Selon l’INSEE, le chômage a reculé au deuxième trimestre pour s’établir à 9,6% de la population active selon les critères du BIT. En trois mois, ce sont 74 000 personnes de moins. Cette baisse n’est malheureusement qu’un trompe l’œil. Elle est sans doute essentiellement due au plan des 500 000 formations qui aurait déjà permis de prendre en charge plusieurs dizaines de milliers de chômeurs transférés à cette occasion de catégorie A en catégorie D. Or ce sont les chômeurs de catégorie A qui font la Une, ce sont ceux dont la courbe doit être inversée pour que le Président de la République pense avoir réussi son pari.
Mais le plan formation n’est pas le seul stratagème utilisé pour faire baisser le chômage artificiellement. La prime à l’embauche pour les PME, lancée en début d’année, a largement contribué, elle aussi, à dégonfler les statistiques. 583 000 de ces aides avaient été demandées mi août et il est estimé que ce mécanisme devrait permettre une création nette de 60 000emplois sur l’année 2016. Mais ce dispositif qu’il a été décidé de prolonger en 2017, aurait un coût de 2Md€ au titre des seuls contrats signés en 2016. Cette prime de 2 000€ par an et par embauche, versée pendant deux ans pour tout CDD ou CDI, est bienvenue pour les PME. Sauf que selon une étude du Trésor publiée ce 22 août, « A terme, la prime à l’embauche étant temporaire, l’impact sur le niveau d’emploi s’annulerait à horizon cinq ans ». Un coup pour rien en quelque sorte sauf que ça aura couté aux contribuables 4Md€ pour les années 2016/2018.
Parallèlement, les personnes qui recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles dans les deux semaines sont rayées de la catégorie A et il y en a eu 29 000 au deuxième trimestre. Dans le même temps, le nombre de personnes travaillant à temps partiel et souhaitant travailler davantage ou ceux ayant travaillé moins que d’habitude pour des raisons de chômage technique ou partiel ne sont pas enregistrés non plus en catégorie A et leur nombre a augmenté de 90 000. Les radiations administratives de la catégorie A progressé de 27,8% en un an contre une baisse de 19,3% sur une même période en juillet 2015. Le Gouvernement se prévaut d’une politique volontariste pour faire baisser le chômage. Oui, elle existe … sur le papier. En d’autres domaines on dirait que ceux qui font ça sont des faussaires.
Et néanmoins, malgré les subterfuges multiples qu’elle invente tour à tour, la France n’y arrive pas ou si peu, même sur le papier. En Allemagne le taux de chômage est de 4,2%, en Angleterre de l’ordre de 5% ; en Espagne il a décru de 20% depuis le pic de la crise, au Portugal il est passé de 17,5% en 2013 à 10,8% au deuxième trimestre 2016. Cherchez l’erreur ! Si la France rendait aux entreprises tout l’argent qu’elle verse dans le tonneau des Danaïdes de l’administration du chômage, il y aurait sans doute plus de vais emplois.