Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans a retenu la proposition de transformer la société Duralex, le célèbre fabricant de verre incassable dont les origines remontent à 1945, en société coopérative ouvrière de production (Scop) à compter du 1er août. Le dossier Duralex est très représentatif de ce qui se fait de pire dans notre pays.
Rappelons que Duralex connaît depuis de longues années d’importantes difficultés dans un secteur largement sinistré en France. Elle a été déjà mise en redressement judiciaire et elle était sous perfusion publique avec d’abord un plan à hauteur de 2,5 millions d’euros, puis un prêt à taux préférentiel en 2022 à hauteur de 15 millions d’euros. Ce qui devait arriver arriva : la société a été de nouveau mise en redressement judiciaire en 2023.
Le 31 juillet, à la fureur de certains hommes politiques locaux, l’autoproclamée future Première ministre, Lucie Castets, a rendu une visite très politique aux salariés de Duralex, entourée des représentants du Nouveau Front populaire. Saluons le courage de la fonctionnaire de la Ville de Paris qui a pris sur ses vacances pour se rendre dans une ville sinistrée. Il est vrai que ses vacances lui sont payées par les contribuables alors que si, comme elle l’aurait dû, elle s’était mise en disponibilité de la fonction publique, elle n’aurait plus coûté un centime auxdits contribuables…
Lucie Castets en a profité, avec sa grande expérience du monde de l’entreprise, pour tancer le Pouvoir et faire part de la « nécessité d’un changement de méthode », à savoir « faire confiance davantage aux salariés et aux représentants syndicaux ». Sans citer, on pouvait s’y attendre, les entrepreneurs dont, dans la citadelle des finances de la Ville de Paris, elle ne connaît manifestement pas le rôle.
Sa visite n’a pourtant guère été couronnée de succès. Certains représentants syndicaux ont refusé de la rencontrer puisqu’elle ne représentait rien. Par ailleurs, Lucie Castets s’est pris une volée de bois vert de la part du ministre de l’Industrie démissionnaire, Roland Lescure, qui a souligné l’engagement de l’État et des collectivités locales, et de la part du député-maire de droite d’Orléans, Serge Grouard, qui a parlé d’un « beau projet » de Scop pour lequel il s’était « tant battu ».
De son côté, le président socialiste de la région Centre-Val de Loire a salué la décision du tribunal comme une « victoire sociale » car tous les emplois ont été préservés, soit 226 à ce jour. Telle est en effet la question principale. Le délégué CGT de l’usine s’était opposé au projet de transformation au motif qu’il ne le considérait pas comme viable et il aurait préféré que l’un des deux projets de reprise par une société (privée) soit validé par le tribunal. Mais ces deux projets ne gardaient, respectivement, que de 185 et 125 emplois. Inacceptable pour le gouvernement comme pour les hommes politiques locaux de droite et de gauche.
En définitive, le modèle que loue Lucie Castets implique de maintenir une société sous perfusion publique au prétexte de sauvegarder, du moins dans l’immédiat, la totalité des emplois d’une entreprise en déliquescence. En effet, chiffre rappelé par le ministre, 19 millions d’euros ont été injectés par l’État et les collectivités locales depuis 2019… en pure perte. Avec le projet validé de Scop, la métropole d’Orléans s’engage financièrement pour un montant estimé de 5 à 8 millions d’euros. Quant à la région socialiste, elle double l’apport en capital des salariés à 120.000 €, elle donne une avance remboursable d’un million d’euros et elle garantit avec la Banque publique d’investissement (quel investissement dans un secteur d’avenir !) les prêts bancaires de la société.
Les contribuables, déjà mis à rude épreuve dans cette affaire Duralex depuis plusieurs années, risquent de trouver la plaisanterie saumâtre. Il est difficile de calculer aujourd’hui le coût du maintien de chacun des 226 emplois, mais il doit déjà compter de nombreux zéros…
6 commentaires
En son temps, Giulio Mazarini n’avait-il pas fustigé certains je ne sais plus quoi de :
comédianté, tragédianté… ?
Christian
Manifestement les expériences du passée comme le cas Lejaby, ne servent à rien. Il est vrai que quand on dépense l’argent des autres, les déconvenues ne sont pas très marquantes.
Pour une fois que la CGT soutenait des investisseurs privés malgré une baisse des effectifs, ce qui rendait l’entreprise viable, et économisait des fonds publics, pourquoi donc s’être entêté à retenir une si coûteuse solution de SCOP? Sans doute pour permettre à des politiciens locaux et régionaux de se montrer et pavaner, voire se faire réélire, sans réel souci du bien commun.
J’ai connu ça en 1978, à Decazeville; où finalement cela a fermé trois ans plus tard, après des millions injectés pour rien !!!
Le plus grave est que tout cet argent est détourné de projets viables au seul profit… pas des employés Duralex, mais de politiciens de gauche qui s’en servent pour soigner leur image. La encore on peut parler de complot car le but réel n’est pas celui annoncé !
Les malheureux employés de Duralex ne sont que des instruments, et je ne parierais pas cher de l’avenir de leurs emplois.
Les pseudos politiques continuent de jongler avec notre argent,tant que ça paye médiatiquement.!!Dans le privé ils seraient virés immédiatement pour incompétence.
Pourquoi s »acharner à maintenir en vie la société Duralex mourante, en continuant à injecter des millions d’euros qui vont disparaître sans aucun résultat positif: quel gâchis! Je constate depuis longtemps que les politiques ont toujours « le coeur des autres sur la main »