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La mort en face

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Nous supportons aimablement les 6 millions de décès annuels dans le monde de bronchopneumopathies obstructives chroniques et d’infections des voies respiratoires inférieures (source OMS). Et là, tout à coup, l’univers tremble de peur, s’effondre d’anxiété, s’enferme, se terre, refuse de travailler…parce qu’il y a un mauvais virus qu’on ne connaît pas. Il n’a rien à voir pourtant avec nos anciennes épidémies de suette anglaise, typhus, variole, grippe pulmonaire et autre choléra qui décimaient parfois la moitié de la population des villes, quand pour le moment le nombre de morts en France représente moins de 2% du nombre de morts annuels. Certes ce chiffre augmentera. Mais comment la peur a-t-elle pu conduire aussi vite à immobiliser le monde ?

Il y a bien sûr l’effet dramatique de la mort par étouffement, l’insuffisance des moyens et structures sanitaires d’accueil, la rapide propagation générale du phénomène quand Ebola, le Sras, le Mers ou la grippe H1N1 n’avaient guère touché l’Occident… Peut-être simplement que par l’effet des médias, d’une surmédiatisation, nous avons vu la mort en face. La crainte a été inoculée par ceux là même qui voulaient combattre le fléau et ils ont tétanisé des milliards d’individus à travers le monde. En réalité deux éléments nouveaux ont, me semble-t-il, créé ce mouvement de panique : l’étatisation totale de la santé et le refus de voir la mort en face.

Etatisation de la santé

Nos systèmes de santé sont désormais entièrement sous la coupe de l’Etat, notamment via l’ARS. Pour bouger un petit doigt, il faut une autorisation qui monte au sommet et en redescend en plus de temps qu’il n’en faut escalader l’Everest ! Et c’est du temps perdu pour combattre la maladie. C’est aussi autant de précautions inutiles que prend chacun des innombrables intermédiaires de cette longue chaîne de décision pour se prémunir de toute responsabilité personnelle. L’autorité de santé décide de tout pour tous. Elle refuse les tests aux Ehpad où elle a enfermé 700 000 personnes âgées qui risquent d’y mourir de désespoir. Elle bloque les soins à la chloroquine. Elle saisit sans crier gare les masques acquis par les collectivités… L’Etat s’est emparé de l’appareil de santé qu’il gère comme un plan soviétique et avec la même inefficacité. Et il manque tellement de moyens que le préfet de Seine et Marne avait réquisitionné les chasseurs pour surveiller le confinement dans les forêts du département avant d’annuler sa réquisition sous le feu des critiques.

Mais l’Etat, s’étant emparé de la santé, avait fait croire aux gens qu’ils ne risquaient plus rien… puisqu’il était là ! Et il s’est trouvé débordé parce qu’il n’avait rien prévu et que, lourd et centralisé, il était devenu aussi peu réactif qu’un dinosaure dont on dit qu’il a disparu parce qu’il mettait trop longtemps à réagir avec sa tête aux pîqures des serpents sur sa queue. Face à l’Etat-dinosaure la société infantilisée est effrayée de l’impuissance de l’Etat qui faisait croire qu’il était infaillible, elle en est d’autant plus effrayée qu’elle appartient désormais à l’Etat, elle lui est assujettie, elle en est dépendante pour ses soins, ses promenades, son travail, son salaire… L’Etat renvoie son image effrayée à la société dans le miroir de son impuissance.

La peur de la mort

Et dans ce miroir, la société voit aussi la mort qui rôde alors qu’elle ne veut pas en entendre parler. Il y a longtemps qu’on ne lui parle plus de la mort. On lui demande des sacrifices, mais il n’y plus de dieux pour y consacrer.

L’idée même que la vie est sacrée, et par là même le sens tragique de la mort, se sont estompés. Une vie qui ne finirait pas ne serait plus une vie et d’une certaine manière la mort est nécessaire pour donner du sens à la vie. Mais la mort a été exclue de la vie. Au fond, nous avons désormais peur de la mort parce qu’elle nous fait peur de la vie. La mort n’est plus qu’une fin de vie là où elle pouvait être un passage ; elle n’est plus inscrite dans la lignée des hommes comme une continuité et n’offre plus l’espérance d’une autre vie. Elle n’a plus de sens, elle fait immensément peur et cette peur s’amplifie de manière exponentielle quand elle devient collective, quand elle tourne en boucle sur les petits écrans devant des gens confinés dans de petits appartements dont on leur interdit, sous peine de sanctions significatives, de sortir sans motifs précis et sans ce papier qui en d’autres temps était réclamé sous forme d’ « ausweis » dans les rues de nos villes occupées.

Notre civilisation avait peur de la mort, nous avons désormais peur que la vie s’arrête. La peur de la mort ne transcende plus nos horizons mentaux puisque nous avons cru que la mort était entre nos mains. Aujourd’hui on ferme nos églises quand elles accompagnaient les malades autrefois. Depuis deux siècles que nous reportons l’âge de la mort, nous avons cru que nous en étions maîtres. Nous pensons encore que l’Intelligence artificielle nous en donnera les clés. Nous avons voulu décider de la mort et de la vie, de la naissance et de la fin. Nous nous sommes pris pour des dieux et soudain l’actualité nous rappelle que nous sommes mortels. Nous mourrions bien sûr, mais nous voulions le savoir le moins possible parce que nous ne savions plus pourquoi nous mourrions. La mort était banalisée autrefois par son omniprésence, elle l’est aujourd’hui par son silence. On la cache, on n’en parle pas ou si peu. Et quand on vient à en parler trop, c’est la panique qui est prête à tout abandon.

Nous avons peur parce que nous avons perdu le sens de notre responsabilité individuelle, parce que nous ne nous pensons plus comme « personne » mais comme une partie d’un tout, une particule dépendante d’un astre mort encore habillé des habits du roi. Ce virus est peut-être la manifestation ultime de celui de l’étatite aigue qui nous dévore, qui nous abaisse, qui nous rend incapable d’affronter notre destin et de le maîtriser. A nous de reprendre en main notre sort.

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2 commentaires

Béatrice 15 avril 2020 - 2:18

H1n1
Merci pour votre article.
Je me permets cependant une remarque,
la H1N1 a bien sévi en France entre 2011 et 2012, je ne connais pas les chiffres concernant les décès, tout ce que je peux vous dire ici, dans ce modeste commentaire, c’est que ma maman est morte en décembre 2012 de la grippe H1N1, au Chru de Clermont-Ferrand. Cette certitude vient bien évidemment du résultat des analyses faites la veille de sa mort.
Je fais également partie de ceux qui l’ont attrapée, et mon papa aussi.

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PICOT 4 février 2021 - 12:34

Oui, il faut mourir un jour.
Excellentes réflexions. Ce virus est peu dangereux mais nous met sous le nez que nous mourrons un jour, quoique nous fassions. Inacceptable pour beaucoup, on ne veut pas le savoir. Dans ce but l'Etat, qui prétend vouloir nous protéger et s'occuper de tout, surtout dans les domaines où il est parfaitement incompétent, nous enferme et nous empêche de vivre. Autrement dit il nous tue en prétendant nous protéger. C'est ainsi que la France mourra…guérie. Peut être.

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