France
« Comme un parfum d’ORTF ». L’intervention impromptue du Premier ministre, Gabriel Attal, dans un studio de Radio France, où il s’est invité pour intervenir durant trois minutes durant un interview de la tête de liste de son parti, Valérie Hayer, a suscité cette réaction outrée du syndicat de journaliste SNJ-CGT, qui n’est pourtant pas connu pour être particulièrement libertarien. Cette intervention d’un chef de gouvernement a de quoi rappeler le temps où « des ministres pouvaient s’inviter à leur guise dans les journaux télé, ou radio, voire en dicter le conducteur » ajoute le syndicat dans un communiqué qui estime cette « prise d’antenne très mal venue », alors que le gouvernement prépare une réforme de l’audiovisuel public.
Les partis d’opposition ont aussi dénoncé une atteinte à la démocratie, alors que, par ailleurs, le président de la République s’apprête, dans les journaux télévisés de jeudi soir, à intervenir dans la campagne européenne à la veille de la clôture de cette dernière, au prétexte de commémorer le débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 1944.
Espagne/Argentine
Le président libertarien d’Argentine, Javier Milei, n’avait peut-être pas entièrement tort, quand il avait fait allusion, il y a deux semaines, aux accusations de corruption portées contre Begona Gomez, l’épouse du Premier ministre socialiste de l’Espagne, Pedro Sánchez. Alors que Javier Milei est en train de redresser spectaculairement les finances publiques de son pays (premier excédent budgétaire depuis quinze ans et chute spectaculaire de l’inflation qui frôlait 300 % fin 2023) après des années de gabegie, corruption, clientélisme et emplois publics fictifs, surnommés « les gnocchis », une de ses déclarations avait mis le feu aux poudres entre Buenos Aires et Madrid : l’Espagne avait décidé en représailles une rupture des relations diplomatiques. Mais Begona Gomez est citée à comparaître début juillet comme suspecte dans une enquête la visant pour corruption et trafic d’influence, a annoncé ce mardi le Tribunal supérieur de justice de Madrid. Au centre de toutes les attaques de l’opposition depuis des semaines, cette affaire empoisonne la vie du dirigeant socialiste, qui avait créé la surprise fin avril, après l’annonce de l’ouverture de l’enquête, en affirmant envisager de démissionner et en suspendant ses activités pendant cinq jours avant de finalement rester à son poste. Mme Gómez est accusée d’avoir, via des lettres de recommandation, aidé un entrepreneur à emporter un appel d’offres public d’un montant de 10 millions d’euros.
Inde
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a remporté mardi 4 juin les législatives qui se sont déroulées en sept phases, avec la participation de 640 millions d’électeurs, record du monde, mais perd la majorité absolue au Parlement qu’il détenait jusque-là. Selon les dépouillements partiels, mardi, son parti nationaliste hindou, le BJP, recule par rapport aux dernières législatives de 2019, au point de devoir compter, pour la première fois en une décennie, sur ses alliés traditionnels afin d’obtenir une majorité. Avec 99% des bulletins dépouillés, le BJP et ses alliés sont en tête avec au moins 291 sièges. Il en faut 272 pour avoir la majorité à la chambre basse de 543 sièges. Mais le seul BJP a 239 sièges seulement, contre 303 sièges en 2019. Visiblement, le statut de grande puissance que Modi se targue d’avoir obtenu pour son pays n’a pas tant que ça impressionné les électeurs, ni la croissance économique pourtant spectaculaire, puisque supérieure à celle de la Chine et proche de 8.2 % sur l’année fiscale 2023-2024 terminée en mars. Il est vrai que cette croissance échevelée cache quelques faiblesses, une main d’œuvre insuffisamment formée et une population trop pauvre pour consommer. Si l’Inde dispose d’un PIB de 3 700 milliards de dollars, au cinquième rang mondial désormais, seulement 60 millions de ses habitants, sur 1.45 milliards, disposent d’un revenu supérieur 900 dollars par mois.
Le parti du Congrès, qui a gouverné presque sans partage l’Inde durant des décennies à partir de l’indépendance en 1947 a doublé son nombre d’élus, avec 99 sièges contre 52 auparavant, un revirement remarquable obtenu grâce à des accords visant à présenter des candidats uniques contre le rouleau compresseur du BJP. Les analystes et les sondages à la sortie des urnes prévoyaient pourtant une victoire écrasante de M. Modi et de son parti, dont la campagne a séduit la majorité hindoue, au grand dam des minorités religieuses. En raison d’un score meilleur que prévu de l’opposition et une majorité réduite pour le BJP, l’indice de référence Sensex a chuté de plus de 7% à la Bourse de Bombay.