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Le revenu universel n’est pas libéral et l’enfant n’est pas un produit

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Dans un article de L’Opinion du 25 septembre dernier, il est fait mention d’un « attelage » PMA-revenu universel soutenu par une « alliance » entre les socialistes et les libéraux. En tant que libéraux, nous croyons nécessaire d’apporter plusieurs précisions.

L’IREF a déjà réagi sur le revenu universel qu’il considère comme une proposition complètement étatiste. En quoi un revenu distribué à tous par une entité administrative serait-il une mesure libérale ? La confusion autour du revenu universel est partie d’une fausse interprétation de la théorie de Milton Friedman sur l’impôt négatif. Friedman propose un « impôt négatif » (un crédit d’impôt) sur la différence entre le revenu effectivement gagné par le foyer et le seuil qui se trouve au-dessus. Il s’agit d’un revenu garanti minimum (de x% de la différence entre zéro revenu et le seuil d’imposition), mais celui-ci n’est pas le seuil de revenu à partir duquel le foyer doit payer l’impôt. Ce n’est pas une allocation universelle. La mesure vise à aider les pauvres à sortir de la pauvreté. Le revenu universel est, lui, une forme d’assistanat à vie qu’aurait proposé Lénine et non pas Friedman.

Concernant la PMA, on ne peut que se réjouir des progrès de la médecine lorsqu’il s’agit de soigner des maladies ou d’aider les couples qui ont des difficultés à avoir des enfants. Mais nul besoin d’être un homme d’église, pratiquant ou même croyant pour ne pas craindre les dérives de certaines innovations.

En tant que libéral, oui, on dispose de son propre corps, mais pas pour l’utiliser contre sa finalité, c’est-à-dire le service de notre personne, donc pas pour le vendre. Et l’on n’est pas propriétaire des enfants. Ils ont des droits. La PMA pour tous et la GPA transforment l’enfant en un simple produit de consommation. On fabrique l’enfant comme n’importe quelle marchandise. Où sont ses droits ? A l’heure où l’on voudrait parler du « droit des animaux » dans la Constitution, on ignore le droit des… enfants !

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14 commentaires

Cachou 1 octobre 2018 - 7:19

Impôt négatif = BIEN, Revenu universel = PAS BIEN
Et pourtant ces 2 propositions reviennent strictement au même :

Sur le fond, l'impôt négatif correspond autant que le RU à une allocation sans contrepartie, et il est autant étatiste que le RU car cette allocation est distribuée de la même manière.

Idem au niveau du calcul, on obtient le même résultat : impôt% x (salaire – seuil référence) = (impôt% x salaire) – (impôt% x seuil référence)

La vraie raison pour l'IREF ne serait-elle pas : Impôt négatif = BIEN parce que Friedman l'a proposé, et Revenu universel = PAS BIEN parce que Hamon l'a proposé ?

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Nicolas Lecaussin 2 octobre 2018 - 10:01

Re : Impôt négatif = BIEN, Revenu universel = PAS BIEN
Non, pas vraiment. Comme l’explique très bien l’auteur de l’article sur Friedman. Ce dernier n’a jamais proposé un revenu accordé à toute la population. Par ailleurs, on n’est pas non plus de grands fans de l’impôt négatif…

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Cachou 8 octobre 2018 - 7:14

Bonjour,
J'avais effectivement déjà vu cet article, et c'est justement celui-ci qui m'avait alerté sur cette similitude, en effet :
Pour reprendre le calcul sur l'exemple donné, il revient au même d'attribuer un impôt négatif de 50% sur la différence entre un revenu non imposable et le revenu de référence, que d'attribuer ce revenu de référence et d'imposer la totalité des revenus à 50% :
25000 + (5000 x 50%) = 27500 = (25000 + 30000) x 50%.
D'autre part, tous les autres arguments de fond sur le RU exprimés dans l'article peuvent tout aussi bien s'appliquer à l'impôt négatif qu'au RU (ce qui explique certainement votre manque d'enthousiasme pour cet impôt négatif).
La différence entre ces 2 systèmes n'est donc que sémantique … ce qui peut quand même avoir une importance considérable en politique, j'en conviens.

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Philippe 3 octobre 2018 - 6:26

RU et PMA
Entièrement d'accord avec vous en ce qui concerne la différence FONDAMENTALE entre RU et Impôt Négatif. La subtilité mérite d'être expliquée précisément car même si le résultat des deux mesures peut facilement être comparé, non, la démarche n'est philosophiquement pas la même !

En revanche, je ne comprends pas votre position abrupte sur la PMA et l'amalgame avec le droit des enfants. Pourquoi parler de "vendre son corps", quel rapport ? Quel est donc ce jugement moralisateur de la part d'un libéral ? Si je suis votre raisonnement, vous êtes également pour l'interdiction de la prostitution volontaire ? Bien entendu que les enfants ont des droits mais ils les acquièrent quand il viennent à la vie. La gestation est une immiscion de la vie, souhaitée ou pas, dans le corps de la femme. Or, celle-ci reste libre de pouvoir provoquer, accepter ou non cette situation puisqu'il s'agit de son propre corps. Elle est donc libre de pouvoir décider si elle veut utiliser son corps pour donner la vie ou au contraire refuser de le faire (dans le cas d'un viol par exemple mais aussi toute autre raison qui la regarde). Et si les techniques modernes lui permettent de créer la vie alors qu'elle n'aurait pas pu le faire sans, alors tant mieux !
Pourquoi un enfant issu d'une PMA (ou d'une GPA) serait davantage un "produit de consommation" qu'un enfant issu d'une procréation naturelle ? Selon le point de vue de chacun, l'un peut l'être tout autant que l'autre… Ce n'est qu'un point de vue moral et, si je ne me trompe, d'un point de vue libéral, l'action morale ne peut être que volontaire et choisie.

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Nicolas Lecaussin 3 octobre 2018 - 7:59

Re : RU et PMA
Oui, bien entendu, je n’ai rien contre la prostitution volontaire. Mais un enfant, ce n’est pas une prostituée volontaire. Je suis pour les progrès de la science, pour aider les couples à avoir des enfants (j’en connais plein d’ailleurs). Mais pas pour fabriquer des enfants sur demande et facture. On oublie que dans cette situation il n’y a plus de père. De quel droit on élimine le père ? Un enfant doit avoir un père et une mère. On ne décide pas à la place de l’enfant. De quel droit on lui impose une autre situation ? C’est ce que je considère que c’est normal.

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Philippe 4 octobre 2018 - 10:04

Je comprends votre position mais je pense qu'elle reste axée sur un point de vue moral qui ne regarde que la personne intéressée.
Je ne suis pas convaincu qu'un enfant ait "droit" à un père (ou à une mère dans le cas de la GPA). Depuis la nuit des temps des petits d'Homme se sont malheureusement retrouvés à leur naissance sans l'un ou l'autre ou sans les deux et ont été élevés dans des circonstances heureuses ou pas par des individus (hommes et/ou femmes) plus ou moins charitables sans pour autant créer des personnalités désiquilibrées. Cela fait partie de la grande loterie de la vie.
Je n'ai pas connaissance d'études scientifiques qui démontreraient que les enfants élevés dans des conditions différentes qu'au sein d'un foyer classique traditionnel (selon la norme en vigueur dans nos sociétés modernes, il en a été différemment dans d'autres sociétés par le passé) ne soient pas aussi équilibrés que leurs semblables "normaux".
Vous raisonnez selon les normes qui régissent notre société moderne, à l'instant T et ces normes sont relativement récentes dans l'histoire de l'humanité. Elles ont été différentes en d'autres temps et ne seront certainement plus les mêmes dans les sociétés futures. Votre position est respectable mais pourquoi vouloir imposer votre vision des choses à ceux qui ne pensent pas comme vous ?
Ne dit-on pas qu'il faut "tout un village pour élever un enfant" ?
L'important dans l'éducation, dans la transmission, ça reste l'amour, d'où qu'il vienne.
C'est mon avis.

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Nicolas Lecaussin 4 octobre 2018 - 2:38

Re :
je peux très bien vous retourner votre question : « Pourquoi vouloir imposer votre vision des choses à ceux qui ne pensent pas comme vous? »
Et je ne pense pas qu’un enfant doit dépendre de la « loterie de la vie ». Ce n’est pas un ticket..

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Dominogris 4 octobre 2018 - 4:42

Un enfant a besoin d'une éducation dans l'amour, c'est entendu. Mais il y a aussi le rôle symbolique du mère et de la mère qui va aider l'enfant à s'identifier comme homme ou femme. L'enfant a aussi besoin, pour construire son identité de connaître d'où il vient. Peuvent en témoigner beaucoup d'enfants adoptés. Ils vivent sans connaissance de leurs origines, mais ils le vivent mal. C'est très difficile à comprendre pour quelqu'un qui connaît son père et sa mère.
Certains enfans sont élevés par leur mère seulement à cause d'une séparation. Mais ces enfants ont un père, et ça change tout par rapport à celui qui ne sait pas qui est son père.

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Théophile 21 octobre 2018 - 11:12

Identité entre RU et impôt négatif
Je ne comprends pas très bien cette nuance subtile que vous introduisez entre RU et impôt négatif. C'est mathématiquement rigoureusement la même chose ! Si r est le revenu primaire imposable et <r> la moyenne sur tous les habitants, il s'agit d'imposer chacun à hauteur de T*(r-<r>) où T est un taux d'imposition ; l'impôt est à somme nulle et quand il est négatif, c'est une allocation. T est autour de 25% si il s'agit de remplacer les allocations actuelles (hors AH et APL) ainsi que les deux premières tranches de l'IR ; ça revient à appliquer en effet à tous les foyers fiscaux la formule de la tranche à 30% de l'IR en supprimant en contrepartie la quasi totalité des allocations (resteraient AH et aide au logement). T est voisin de 50% si on ajoute un chèque scolaire et formation pour adulte ainsi qu'un chèque santé. Le revenu primaire moyen <r> est en France d'environ 2000 euros par mois donc on a une version à 500 euros qui remplace le RSA (et allocations voisines) ainsi que le crédit d'impôt lié au quotient conjugal de la tranche à 30% de l'IR…et une version à 1000 euros si les services publics sont payants (assurance santé, école…). Cette mesure coûte mais le coût n'est pas si énorme que ça en France : c'est juste une simplification de l'existant qui évite les trappes et discontinuités (personnes ne voulant pas travailler pour ne pas perdre le RSA par exemple). C'est bien une mesure libérale (parmi les libéraux il y a des libéraus de droite et des libéraux de gauche).

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Nicolas Lecaussin 22 octobre 2018 - 9:35

Re : Identité entre RU et impôt négatif
L’article de l’économiste Emmanuel Martin explique les différences. Il ne s’agit pas de donner un revenu à tout le monde… En même temps, on n’a jamais dit qu’on était en faveur de l’impôt négatif. ET je ne crois pas qu’il puisse exister des libéraux de « gauche » ou de « droite ». Les idées libérales sont les mêmes : liberté, responsabilité, concurrence…

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Théophile 28 octobre 2018 - 11:16

Le revenu universel ne contredit aucun principe libéral. Ce qui n'est à coup sûr pas libéral par contre, c'est de verser des allocations sous condition de ressource (RSA par exemple). Si vous êtes libéral, ou bien vous ne versez rien aux pauvres en bonne santé, mais en toute rigueur ils devront payer leur propre protection par la police (sous la forme d'un abonnement par personne) ou bien vous optez pour le revenu universel financé par une flat tax.

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Nicolas Lecaussin 28 octobre 2018 - 3:15

Re :
Tout ce qui est « universel » est antilibéral par principe. Quand on n’a pas la liberté de choisir, ni la responsabilité, ni la concurrence, ça ne peut pas être libéral. Le revenu universel est un principe léniniste, pas libéral.

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yuropp 17 novembre 2018 - 11:20

revenu universel ou impôt négatif : l'important c'est le rendement
Ce M. Friedman, ça ne serait pas le type qui a "prédit" les effets positifs de de la proposition 13 de H. Jarvis plusieurs années après son vote ? C'est que c'est un grand classique des économistes que de prédire le passé…

L'avantage de parler d'un revenu universel, c'est qu'il s'agit d'un principe qui pourrait être gravé dans la marbre, et non d'un simple "dispositif technique" à la merci d'un obscur compteur de haricots ministériel. Maintenant, il y a les modalités pratiques… Par exemple, la version "Hamon" aurait conduit à une usine à gaz permettant de "justifier" une armée de fonctionnaire.
S'il faut remplir un formulaire, s'il faut "remplir des conditions", si la décision est prise par un "napoléon de bureau" dont le coût permettrait de faire vivre 10 pauvres, c'est intolérable, tout comme l'est le fait de "faire carrière" sur la pauvreté (quitte à pousser des gens à s'arroser d'essence sur la pelouse administrative).

Ce type de revenu doit être in-con-di-tion-nel. Variable avec l'âge, tout au plus (et remplacer les allocs comme le minimum vieillesse ; entre autres…). Seulement, ce n'est pas économiquement viable : il faut reprendre tout ou partie de ce "pognon de dingue" à ceux qui n'en n'ont pas besoin. Mais sans "justifier" de fonctionnaire !!

Une méthode ultra-simple consiste à utiliser les "tranches" de l'impôt sur le revenu en y intégrant des "marches d'escalier". Ce qui veut dire qu'il faudrait en augmenter le nombre pour limiter les effets de seuil (le nombre de tranche ne "complique" que les articles journalistiques ; pour le _tribuable, c'est toujours chercher dans un tableau puis faire une multiplication puis une soustraction). Donc, effectivement, intégrer tout le mécanisme au fisc, pour un coût de fonctionnement égal à zéro fonctionnaires.

Mais ce n'est que la conséquence d'un raisonnement pragmatique, et pas un choix idéologique.

Au fait, pourquoi un revenu universel ? Outre le souci de fournir un moyen d'existence aux plus démunis, cela peut être une frayère pour le développement d'entreprises, sans se faire enchaîner par des banquiers avant même de commencer. Cf. notamment les condition d'écriture du premier tome de Harry Potter… Jamais allocations de chômage généreuses ne furent aussi rentables pour l'économie de l'Angleterre…

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yuropp 17 novembre 2018 - 11:39

PMA (quel rapport avec le revenu universel ?)
Par delà toutes les considérations morales, j'ai deux remarques en forme de question :
1) les CECOS sont une des rares organisations autorisées à faire du profilage raciste dans son stock de paillettes, au motif de permettre à l'enfant à naitre de ressembler peu ou prou à son "père fiscal". Mais en l'absence de mâle dans un couple, comment justifier une telle démarche raciste ?
2) la loi garantit l'anonymat des donneurs de gamètes ; mais cet anonymat est en train de disparaître avec effet rétroactif. Les donneurs qui ont fait confiance à la loi ont eu bien tort… Alors, à quand la condamnation d'un donneur à une pension alimentaire pour "délit de mise d'ADN en paillettes" ?

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