FIGAROVOX/TRIBUNE – Dans la région PACA, les élus régionaux vont voter pour ouvrir la ligne Marseille-Nice à la société privée Transdev. Selon les chercheurs de l’IREF, cette pratique est judicieuse afin de réduire le coût important de la SCNF pour le contribuable.
Mieux vaut tard que jamais. À force de subir le service peu satisfaisant et trop cher de la SNCF sur la ligne Nice-Marseille, le conseil de la région Provence-Alpes-Côtes-d’Azur proposera à ses élus l’exploitation de la ligne par l’entreprise Transdev. Cette privatisation d’une ligne qui rassemble 10% du trafic régional sera une bonne vitrine de ce que la privatisation du système ferroviaire peut apporter à la France.
Chaque année, les contribuables français versent près de treize milliards d’euros à la SNCF, soit 1 000 euros par contribuable et par an, qu’ils prennent le train deux fois par semaine ou une fois par an, voire jamais. Ils doivent bien sûr payer en plus leurs billets lorsqu’ils deviennent clients de cette société fort coûteuse, mais n’ont plus que le quart de ce billet à payer, puisque le contribuable paie le reste.
Si la SNCF nous coûte si cher, ce n’est pas parce qu’elle propose un service particulièrement efficace et utilisé. Bien au contraire, son taux de régularité, c’est-à-dire le taux de trains arrivant à l’heure à leur terminus, n’est que de 90,3% pour les trains régionaux, contre 97,5% pour les Pays-Bas, 96,8% pour la Suisse, 96,3% pour l’Allemagne, 92,9% pour la Grande-Bretagne. Le contribuable paie donc des trains en retard, et souvent vides : les TER le sont aux trois quarts, les Intercités à moitié. Mais le contribuable ne paie pas seulement des infrastructures et trains peu utilisés : il paie aussi les privilèges des agents de la SNCF. Ainsi, le tiers des treize milliards de subventions annuelles payées par le contribuable va aux retraites des anciens employés de la SNCF, qui peuvent prendre leur retraite à 57 ans, voire 52.5 ans pour les roulants. En effet, les cotisations des salariés ne paient que 38% des pensions. La privatisation de la SNCF permettrait de mettre fin à cet avantage aujourd’hui injustifiable, qui n’est pas le seul dont bénéficient les employés de la SNCF. Il faut y ajouter des salaires de 15 à 30% supérieurs à ceux des salariés français, pour 15% de jours travaillés en moins.
La privatisation de la SNCF permettrait au contribuable de ne plus donner des milliards d’euros à une société déficitaire, dont la dette atteint près de 40 milliards d’euros, et à l’usager de trouver un service amélioré. C’est ce qu’ont vécu les Allemands avec l’ouverture à la concurrence du système ferroviaire allemand en 1994. L’État allemand avait, en contrepartie, repris la dette de la Deutsche Bahn, à l’époque de 35 milliards de Deutsche Marks (18 milliards d’euros). Aujourd’hui, ses coûts de production sont 30% inférieurs à ceux de la SNCF et sa fréquentation augmente de 1,6% chaque année, pour une augmentation totale de 30% depuis 1990.
Le cas de la Deutsche Bahn n’est pas isolé, et les bienfaits de l’ouverture à la concurrence sont montrés par nombre de nos voisins européens. Le Conseil européen demande d’ailleurs, depuis le début des années 2000, l’ouverture à la concurrence du secteur ferroviaire, et il n’y a guère que la France qui freine des quatre fers face à un système pourtant prometteur. En Italie, la concurrence a été ouverte sur les lignes à grande vitesse entre Turin, Milan, Venise, Bologne, Rome et Naples. Grâce à la concurrence, les sociétés ferroviaires ont fini par fournir des services de qualité à des prix abordables, d’où une explosion de la demande. En seulement trois ans, la fréquentation des lignes concernées a augmenté de 50%, et l’offre de trains de 61%. Quant aux prix, ils ont baissé de 31%. Même en Grande-Bretagne, où les billets sont pourtant coûteux, les usagers ferroviaires augmentent de 6% chaque année, preuve que les clients sont prêts à payer un service plus cher, pour peu qu’il soit efficace.
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6 commentaires
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
Je me souviens d’une époque, pas si lointaine, où les trains étaient très ponctuels, au point que dans certains villages, les habitants connaissaient l’heure en fonction du passage des trains. Ces temps là sont passés, ils reviendront peut-être !
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
le rail a fait son temps : il ne saura jamais parcourir les derniers kilomètres, nous évier la promiscuité gênante (inconvenante et j’en passe) le train ne peut pas être silencieux, ponctuel, économique, être intime, ne pas avoir d’odeurs désagréables, permettre de boire et manger ce que l’on veut à toutes heures du jour et de la nuit, s’arrêter en rase campagne pour admirer le paysage, rebrousser chemin parce qu’on a changé d’avis, honorer la mariée,banquettes allongées, vitres operculées ou juste derrière le petit bois, piquer une tête dans la rivière, le lac ou l’océan, et tellement d’autres choses que le train collectiviste ne pourra jamais au grand jamais offrir
– et la liste de ce que l’on peut faire en dehors du train est infinie . . .
en conséquence le train doit être dynamité façon puzzle !
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
Pourtant j’aime beaucoup les analyses de l’IREF, mais là, l’article est digne du café du commerce, on mélange les sujets – sortir les employés du statut fonctionnaire et recalé les retraites ce qui redonnerait un dynamique à l’entreprise.
Refaire le coup d’EDF en insérant un intermédiaire primaire est coûteux pour les usagers, on la vu avec l’électricité
Et t puis la concurrence entre Nice et Marseille il va y avoir des entreprises proche du gouvernement pour postuler, mais entre ClermontFerrand et Guéret je ne suis pas sûr que Transdev y aille, et pourtant c’est bien en offrant des connections ferroviaire compétitives que l’on favorisera la réduction de nos émissions liées aussi déplacements ( vari aussi pour le fret)
Bref un article bâclé à refaire car ce sujet est très actuel
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
Bonjour,
Une véritable mise en concurrence ne saurait prendre pour exemple celui de l’électricité, puisque c’est EDF qui revend l’électricité aux fournisseurs et que les factures sont alourdies de nombreuses taxes. Nous avons d’ailleurs écrit sur le sujet.
https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/article/Hausse-du-prix-de-l-electricite-la-faute-aux-taxes-qui-augmentent-depuis-20-ans
Par ailleurs, la concurrence ferroviaire n’est pas obligée de se limiter à la SNCF et Transdev. L’ouverture à la concurrence permettrait l’arrivée de nouveaux prestataires qui pourraient probablement proposer des trajets Clermont-Ferrand / Guéret. Cela profiterait d’ailleurs aux milieux ruraux, comme vous le lirez ici : https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/article/Les-transports-en-commun-en-milieu-rural-liberaliser-pour-plus-de-mobilite
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
Il n’ y a pas que les contribuables qui doivent payer la SNCF et autres services publics. A ma connaissance les actifs aussi. Les libéraux, entre autres et par exemple, payent une « compensation » entre caisses de retraite. C’est à dire qu’une partie de leur cotisation de retraite part dans d’autres caisses sans que cela rapporte le moindre point. Ainsi les sages femmes payaient ou payent encore pour les Notaires au titre d’une compensation entre caisses de professions libérales. Et les dites caisses versent une compensation pour financer les retraites des services publics comme la SNCF. Parfaitement anormal.
«La SNCF nous coûte cher et ne propose pas un service efficace»
Montargis, sous-préfecture du Loiret. Les guichets SNCF ne sont ouverts que le matin. Raison donnée: « Nous manquons de personnel! ». Il faut l’entendre pour le croire. Je l’ai entendu. Dans les rames, rares sont les fois où passent des contrôleurs pour vérifier les titres de transport. La SNCF est devenu un service public gratuit sans que l’annonce soit encore faite. Nous avons là, la preuve visuelle de la déliquescence d’un service public. Les chiffres (dette, retards, grèves, etc.) ne font que confirmer que rien ne va plus.