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L’entreprise mise à l’honneur dans les écoles anglaises

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?haque année se déroule la semaine de l’entreprise dans les écoles d’Outre-Manche. Cette relation entre le monde de l’innovation et le monde de l’apprentissage se produit aussi bien dans le primaire, au collège, et au lycée qu’à l’Université. Même si le principe et les programmes mis en place sont assez proches d’une école à une autre, chacune bénéficie d’une certaine autonomie quant à son organisation pour la période de l’année et sa durée. On observe déjà un contraste important avec la centralisation excessive de l’Education nationale en France, dont les professeurs n’osent laisser entrer dans leurs écoles le symbole du loup capitaliste : l’entreprise.

En Grande Bretagne, de nombreuses organisations à but non lucratif oeuvrent dans les écoles, pour ce type de promotion. Tous les acteurs, en effet, ont la volonté commune de promouvoir l’esprit d’entreprise, afin d’encourager les entrepreneurs de demain à créer leur propre entreprise.

Le programme « Young Enterprise »

L’une des plus anciennes de ces écoles est la « Young Enterprise », créée il y a un peu plus de cinquante ans par Walter Salomon, s’inspirant lui-même du Junior Programme in America. A cet égard, il fut conquis par le concept « d’apprendre en faisant ». A l’image des autres organisations de même type, celle-ci s’enorgueillit de ses sponsors d’entreprises venues d’horizons divers, dont Crédit Suisse, Bank of America, Caterpillar, Axa, Rolls Royce. Le principe en est d’inspirer et de préparer les jeunes à apprendre et à réussir grâce à l’entreprise, et non pas grâce à l’Etat. En se focalisant sur les compétences purement scolaires et les examens, la France risque de marginaliser d’autres approches d’apprentissages, qui permettraient le développement des recours à l’emploi, tels que le travail d’équipe et le pragmatisme pour réussir dans le monde du travail.

Les politiques français feraient bien de s’inspirer de ce qui se passe à l’extérieur de leur monde clos. Pendant que David Cameron déclare dans un discours : « Il s’agit de créer des emplois et des opportunités ; les petites entreprises emploient près de 60% de la population active et contribuent pour près de la moitié au chiffre d’affaires au Royaume-Uni », en France, nous sommes obsédés par les résultats du CAC 40 et des grandes entreprises. Pourtant, les salariés français des petites et moyennes entreprises représentent 51% de la population active… Bien que nous ne puissions pas accuser à l’excès le défaut de ce type de programme dans l’enseignement, il n’empêche que les jeunes Britanniques semblent mieux préparés à intégrer le marché du travail, avec ou sans crise.

Taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans
2007 2013
France 19,5 24,8
Royaume-Uni 14,3 20,3
en % de la population active
Source : eurostat

Le Gouvernement français pourrait répondre aux accusations qu’il existe une semaine École-Entreprise en France. Celle-ci a eu lieu entre le 18 et le 22 novembre 2013 dans les collèges et les lycées. Nous y trouvons déjà une divergence avec celles de l’Angleterre, sur le fait que les élèves de l’école primaire n’y ont pas été associés. De plus, cette semaine est organisée notamment pour développer les échanges et les dialogues entre les entrepreneurs et les étudiants, afin « de faire prendre conscience des valeurs positives de l’entreprise » à ces derniers et de susciter chez eux le goût de l’entrepreneuriat. Alors qu’en France, la réussite professionnelle est synonyme de carrière dans la fonction publique, cette « semaine », déjà une belle avancée en soi, est bien venue dans un système français sclérosé. Il faut dire que ce désir de pousser les entreprises à communiquer avec les jeunes, tout en incitant le système éducatif à les motiver et à les encourager, ne remplace malheureusement pas l’essentiel de l’esprit d’entreprise : l’expérience de la vie dans l’entreprise, car celle-ci se vit davantage qu’elle ne s’apprend …

D’après ce constat, il est évident que les réalisations au Royaume-Uni semblent mieux adaptées aux réalités du marché. Les enfants y participent activement, en créant des projets avec un objectif de rentabilité. Par ailleurs, les activités ont vocation à être partagées par l’ensemble de l’école, aussi bien qu’avec le monde extérieur. Saviez-vous, vous-même, que votre enfant au collège ou au lycée avait participé à la semaine École-Entreprise au mois de novembre dernier !? Bien à l’image du système éducatif français, cette activité se déroule en vase clos. Encore plus fort, Outre-Manche on sait combler d’éloges les programmes qui se sont couronnés de succès.


La preuve en est, lorsque, le 28 février 2014, la BBC a invité un professeur et ses élèves à partager leur expérience. Lors de cette émission, on nous a expliqué que les enfants, impliqués dans l’objectif de rentabiliser au mieux les £10 qu’ils avaient reçus au départ, ont organisé une exposition-vente des oeuvres des artistes locaux. Comble du luxe, dans ce pays, pourtant si souvent décrié par les Français comme libéral et inégalitaire, les écoles spécialisées ne sont pas mises à l’écart.
Mais pouvons-nous en dire autant … ?

Le cas concret de Beverley School à Middlesbrough

(école spécialisée pour les enfants autistes)

L’école de Beverley School se trouve dans la ville de Middlesbrough, elle-même située au Nord-Est de l’Angleterre. On doit souligner que cette région, historiquement industrielle, où sévit un grave chômage, a été particulièrement touchée par la crise. Ce qui ne l’empêche pas de tenter de s’en affranchir par l’intermédiaire de ce type de programmes pour se diriger vers d’autres activités. Cette école spécialisée, comme de nombreuses autres écoles, a consacré une semaine à l’entreprise (« Enterprise Week ») au début de l’année 2014.

Chaque classe se voit attribuer £20, que nous pouvons considérer comme le capital-crédit de départ, nécessaire à toute création, cet argent devant servir à acheter du matériel ou des produits. Les enfants travaillent en équipe pour choisir leur projet. Ils sont libres de leur choix, mais sont tenus d’inclure les contraintes économiques de ce capital de départ.

Une fois le montant originel de cet argent remboursé, les profits dégagés doivent être utilisés à récompenser les enfants, sous la forme, par exemple, d’un gâteau pour toute la classe ou encore d’une sortie ludique ou culturelle. Cette activité en outre nécessite de l’implication et de l’attention, et développe l’initiative et l’esprit d’entreprise autour d’un projet collectif. Par ailleurs, en fin de semaine les classes sont invitées à se réunir dans le hall de l’école, avec les parents qui sont conviés à l’événement. Le marché commence avec le jeu de la concurrence. De plus, c’est une manière efficace pour apprendre à renoncer au protectionnisme comme logique de réflexion. En effet, si tous les élèves étaient restés dans les salles de cours, il y aurait eu moins d’interactions, tandis que les parents n’auraient pas connu cette série d’initiatives.

La mise à l’honneur de l’entreprise dans les écoles britanniques avec ce bel exemple de l’école de Beverley School, devrait inspirer les réflexions de réforme de l’éducation en France. Il n’en a rien été, et nous serions mieux avisés de prendre à notre tour exemple sur l’étranger. «L’ambition du Gouvernement pour la prochaine décennie est de faire de l’école la plus dynamique et la plus favorable à l’entrepreneuriat de l’histoire de l’enseignement britannique » disait Vince Cable, le Ministre des Affaires, de l’Innovation et du Savoir-faire du Royaume-Uni.

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