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De l’ « écolo-gauchisme » au « fascisme » de certains gilets rouges

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L’IREF est heureux de publier la chronique d’humeur que nous adresse Bernard Deforge, ancien professeur émérite des Universités où il a enseigné la littérature grecque ancienne. En parallèle avec mai 68, il y dénonce l’écologie qui a poussé sur les germes demeurés dans les cendres du communisme et il fustige ceux des gilets jaunes qui utilisent les méthodes de l’extrême gauche. Il n’est pas normal en effet d’entraver durablement la liberté des automobilistes, des transporteurs et commerçants et la propriété des sociétés d’autoroute, dont ils cassent ou lèvent les péages.

Au cours de mon existence, qui s’est déroulée fort heureusement dans une période de paix, j’ai été confronté néanmoins plusieurs fois à des comportements que j’ai pu qualifier de « fascistes »[[J’ai évoqué dans mon livre Une Vie avec Eschyle (Les Belles Lettres , 2010) les événements de 1968 au cours desquels, étudiant à Nanterre, « je découvris la brutalité, l’intolérance, l’hypocrisie de prétendus démocrates aux méthodes fascistes, la lâcheté de la majorité des enseignants » (p.265).]], justement parce qu’ils étaient toujours le fait de personnes se disant « de gauche », donc a priori anti-fascistes, les fascistes étant forcément les gens de droite, comme on sait !

Ce type de comportement consiste à vous forcer à penser comme eux, ou du moins à faire semblant, en vous contraignant à vous plier à leurs exigences. Il faut noter qu’à la base de cette attitude il y a la conviction de posséder la vérité, de faire ce qu’il faut, de faire le bien, et l’impossibilité totale d’imaginer qu’on puisse penser autrement, à moins d’être un monstre, un « fasciste », ce qu’ils sont eux, sans le savoir.

J’ai d’abord découvert cette attitude en mai 68, lorsque j’étais étudiant à l’Université de Nanterre, période au cours de laquelle j’appris non seulement à disséquer ces comportements, mais aussi à y résister. Je les retrouvai ensuite, mais de façon plus subreptice, tout au long de ma carrière universitaire, dans ce milieu où il va de soi, où c’est la norme d’être « de gauche ». Mais l’acmé se situe pour moi à la fin de cette carrière universitaire, quand, doyen de la faculté des Lettres de l’université de Caen, je fus confronté aux événements liés au CPE : faculté occupée, étudiants devenus flics contrôlant les entrées, exigeant des professeurs qu’ils montrent patte blanche, ce qu’ils faisaient pour la plupart bien volontiers, l’humaine lâcheté montrant son visage. Mon dégoût fut tel que je décidai de mettre alors fin à ma vie universitaire.

Mais ces comportements, en ce qui me concerne, se sont toujours déroulés dans un milieu fermé et n’ont jamais débordé sur ma vie privée, sur l’ordinaire de ma vie quotidienne. Or voici qu’aujourd’hui, avec le mouvement des gilets jaunes, surgissent à tous les coins de rue la contrainte morale et le chantage. Je lis ces lignes dans un éditorial de mon Ardennais du dimanche 2 décembre : « L’homme au volant se crispe en arrivant au rond-point ; il espère passer entre les mailles du filet, il doit récupérer son fils au foot et passer faire trois courses. Mais le gilet jaune est taquin. Tu veux passer ? c’est simple : soit tu enfiles ton gilet, soit tu signes la pétition. C’est non ? Ben, tu attends. » L’éditorialiste raconte cet épisode d’un ton anodin, comme si c’était normal. Non, ce n’est pas normal. C’est même l’horreur. Que se passait-il d’autre en Allemagne lors de la montée du nazisme, ou en Russie lors de la prise de pouvoir des Bolcheviks ? Tu adhères ou on te dégomme. Nous n’en sommes certes pas encore là et tous ne sont pas comme ça heureusement
Mais c’est un début. La méthode est la même, et la violence qui s’est déchaînée dans Paris ces derniers samedis, ainsi qu’en région comme à Charleville-Mézières ce 1er décembre, même si pour une certaine part elle est le fait de casseurs étrangers aux gilets jaunes, peut faire craindre le pire. Vous me direz que les Parisiens en 68 ont connu de semblables événements et que le prurit révolutionnaire et la chienlit se sont finalement calmés. Mais il y avait Charles de Gaulle. Nous verrons vite si le charmant Emmanuel Macron sera à la hauteur.

Il n’empêche. Un fascisme banal, quotidien est à l’œuvre, aidé par la lâcheté, celle des politiques et celle de tous, ou presque tous. Mais paradoxalement ce fascisme banalisé et populaire de certains gilets jaunes résulte pour une part d’un autre fascisme plus chic, plus intello, mais banalisé lui aussi : l’écolo-fascisme, aidé, lui clairement, prôné même, par les politiques et les médias. Car enfin, voici des années que nous sommes soumis au catastrophisme claironné par le GIEC, nouveau millénarisme devant lequel il nous faut plier l’échine, sous peine d’être considérés comme des ennemis de la planète, des monstres donc. Je n’ai pas la prétention de me mesurer avec les scientifiques, les techniciens, les scientistes à l’œuvre dans l’établissement de cette doxa, dont une grand- messe s’est tenue en Pologne, la 24ème Conférence de l’ONU sur le climat. J’ai lu de multiples débats sur la question, entendu des arguments scientifiques dans un sens comme dans l’autre, en constatant néanmoins à chaque fois l’intolérance de la pensée dominante, celle du « Bien » évidemment ! Je veux juste apporter deux petites pierres.

La première : en tant que spécialiste de l’Antiquité et historien de la longue durée, je suis sceptique sur ces considérations s’affirmant visionnaires, mais en fait à courte vue. La planète terre n’a cessé de connaître tout au long de son histoire des changements climatiques, des catastrophes dont Gaia et les hommes se sont toujours remis. Je dirai même qu’ils font partie intégrante de la vie de la terre, des humains et des êtres vivants. L’erreur fatale dans laquelle nous sommes engagés, c’est la mesure permanente des choses, le prévisionnisme quotidien qui engendre l’angoisse, cette angoisse qui prospère sur la peur naturelle du changement. Tout doit rester en l’état, et demain ne peut être que pire qu’aujourd’hui.

La deuxième : en tant que maire d’un petit village des Ardennes, je constate que cette pensée apocalyptique, à laquelle s’est rallié notre président de la République, a pour conséquence des mesures prises dans le cadre de l’accord de Paris de 2015 pour prétendument limiter le réchauffement de la planète, lesquelles attaquent au quotidien la vie des braves gens, des « classes laborieuses » comme il dit : hausse des taxes sur les carburants, mise à l’index du diesel et des vieilles voitures, mesures insupportables pour des personnes modestes qui n’ont à leur disposition que ce mode de déplacement et qui sont à cent lieues des propositions compensatoires mirifiques de voitures électriques, hybrides, etc., sans parler de la prévision de l’interdiction des chaudières au fioul dans une commune non approvisionnée en gaz et dont la population âgée n’est guère en mesure de charger une chaudière à bois !

Oui, l’écolo-fascisme intellectuel a mis la France en état de dépression : tout va mal, la terre va mal, le monde va mourir, et, oui, corollairement il est à l’origine de mesures qui minent le quotidien des gens de la France profonde. Alors se lèvent les gilets jaunes pour lui répondre par un fascisme au quotidien : « Tu signes la pétition ou tu ne vas pas faire tes courses ! »

Oui, vraiment, Monsieur Macron, Nicolas Hulot vous a mis, nous a mis dans une bien mauvaise passe avant de quitter le navire.

Bernard Deforge, professeur émérite des universités, maire d’un petit village des Ardennes, décembre 2018

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yves81 28 décembre 2018 - 2:27

Et si le problème était encore plus grave
Je suis parfaitement d'accord avec cette analyse.
Je pense cependant que le problème est bien plus étendu et bien plus profond que ce qui est perçu avec la crise des gilets jaunes. Crise, il faut le noter, qui a muté en cours de route, évinçant la France qui travaille pour mettre sur le pavé les extrémistes. C'est ainsi qu'une coalition de circonstance, théorisée et appelée de ses vœux par Terra Nova, s'est constituée pour réunir gauchistes adeptes du chaos et hordes sauvages des banlieues.
Disons-le sans détour, la France est gangrenée au plus profond d’elle-même par l'idéologie socialisante. Avec le temps, tous les lieux de pouvoir (grands corps d’état, télés, journaux, radios, culture, associations, syndicats, système éducatif, universités, justice, actions sociales …) ont été investis. Toutes les voies qui permettent d’accéder à ces pouvoirs ont été verrouillées (il n’y a qu’à voir le tropisme des formations à l’ENA, Sciences Po, dans les écoles de journalismes. Idem pour la culture. Etc.).
A peu près toutes les consciences ont été annexées (et/ou achetées).
C’est ainsi que l’Homme a été asservi.
L’idéologie socialisante, qui elle aussi a muté avec le temps, est évidemment fascisante. Elle aura raison définitivement de notre pays qui fut pourtant si beau et si grand.
Nous pouvons ainsi reprendre la mention portée par les Serbes sur une banderole géante dans les gradins à Belgrade lors d’un match récent de football « Merci à la France… qui n’existe plus »

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