré qu’une sorte de nouveau contrat social semble désormais régir l’organisation du travail. Elle n’a en effet plus rien à voir avec celle de nos économies de marché ou des années 2000 dans le pays. Les bureaux sont remplis de jeunes professionnels, apparemment peu qualifiés, peu compétents dans ce qui est sensé être leur domaine d’activité et visiblement peu rémunérés. Une fonction qui serait assurée dans une entreprise contemporaine par un employé est ici confiée à trois personnes, voire plus. J’en suis même arrivé à me demander ce qu’un employé cela va de soi).
Dans certains secteurs, il est cependant difficile d’engager de nouveaux employés. La presse étrangère parle longuement de la fuite de jeunes cadres, dans le domaine des nouvelles technologies en particulier. Même si ce mouvement est réel, les journalistes semblent ignorer que le plus grand nombre travaille désormais à Dubaï, Istanbul ou Tbilissi pour des entreprises de facto russes, souvent d’ailleurs leur ancien employeur. En fait, certaines anecdotes montrent que la guerre atteint directement le marché du travail. Un investisseur kazakh m’a expliqué – à mon grand étonnement – la difficulté pour les chemins de fer de son pays d’engager des conducteurs de locomotives. Ils préfèrent démissionner plutôt que de risquer de conduire des trains qui pourraient aller en Russie car ceux-ci sont systématiquement attaqués par des drones ukrainiens dès qu’ils approchent des ports russes… A tel point que les cabines sont désormais protégées par des barres d’acier ! Il me paraît évident que cet exemple ne saurait se limiter aux chemins de fer kazakhs !
Bien sûr, toutes mes observations ne résultent que de quelques jours passés dans la capitale de la Russie. Laquelle n’est pas – et de loin – représentative de ce qui se passe dans le pays. Une seule journée à une quarantaine de kilomètres des limites de la ville m’en a convaincu, si besoin était. Là , peu de voitures, peu de magasins, et peu de produits dans ces magasins ; pas de rues piétonnes, ni de restaurants ; des personnes plus tristes et moins bien habillées ; la neige sale, noire, n’est pas enlevée et les sapins ne décorent pas les rues ni les trottoirs. Un autre monde…
9 commentaires
… apprécier les plages et le centre commerciaux…
est-ce moi qui débloque ?
Merci a l’IREF d’avoir publié le témoignage de cet entrepreneur belge .
J’ai travaillé en Russie ( principalement Moscou et St Petersbourg , mais aussi visites dans les campagnes ) , et beaucoup de souvenirs sont revenus a la lecture de cet article .
Je garde le souvenir d’une cuisine et d’1 salle de bains communes par palier pour 4 appartements et de vodka vendu au kilo . Spaciba .
Dans ce conflit la Chine est largement gagnante économiquement et si même elle prétend ne pas revendiquer de conquêtes territoriales ( exception faite de Taïwan) son pouvoir économique planétaire est redoutable .
Merci beaucoup pour ce récit !
Très intéressant, merci !
NB Attention à une coquille : “dans ce qui est sensé être leur domaine d’activité”…
censé
Le village Potemkine reste une spécialité russe apparemment !
“Je rêve d’un Poutine français.”
Eric Zemmour
De voir une droite française, pseudo-conservatrice (socialo-étatiste en fait) soutenir cette m…e, est très déconcertant.
Surtout quand on sait que ladite m…e n’a jamais renié son passé communiste, et a voulu réhabiliter l’image de Staline.
Poutine est un ennemi de l’Occident, du monde libre, de l’école classique de pensée du libéralisme, et ne l’a jamais caché.
Enfant, à l’école primaire, j’ai appris qu’il ne fallait jamais faire des affaires avec mon ennemi.
Quand on enrichi ses ennemis, ils finissent par vous planter un couteau dans le dos avec l’aide de votre propre argent.
A++
Votre dernière phrase concerne également, à mon avis, ce qui se passe entre la France et l’Afrique du Nord en particulier.
“Moscou-City (l’anglicisme est d’origine) ” Ce n’est pas un anglicisme, car un anglophone écrirait “Moscow City”, et sans le trait d’union ! “Moscou-City’ est un mot franglais, comme le fameux “Koweït-City” (alors que la ville de Koweït se dit “Kuwait” en anglais), “Panama-City” et même “Luxembourg-City” !