Baudelaire est né il y a 200 ans. Le procès qu’on lui a fait pour Les Fleurs du mal et qu’il a perdu (il a été condamné à payer une amende pour « outrage à la morale » et à enlever les six poèmes saphiques), ne l’a pas découragé. Et malgré la censure, sa poésie a survécu, pour notre plus grand bonheur. Mais que lui arriverait-il aujourd’hui, confronté à la folie du politiquement correct ? Aurait-il pu publier Femmes damnées ou ces vers « Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique,/ Piétinant dans la boue, et cherchant, l’œil hagard,/ Les cocotiers absents de la superbe Afrique/ Derrière la muraille immense du brouillard » (Le Cygne) ?
Ou ces vers de La vie antérieure : « C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,/ Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs/ Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,/ Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,/ Et dont l’unique soin était d’approfondir/ Le secret douloureux qui me faisait languir ».
Les antiracistes, les anticolonialistes, les féministes se déchaîneraient à coup sûr contre lui…