Biberonné aux subventions depuis 35 ans, l’acteur communiste Nicolas Bouchaud s’inquiète des coupes claires dans le « secteur public de la culture ».
L’acteur Nicolas Bouchaud est présenté comme un habitué du festival d’Avignon qui « a fait sa carrière dans le théâtre subventionné » depuis 35 ans et qui est « engagé dans la lutte pour la défense de l’intermittence ». Il ne pouvait donc être qu’en terrain conquis en donnant un entretien à L’Humanité le 24 février 2025.
Nicolas Bouchaud a contesté l’idéologie du « capitalisme culturel » selon laquelle le public préexisterait à la « proposition artistique », un « mensonge », une « fiction, un tour de passe-passe qui permet de faire passer le pouvoir du capital pour la demande des consommateurs ». Il a mis en garde : « Plus les Etats se droitisent, plus la subvention est prise dans un imaginaire viriliste (sic) : celui qui la reçoit serait un assisté, alors que le secteur privé serait toujours du côté de l’argent vrai ».
On comprend dès lors que la « culture publique » ne s’abaisse pas, elle, à cette idéologie sordide. Mais qu’est-ce que cette « culture publique » ? A quoi sert-elle, si l’on peut user de cette expression bassement utilitariste ? Réponse brumeuse de notre communiste : « Une culture publique repose sur la possibilité de concevoir un « tous » supposé, qui n’appartient à aucune catégorisation. (…) Une culture publique sert à subventionner des choses dont on ne sait pas si elles vont atteindre leur but »…
Il faut surtout retenir de l’entretien cette phrase, reprise d’ailleurs comme titre de l’entretien : « On doit se battre contre une idéologie qui vise à transférer la culture vers le secteur privé ».
Jouant actuellement une adaptation théâtrale du film de Nanni Moretti, Palombella Rossa, Nicolas Bouchaud connaît évidemment les honneurs du service public de l’audiovisuel. C’est ainsi qu’il a pu déclarer sur France Culture le 10 février : « Moretti a fait ce film par peur qu’on ne retienne que le négatif du communisme, donc le stalinisme, et qu’on oublie tout ce qu’il y a eu de positif » ! Si notre acteur avait employé le terme « nazisme » à la place de communisme, il aurait été mis fissa en garde à vue pour apologie de crimes contre l’humanité (sans mauvais jeu de mots, s’agissant du quotidien précité…).
Il faut rappeler à ce chantre du théâtre subventionné et du prétendu service public de la culture que le secteur privé ne se limite pas à la sphère marchande, car celle-ci ne constitue qu’une partie de la société civile. Il faut également lui rappeler que le gouvernement ne se confond pas avec la société et que, partant, ce n’est pas parce que l’État n’interviendrait pas que la culture disparaîtrait pour autant.
Le mérite de cet entretien est de démontrer une nouvelle fois l’importance de reconsidérer, et le plus vite possible, l’interventionnisme de l’État au sens large, collectivités locales diverses et État central, dans le secteur de la culture.