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Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme

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Le titre de son livre est trompeur. On s’attend à un programme de campagne électorale présidentielle. Ce n’est pas le cas, à un sujet près, l’immigration, préoccupation principale d’Eric Zemmour, pour lequel il propose un programme qu’il veut faire approuver par référendum : fin du droit du sol, de la double nationalité (notamment pour les délinquants), du regroupement familial, encadrement du droit d’asile, préférence nationale pour les allocations familiales, le logement, etc.

Ce programme ne comprend pas les réformes proposées par Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse : comme les Danois, limiter à 30 % le nombre d’enfants d’immigrés dans les collèges et lycées et à 40 % la proportion de logements sociaux dans les ghettos ; mettre en détention les déboutés du droit d’asile.

Ce n’est sans doute qu’un oubli. Peut-être Eric Zemmour pourrait-il, au lieu de se plaindre d’être copié par les candidats à la présidentielle, s’inspirer de leurs propositions.

L’essentiel du livre est le récit des nombreuses rencontres – surtout des déjeuners – qu’il a eues comme journaliste politique avec les principaux dirigeants politiques français.

Comme sa parole, la plume d’Eric Zemmour est libre, acérée, pertinente, insolente et même indifférente aux inimitiés qu’elle lui vaudra. Il n’hésite pas à publier ce qu’Edouard Balladur pense d’Emmanuel Macron (« surfait et verbeux »), de Valérie Pécresse (« imbécile »), ce qu’il pense lui-même de Nicolas Sarkozy (« voyou » ; « Attila de la droite » ; « inculture crasse »), de Jacques Chirac (« un homme de gauche »), de Laurent Wauquiez (« pusillanime »), d’Emmanuel Macron (« un Hollande en mieux vêtu »), de « Marine le Pen ( « qui ne comprend rien à l’économie »), de Bruno Le Maire (qui « retrouve les joies socialistes de l’économie d’Etat »), ce que Xavier Bertrand pense de lui-même (« pas à la hauteur »). Il va jusqu’à relater une conversation avec Emmanuel Macron qui lui a demandé un plan sur l’immigration.

Sa culture historique, littéraire, cinématographique et footballistique est impressionnante. Presqu’autant que son inculture en économie et en histoire économique.

Il déplore les « ravages que la modernité a causé à la France », comme si notre déclin économique était dû à la modernité. Pour lui, « Steve Jobs a eu le génie de créer des produits dont on n’avait pas besoin … et a laissé un champ de ruines ». Eric Zemmour n’utilise-t-il pas un téléphone mobile ? Ignore-t-il les résultats d’Apple ?

Il ne sait pas que la puissance industrielle de l’Angleterre victorienne est due au libre-échange instauré en 1848, celle de la France du Second Empire au traité de commerce avec l’Angleterre, que le protectionnisme des années 30 a aggravé la crise de 29, que le protectionnisme de la Corée du Nord et de Cuba a ruiné leurs économies, que le développement de toute l’Asie orientale est dû au libre-échange.
Il abhorre les « libéraux et libertaires » et leur libre-échange. Il ne faut pas « faire dépendre la croissance économique des seules exportations ». Comme si la compétitivité des entreprises n’était pas une source de progrès. « Les accords de libre-échange favorisent les grands groupes et la finance ». Et pas les PME ?

Il fustige « l’universalisme marchand de l’Occident … uniformisé par le rouleau compresseur de la mondialisation ». Les consommateurs occidentaux ont-ils moins de choix que ceux des dictatures communistes ? La mondialisation est « à la fois délocalisation et immigration ». Il semble ignorer que les libéraux ne sont favorables à l’immigration que sous certaines conditions, et qu’ils promeuvent la liberté de choisir ses invités, c’est-à-dire les immigrés.

Eric Zemmour fait l’éloge de Valéry Giscard d’Estaing « polytechnicien colbertiste ». Mais en même temps il constate qu’il « accabla les entreprises d’impôts et de charges sociales », responsables de la « désindustrialisation du pays », et qu’il « avait désarmé le pays… un crime impardonnable ».

Il critique la gauche « libérale et mondialiste » qui aurait « bradé la protection de son économie pour le libre-échange … et le pouvoir d’achat des consommateurs ». Il s’imagine que « les libéraux et libertaires dominent la scène intellectuelle et politique occidentale depuis les années 1970 ». Comme si l’islamo-gauchisme qu’il déplore et les autres thèses de gauche ne s’étalaient pas dans les media.

Il refuse de « se soumettre aux lois de l’économie » car « la politique doit piloter l’économie ». Comme dans une démocratie populaire !

Son admiration va à des hommes de gauche : Jean Jaurès, Philippe Séguin, Jean-Pierre Chevènement.

Il constate avec plaisir que « tout homme de droite est un ancien homme de gauche et qui entend le redevenir », car « la tradition a fait de la droite une ancienne gauche ». Sans voir qu’il illustre lui-même cette remarque. Eric Zemmour n’est pas d’extrême-droite. Il est économiquement de gauche.

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18 commentaires

Max Falque 15 octobre 2021 - 5:07

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Excellente critique mais si Zemmour est élu c’est à nous de lui fournir des munitions acceptable par une opinion fondamentalement étatiste. L’échec de l’excellent Alain Madelin doit nous servir de leçon.
Le pb de l’immigration est urgent et le résoudre ouvrira peut être la voie à d’autres réformes peu populaires.

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Roven 15 octobre 2021 - 5:15

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Un homme politique n’est pas une assistante sociale (intéressée) à la Macron.
E. Zemmour réveille le marécage politique où s’agitent des gens sans véritable projet. Depuis son irruption, le débat a repris de la vigueur, ce qui est consternant est que tous les autres sont pris au dépourvu : ah bon, pour avoir un poste ,il faut avoir des idées, un projet ? … !

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Serge GRASS 15 octobre 2021 - 5:48

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Cet article repose sur le principe que l’économie ne peut être que marxiste ou libre sans contrôle. C’est à dire soit, la dictature du prolétariat, soit la dictature des marchands. Entre ces deux extrêmes il y a beaucoup de place !! La mondialisation actuelle met les entreprises françaises, très chargées en impôts taxes, prélèvements et normes diverses en concurrence avec des entreprises, qui à l’autre bout du monde n’ont de compte à rendre que à leurs actionnaires. Cette concurrence déloyale a fait la fortune des marchands intermédiaires qui font produire dans les enfers sociaux, vendent dans le temples de la consommation et placent leurs profits dans les paradis fiscaux. Le commerce n’est pas le but de l’humanité, c’est un moyen au service de ‘humanité ! La liberté absolue c’est la loi du plus fort et du plus malhonnête !

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Marsaudon 15 octobre 2021 - 7:27

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
sur le fonds,il justifie avec raison la priorité absolue: si un sportif a un cancer grave, il aura beau s’entraîner, son cancer le tuera….nous en sommes là avec l’immigration..

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Gauthier 15 octobre 2021 - 7:44

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Bonjour,
J’ai entendu dire que Charles Gave conseillait Zemmour.
Est-ce vrai ?
Si c’est le cas on ne peut pas dire que C. Gave est un étatiste.

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Andy Vaujambon 15 octobre 2021 - 8:31

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
EZ fait de la politique et préfère sans doute parler de thèmes mobilisateurs pour une majorité d’électeurs, plutôt que de techniques économiques ou financières plus difficile à appréhender par M. ou Me. Michu.
Souvenons-nous de Pinochet qui, après avoir sauvé par les moyens tristes mais inévitables que l’on sait, son pays d’une dictature marxiste, n’a pas nié son incompétence en économie. Il a alors fait appel à des experts de l’école de Chicago, et le Chili a connu une période de croissance que beaucoup de ses voisins regardèrent avec envie.
EZ n’est pas candidat au ministère de l’Économie, mais à la présidence de la République. À lui élu de savoir s’entourer.

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Patrick Coquart 15 octobre 2021 - 8:55

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Excellent article.
En attendant de prendre peut-être une veste aux élections, voilà Zemmour rhabillé pour l’hiver !

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en fait 15 octobre 2021 - 9:03

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Bonjour,
n’ayons pas peur !
n’ayons pas peur des mots, E.Z. écrit des slogans, c’est son métier. Il est peut être économiste de gauche, c’est certainement pour dire plus proche du commissaire politique que du commissaire aux comptes, bon d’un autre côté la gestion c’est « vulgaire ».
n’ayons pas peur des maux, un peu comme E Le Roy Ladurie qui confondait joyeusement rendement et productivité !.
n’ayons pas peur des maux, préparons nos € .
Cordialement.
jacques.

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Jean-Maurice Parnet 15 octobre 2021 - 10:45

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Votre lecteur « Marsaudon » a PARFAITEMENT résumé la situation de la France, et au-delà, de l’Europe:

CITATION
# Le 15 octobre à 07:27, par Marsaudon En réponse à : Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme

« Sur le fond, il (Zemmour) justifie avec raison la priorité absolue :
si un sportif a un cancer grave, il aura beau s’entraîner, son cancer le tuera….
Nous en sommes là avec l’immigration.. »
FIN DE CITATION
C’est triste à dire mais je rencontre CHAQUE JOUR des patrons de TPE/PME et des dirigeants de plus grandes entreprises qui me disent, hébétés et tristes: « Ca ne sert plus à rien de se crever la paillasse 60 heures par semaine car 1/ nos efforts ne feront que retarder l’issue fatale (du Grand Remplacement) et 2/ dans l’intervalle ce sont les envahisseurs ET LEURS ALLIES FRANCAIS COLLABOS qui profiteront de nos efforts »

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Tristan 15 octobre 2021 - 11:33

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Votre article est intéressant mais comme le soulignent les deux derniers commentaires il reste marqué par le cadre idéologique ou la France est bloquée depuis longtemps.

Certes le second empire a su trouver un accord de libre échange (très limité) avec le Royaume Uni mais il a su aussi structurer l’économie par des politiques sectorielles ou l’état jouait tout son rôle et rien que son rôle. Il a aussi reconnu les syndicats, il a établi la liberte scolaire… bref il a été pragmatique et non idéologue.

Zemmour n’est certainement pas une référence sur les sujets économiques. Mais il a le mérite de tenter de sortir de la vision idéologique purement française ou on doit choisir entre libéralisme et étatisme. L’Allemagne qui protège ses PME des investisseurs étrangers et du droit international du travail est elle libérale ou étatiste ? La vérité est qu’elle est plus étatiste que la France par le soutien que les politiques apportent aux entreprises privées et plus libérale par la maîtrise rigoureuse de la dépense publique et des revendications syndicales qu’elle poursuit quelle que soit la majorité en place.

La vraie faiblesse de Zemmour est la même que celle d’Emmanuel Macron: il est trop isolé sur la scène politique pour pouvoir mener une politique économique intelligente. Celle ci suppose un ancrage politique sur le terrain, une expérience de ce que le politique peut faire pour aider les entreprises à se développer. Seul cet ancrage peut prémunir contre ce qu’il ne faut pas faire et que beaucoup font depuis longtemps : se laisser guider par l’idéologie et non par la raison.

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Laurent MOTTE 15 octobre 2021 - 2:32

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Bonjour,
merci pour cet analyse très critique,
merci pour tous les commentateurs, et le niveau des débats.
je reprends les commentaires de Tristan, Jean-Maurice Parnet, Andy Vaujambon, Marsaudon, Serge Grass, auxquels j’adhère.
Je ne vais pas me risquer à la controverse en économie.
Mais au vu des résultats des politiques mises en place par des gens sûrement intelligents, depuis Giscard d’Estaing, dans les domaines de l’économie, de l’immigration ou de gestion de l’Etat, il y a sûrement de quoi se faire du souci.
Car intelligent n’est pas obligatoirement synonyme de compétent. Il manque certainement beaucoup de bon sens à beaucoup d’hommes politiques. Et cette intelligence est totalement pervertie par la soif absolue du pouvoir, l’idéologie, le mensonge, le mépris dans lequel sont tenus les « administrés », le manque de considération pour tout ce qui fait l’intérêt ou la spécificité de la France.
Il n’est rien sorti du quinquennat de monsieur Macron, dont on vantait tellement la compétence en matière économique notamment. Alors changeons vite, donnons la place à des hommes attachés à des VALEURS et des PRINCIPES. Comme dit Andy Vaujambon, au président de la république de savoir s’entourer.

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Jacques Peter 15 octobre 2021 - 4:50

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Zemmour est utile pour s’attaquer au problème fondamental de l’islamisation du pays. Par contre son a-libéralisme serait une catastrophe pour l’économie. Quand aurons-nous un leader politique qui défendra à la fois l’identité et la liberté?

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goufio 16 octobre 2021 - 7:41

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
« L’Etat moderne est inefficace et nuisible. Puisqu’il est inefficace on pourrait se passer de lui ; puisqu’il est nuisible on devrait le faire » – Murray N. Rothbard – Man, Economy, and State- Princeton – 1962

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goufio 16 octobre 2021 - 7:51

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
“L ‘ineptocratie est un système de gouvernement dans lequel les moins capables de diriger sont élus par les moins capables de produire quoique ce soit pour subvenir à leurs propres besoins, mais qui, néanmoins, sont récompensés en recevant biens et services produits par des gens à qui l’on vole le produit de leur travail et dont le nombre ne cesse de diminuer. »- Paul Flynn – 2011

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goufio 16 octobre 2021 - 7:51

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
« Le libéral n’a que faire de la politique. Il respecte la dignité et la propriété d’autrui. Il honore sa signature et tient consciencieusement ses engagements. Il s’attend à être traité de même. Voilà ses seules lois. » – Christian Michel

« Quand j’entends quelqu’un parler de « solutions politiques », je sais que je n’ai pas affaire à quelqu’un de sérieux. » – George Carlin

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Ghislaine FEDYCKI 17 octobre 2021 - 3:06

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
très bonnes réflexions la principale ‘un cancer est un cancer et par des efforts on se prend a croire a l’immortalité !!!!
double ceci double cela on ne contrôle plus rien
ce qui se présente c’est le ‘le grand remplacement et là paroles paroles paroles !!!
ce qui me semble VRAI c’est que tout a déjà été réel alors 0U EN SOMMENE NOUS ????
moi je crois que MONSIEUR ZEMMOUR GARDE SES ESTOCADES POUR LA FIN
6 MOIS C’est beaucoup et c’est peu !!!!
monté en flêches et bien c’est normal puisque nous naviguons toujours sur ORGUEIL JALOUSIE ET MENSONGE !!!!
IL n’a fait que dire ce qu’il connaît

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Obeguyx 17 octobre 2021 - 8:20

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Merci M.Goufio. Tout est dit et il n’est point besoin d’en rajouter. Avec ces quelques lignes misent en titre, finit les commentaires, les crétineries en tout genre et enfin on laisse les mouches tranquilles (plus de viols si vous voyez ce que je veux dire).

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Justin Gilead 23 octobre 2021 - 11:59

Eric Zemmour entre la droite, la gauche et (surtout) l’étatisme
Bonjour,
Vous ne comprenez pas la critique que fait Zemmour du libéralisme.
Vous avez une façon de gauche de lire les choses. Zemmour est réactionnaire. De fait, il abhorre les doctrines révolutionnaires et modernes; plus précisément: le socialisme et le libéralisme.

Les idées de Zemmour sont certes criticables, car il voit des gens de gauche partout. C’est risible. Toutefois, en bons révolutionnaires, vous êtes également persuadés que vos idées libérales sont triomphantes. Vous donnez ainsi raison à Zemmour.

Vous défendez une vision idéaliste du commerce international. Le « libre-échange » est pratiqué par des pays, naturellement protectionnistes, seulement lorsqu’ils ont la main dans les relations internationales : le mercantilisme anglo-saxon est bien connu. De plus, les valeurs défendues au sein de la Haute société ne sont pas bourgeoises et libérales, mais bien aristocrates. L’aristocratie nobiliaire et cléricale a été remplacée par une aristocratie financière. Nous sommes dirigés par des Laurent de Medici et non pas par entrepreneurs révolutionnaires et progressistes. Votre fameux « capitalisme de connivence » porte un nom: aristocratie !

L’opposition se joue entre révolutionnaires / réactionnaires et non pas entre libéral / etatiste.

S’ils suffisait d’être en faveur de la liberté d’entreprendre pour être libéral, alors les royalistes, les conservateurs aristotéliciens et les poujadistes seraient libéraux. La droite n’a pas la même vision que les libéraux de l’économique: ils voient dans l’entreprise une affaire de familles et de communautés (la très « libérale » Thatcher par ex, défend cette conception ), là où les libéraux voient des individus atomisés et nomades, possédants des  » droits individuels » innés.

Cordialement,

Justin Gilead

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