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PLF 2019 – Communication versus finance, il faut choisir !

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Dans ce projet de loi de finance 2019, le ton est donné d’emblée. Il est titré « Soutenir le travail, investir pour l’avenir », ce qui suggère une vision interventionniste et étatiste de la politique là où l’on attend un budget engageant le reflux de la puissance de l’Etat. Immédiatement après, dans l’introduction, on peut lire que 2018 marquait la fin de la « dégradation de nos comptes publics, là où le gouvernement stoppait la progression de la dépense publique et entamait la baisse des prélèvements obligatoires. »

Voilà la politique telle qu’elle est pratiquée par ce gouvernement : boniments et approximations statistiques. Comment dès lors espérer une juste politique ? Le rôle de la communication a pris une telle place qu’il en devient ridicule et dangereux, instillant partout le doute. La parole du trésorier n’a plus de valeur. C’est consternant.

S’ensuit un discours d’intention, style méthode Coué ou TD d’école de commerce option marketing. Il ne se trouverait personne dans ce pays pour le défendre sur sa vie :

plf-2019.jpg

Mais peu importe, il régale ceux qui l’ont écrit. Qui encore en France peut se payer de mots ? Ceux qui les écrivent sont grassement payés en tout cas. Non pas qu’il y ait urgence absolue, depuis le temps que la mascarade dure, mais retrouver le sens des mots et du réel en revanche nécessite un impérieux travail.

En pratique, que nous apporte de nouveau ce projet ? Outre les inévitables augmentations des taxes pesant sur les produits du camp du mal, id est cigarettes et pétroles ?

Au-delà de la communication, de l’apprêt mis sur ce plan de loi de finance, que peut-on en retenir, au travers des chiffres ?

6 milliards de baisse d’impôt, vraiment ?

Cette diminution des prélèvements sur les ménages est due principalement à deux éléments déjà évoqués il y a deux ans : le dégrèvement de la taxe d’habitation (pour 80% des ménages) et le changement d’équilibre entre CSG et cotisations. Il s’agit là de vœux de campagnes présidentielles. Ces deux mesures devraient permettre d’abaisser la fiscalité de 7,9 Mds € mais sont compensées par la hausse de la fiscalité dite énergétique et de la CSG. Qu’apporte de nouveau et d’ambitieux ce projet ? Rien.

Ajoutons à cela les diminutions portant sur les entreprises pour atteindre 24,8 Mds€ de baisse d’impôt. Mais si on ne tient pas compte de la transformation du CICE en baisse de cotisation, qui n’est que la normalisation d’une supercherie de François Hollande, le mentor de M. Macron, les charges sur les entreprises augmentent.

Une pression fiscale constante contre le travail

Ainsi, il n’est pas attendu de véritable modification du taux de prélèvements obligatoires. Il est pourtant l’un des plus élevé du monde, voire le plus élevé du monde selon les études. Le projet prévoit bien une baisse dans un premier temps, mais anticipe une stagnation ensuite, signe évident qu’aucune réforme profonde n’est envisagée.

Année 2017 2018 2019 2020 2021 2022
TPO 45,3% 45,0% 44,2% 44,6% 44,6% 44,5%

Pour mémoire, ce taux, signe de la pression totalitaire qu’un gouvernement exerce sur les moyens de subsistance donc d’indépendance des hommes, est de 27,8% en Suisse, pays sans chômage, de 37,6%1 en Allemagne, pays au faible chômage ou encore de 33,1%1 au Royaume-Uni. Il semble donc plus qu’urgent d’abaisser la pression fiscale afin de « soutenir le travail » pour reprendre le titre du document proposé par le gouvernement. Ou au moins modifier la structure de l’impôt car il est vrai qu’un pays fortement imposé comme le Danemark jouit également d’un faible taux de chômage.

La question de la dette encore négligée, le déficit en augmentation

Dans ce projet, on se félicite que la croissance en volume de la dépense publique soit inférieure à la moyenne des trois précédentes législatures. Rappelons néanmoins que dans le cours de ces trois législatures, la dette a augmenté de plus de 100%, passant de 960 Mds€ en 2002 à 2218 Mds€ en 2017 ; désormais elle frôle les 100% du PIB.

Partant de ce modèle, le projet annonce un déficit du budget de l’Etat de 98,7 Mds€ en 2019. Encore une fois, ramenons ce montant à la masse initiale, c’est-à-dire au budget de l’Etat : 291,4 Mds€. Il s’agit donc d’un déficit de 33,9%. Il était de 21,8% en 2017 et serait de 26,5% en 2018 selon les projections. Certes, sans l’effet « CICE », le déficit ne serait que légèrement supérieur à celui de 2018. Mais cela reste un écart financier intolérable. Qui plus est, c’est bien le rôle des gouvernements d’anticiper ces aléas plutôt que de s’en servir en permanence comme paravents de leurs méfaits.

La charge de la dette sera encore le deuxième poste de dépense de l’Etat, à hauteur de 42,1 Mds€, 0,9 Md€ de plus qu’en 2018 alors que les marchés de la dette restent pour le moment très favorables. Qu’est-il prévu en cas de retournement de ces marchés obligataires ?

La croissance économique faible n’inquiète pas le gouvernement

En fait l’Etat ne croit même pas à ses mesures. La croissance anticipée est atone, à 1,7%. Pourtant plus moyen de se cacher derrière la conjoncture internationale. Les Etats-Unis, sous l’impulsion de D. Trump, montrent une belle santé économique (croissance de 2,8% et 2,6% attendus en 2018 et 2019 selon le document, 4,2% au deuxième trimestre 2018 par rapport au même de 2017). En tout point, sa politique est différente de celle d’E. Macron. La croissance mondiale est attendue à 3,3% en 2018 et dans la zone euro, à 2,1% (tirée vers le bas par la France, économie importante de la zone). Cependant le trésorier, quoique bonimenteur, est lucide : son plan ne changera rien. C’est un aveu bien clair : le gouvernement ne croit pas à une amélioration. Tout ce qui entoure ces chiffres par la suite est donc superflu.

Moins de communications, plus de réformes

Moins de communication, moins de « thèmes de travail », moins d’enfumage, plus de simplicité et un seul mot d’ordre : la baisse des impôts et des réglementations. Mais ce gouvernement semble être déjà arrivé au bout de son prétendu désir de réformes. Tout ce bruit produit depuis un an s’atténue et nous ne voyons rien de neuf. Rien n’a bougé, rien ne bougera plus. Mais en-a-t-il été un jour question ? Il ne suffit pas de se mettre en marche, encore faut-il savoir où l’on va.

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2 commentaires

Laurent46 2 octobre 2018 - 5:58

Travailler pourquoi ?
France pays le plus taxé au monde, cela n'étant pas assez le peu de bien que vous pouvez constituer part une fois de plus vers l'Etat principal candidat à la succession, car là aussi la France est championne du monde, seul le Japon et un deuxième tout petit pays sont devant nous, plus pour longtemps d'ailleurs.
Alors pourquoi travailler ? devenez fonctionnaire, peu de travail beaucoup de vacances et d'avantages, ou passer au RSA encore plus de vacances, logement gratuit, charge comme le chauffage gratuit, CMU tout gratos et en, fin de carrière le minimum vieillesse bien supérieur au revenu de bon nombre d'entrepreneurs qui ont toujours payés taxes et charges diverses et créé le peu de richesse que la France peut encore fabriquer. L'usine à Fonctionnaires, politiques nationaux et locaux, cultureux, migrants, assistés divers et autre fainéants sont peut-être la vraie richesse du pays France.

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quilleret 16 octobre 2018 - 9:02

rectification : pour 80% des ménages qui payent la taxe d’habitation.
Bonjour,
il faut précisez 80% des ménages qui payent la taxe d’habitation.

Cette diminution des prélèvements sur les ménages est due principalement à deux éléments déjà évoqués il y a deux ans : le dégrèvement de la taxe d’habitation (pour 80% des ménages) et le changement d’équilibre entre CSG et cotisations.
Amicalement.

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