Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » Hausse du prix de l’électricité : la faute aux taxes qui augmentent depuis 20 ans

Hausse du prix de l’électricité : la faute aux taxes qui augmentent depuis 20 ans

par
503 vues

Le prix HT de l’électricité est taxé à environ 48% !

Alors que les prix de l’électricité connaissent une nouvelle hausse, les salariés d’EDF eux sont en grève. Au côté d’une partie de la classe politique, notamment la France Insoumise, les syndicats se mobilisent contre le projet Hercule, qui prévoit une division en trois parties des activités du groupe et une plus grande ouverture aux investissements privés.
14 ans après l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, les prix de l’électricité ont augmenté de 50%, et connaissent une hausse plus forte que l’inflation depuis 2009. On a pu lire dans la presse que cette augmentation était due à l’échec de la mise en concurrence, et que l’entrée des acteurs privés n’avait fait que monter les prix au détriment des consommateurs. Pourtant, lorsqu’on se penche sur la composition d’une facture d’électricité, on se rend compte que ce sont les taxes et contributions qui ont massivement augmenté, et que le marché reste largement aux mains d’EDF et des décideurs publics.

Une facture d’électricité complexe à lire

En France, le prix de l’électricité est fixé chaque année par la Commission de Régulation de l’Energie, qui décide du montant du tarif réglementé de l’électricité (le tarif Bleu d’EDF).
Actuellement, la méthode de calcul prend en compte :
– Le coût de production d’électricité : il rassemble le coût de l’accès régulé à l’électricité nucléaire (ARENH), soit le prix facturé par EDF aux autres fournisseurs pour les faire bénéficier de la pro-duction du parc nucléaire français et le prix du marché de gros.
– La TURPE : le tarif d’utilisation du réseau public d’électricité, c’est-à-dire le coût d’acheminement de l’énergie par les réseaux de transport et de distribution
– Le complément à la fourniture d’électricité
– La rémunération de la consommation de l’électricité par EDF via une marge dite « normale ».

Rassemblant tous ces éléments, le tarif fixé par la CRE doit obligatoirement couvrir les coûts supportés par EDF. La totalité des éléments susmentionnés représente la part hors taxe du prix, auquel il faut ensuite ajouter les diverses taxes et contributions. Depuis 2003, le prix HT du kilowattheure (kWh) a augmenté de 39%.
Intéressons nous maintenant aux taxes, qui représentent environ un tiers de la facture :
– Contribution aux charges de Service Public de l’Electricité : la CSPE est la principale taxe sur l’électricité. Elle finance une partie du budget du médiateur de l’Energie, la péréquation tarifaire, ainsi que les surcoûts liés au rachat de l’électricité verte.
– La Taxe sur la Consommation Finale d’Electricité : la TFCE est une taxe prélevée par les fournisseurs d’électricité pour le compte des collectivités locales des départements et des communes. Le taux de la TCFE peut varier d’une collectivité à l’autre.
– La Contribution Tarifaire d’Acheminement : la CTA finance le régime des retraites des personnels d’EDF-GDF partis à la retraite avant 2005. Elle est taxée sur la partie « acheminement » de l’abonnement.
– La TVA : elle s’applique à la fois sur la partie fixe du prix (abonnement et consommation) et sur les taxes.

Des taxes difficiles à justifier et en augmentation constante

La taxe qui a connu la plus forte hausse est la CSPE : + 650% depuis 2002 ! Cette taxe finance en grande partie la politique gouvernementale de soutien aux énergies renouvelables. Légalement, EDF est obligé de racheter une partie de l’électricité « verte », par exemple d’acheter de l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. L’essor des énergies renouvelables explique donc une bonne partie des hausses successives de la CSPE.
En 2013, la Commission de régulation de l’Energie estimait que la CSPE seule représenterait 30% de la hausse totale des tarifs réglementés dans les années suivantes.
Actuellement, elle représente en moyenne 100 euros par an et par ménage.
Une autre taxe se cache dans les factures : la CTA. Assise sur la part fixe du tarif d’acheminement, la CTA ne sert qu’à une chose : financer les retraites des anciens salariés d’EDF-GDF. Mise en place en 2004 par l’Etat, elle est récoltée au profit de la Caisse nationale des industries électriques et gazières. Son taux a d’abord été fixé à 20,14%, avant d’être augmenté en 2013 (dans la loi de financement de la sécurité sociale) pour s’établir à 27,04%. La raison de cette augmentation ? Assurer l’équilibre du régime spécial des retraités de l’ex EDF-GDF. Autrement dit, ce sont les contribuables français qui financent le régime particulièrement généreux des industries gazières. Rappelons que selon la Cour des Comptes, ces salariés partent à la retraite à l’âge de 57,7 ans en moyenne, avec une pension moyenne de 3 592 euros brut. La CTA ne finance pour l’instant que les pensions des agents partis à la retraite avant 2005, mais on voit mal EDF se priver d’une telle manne.
Au total, les taxes représentent environ 37% de la facture d’électricité, et le prix HT est taxé à environ 48%.
Voici le calcul que nous avons fait à partir d’une facture d’électricité standard. Le montant total est de 79,15 euros pour deux mois. L’abonnement et la consommation représentent 53,26 euros (prix HT), les taxes 25,89 euros.
Divisons le prix total par le prix HT : 79,15 / 53,26 = 1,4861. Pour arriver au prix TTC, il faut donc augmenter le prix HT de 48,62%.

Les fournisseurs privés ont peu de marge pour faire jouer la concurrence

Malgré l’ouverture à la concurrence en 2007, les fournisseurs autres qu’EDF ne disposent que de peu de moyen pour faire baisser les prix. Alors que l’électricité française provient en majorité du nucléaire (ce qui contribue à en faire la moins chère d’Europe), les autres entreprises ne peuvent pas exploiter elles-mêmes le parc, et sont donc contraintes d’acheter leur électricité directement à EDF. La firme continue de gérer 80% de la puissance de production installée sur le territoire français. De même, l’accès à l’énergie nucléaire par la concurrence est plafonné à 25% de l’électricité produite par EDF (c’est-à-dire que 25% maximum du courant produit est accessible aux autres fournisseurs). Le PDG de Total préconise ainsi de déplafonner cet accès pour les fournisseurs alternatifs, afin de réellement ouvrir le marché à la concurrence. Une demande justifiée qui est pour l’instant totalement refusée par EDF. Les concurrents sont également soumis aux mêmes taxes qu’EDF : il y a donc plus d’un tiers de la facture sur laquelle les fournisseurs ne peuvent rien faire.
Pour faire baisser les prix de l’électricité, une solution simple s’impose : libéraliser considérablement le marché et permettre une vraie mise en concurrence des différents fournisseurs.

Sources : https://electricite.net/guides/facture/taxe-electricite/cspe
https://www.fournisseurs-electricite.com/contribution-tarifaire-d-acheminement
https://prix-elec.com/tarifs/augmentation
https://www.kelwatt.fr/guide/augmentation-des-prix

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

2 commentaires

chris 12 février 2021 - 7:56 am

Escrocs de France
Bjr,
je pense que vous vous êtes trompés puisque l'abonnement est une pseudo-taxe et que celui-ci est aussi taxé!
Quand je calcule leur facture j'ai 55% de taxes et le reste de consommation réelle!
@+

Répondre
Raymond Lebas 12 février 2021 - 9:21 am

EDF et la concurrence
La concurrence n'existe pas, elle ne pourrait exister que si les autres acteurs étaient capable de produire. Cette concurrence fictive ne peut faire qu'augmenter le prix de l'électricité puisque c'est un reseau commercial de plus. Il n'y a pratiquement pas de fournisseur privé. La production d'électricité est extremement capitalistique et EDF a beaucoup investi pour avoir la capacité nucléaire actuelle, la vente sans marge du quart de sa production est un frein au réinvestissement nécessaire. L'obligation d'achat par ailleurs des ENR ne permet pas d'amortir correctement les installations de production existantes. l'Europe n'est pas à une contradiction près, elle subventionne des productions de capacité, en d'autres termes des centrales thermiques qui doivent exister pour suppléer à l'intermittence des ENR. Votre conclusion est completement surréaliste, les moyens de production appartiennent à EDF , les clients d'EDF ont contribué a leur financement et EDF n'a pas à en faire don à des commerçants. Ce sont des intermédiaires et non pas des fournisseurs. Pourquoi croyez vous que plus de 30 sociétés commerciales se sont crées pour vendre de l'électricité, ces sociétés achetent leur électricité à EDF et sur le marché, le prix d'achat à EDF permettait de faire de la marge sans risque, l'augmentation du prix de marché dégrade leur marge et pour devenir concurrentiel , il est demandé à EDF d'augmenter ses tarifs clientèle et de baisser le prix de vente aux fournisseurs! cette organisation voulue par l'Europe est un non-sens économique et votre proposition est absurde elle ne ferait qu'augmenter le désastre.

Répondre