Les leaders européens et le président de la Banque Centrale Européenne, M. Trichet, ont bricolé un plan de sauvetage de l’euro. Cela fait des mois et des mois que la monnaie unique chancèle. Surtout depuis le 6 mai dernier lorsque l’euro s’est effondré face au dollar et à fait décrocher les Bourses européennes. A ce moment-là, Jean-Claude Trichet a eu peur de voir le phénomène grecque se répandre dans d’autres pays européens.
Il a pris son téléphone et a appelé les chefs d’Etat ; il a aussi fait de nombreux déplacements. Cela fait 40 ans que M. Trichet se bat pour la monnaie unique. Il reconnaît néanmoins que l’euro repose sur un socle très fragile. En dépit d’une monnaie unique et d’une Banque centrale, les politiques économiques et budgétaires des pays membres n’ont pas grand-chose en commun. Et la zone euro n’a pas d’autorité centrale pour contrôler les gouvernements et les empêcher d’augmenter les dépenses publiques. Pendant tous ces mois, Trichet a compris que les pays étaient divisés en deux camps. D’un côté, celui de la France qui souhaite l’intervention de la Banque Centrale européenne là où elle ne devrait pas le faire, en particulier, en soutenant les banques. De l’autre, le camp des pays qui soutiennent la neutralité de la BCE et poussent l’Europe vers une politique de rigueur économique.
Le président Sarkozy a essayé d’imposer son point de vue en proposant un grand fonds de sauvetage européen. Il a reçu un non catégorique de la part d’Angela Merkel qui ne souhaite plus que les Allemands payent pour les mauvais élèves de la classe… Après une nuit de discussions et d’échanges vifs, les leaders européens arrivent à un compromis : on décide de mettre en place un fonds d’aide mais, pour les 60 premiers milliards d’euros, à partir d’un emprunt de la Commission. Le reste grâce à une entité financière basée au Luxembourg et qui prêterait de l’argent aux Etats en crise. Comme par miracle, les « paradis fiscaux » deviennent très utiles… Et l’euro semble sauver. Mais pour combien de temps ?
(Marcus Walker, Charles Forelle, Brian Blackstone, The Big Read, 28/09, résumé).
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euro
Hourra l’euro!
(fait divers relatif à une certaine jouissance sensuelle dans la société des extravagants)
Un journaliste a fini par lâcher le morceau: 99% des journalistes, pour ne pas dire la totalité, sont généralistes et, par conséquent, ne savent pas de quoi ils parlent. Disons, pour parler prolo, qu’ils bourrent le mou de leurs lecteurs! Notre avis néanmoins est que cette manière de voir, à l’exception notable du mammouth européen, semble un peu journalistique. De quoi, en effet, les journalistes pourraient-ils nous parler, sans se contredire aussitôt, s’ils se mettaient en tête de considérer, par exemple, l’opposition aux réformes, comme l’information par excellence? Non pas l’information-cadeau à déballer, ça, le gouvernement sait très bien le faire, mais comme fait concret en soi qui mérite attention et réflexion. Et cela pour cette raison toute bête que ce n’est pas à l’opinion publique d’expliquer ce que veut le gouvernement, mais bien au dit gouvernement de montrer, dans les faits et non pas en paroles, que son action aboutit à améliorer les conditions de vie et de travail du plus grand nombre. Et s’il déclare que oui, c’est le cas! alors le plus grand nombre est en droit d’attendre de qui prétend mieux que d’autres saisir la complexité du réel, en vue non de le simplifier mais tout simplement d’en rendre compte, de la façon la plus claire et la plus précise, un contenu à la hauteur de la prétention revendiquée. Mais le fait est que le journalisme est devenu, de manière générale, l’enseigne de ce préjugé qui consiste à casser toute opinion qui n’a pas l’assentiment des idées dominantes des possédants de notre époque. Et il n’est donc pas étonnant, mais en même temps passablement curieux, que sur la question de l’Europe, toute l’Europe, comme un seul homme se lève, pour déclarer son immense peine d’être aussi incomprise… par les états européens qui la constituent, sans que cela soulève aussitôt un concert de protestations médiatiques. Le philosophe avait bien raison de dire qu’il convient de se méfier de son propre entendement. Au lieu de ça, au contraire, on se déclare partout soucieux des marchés! Et, ceci corroborant cela, inquiet de l’avenir de la monnaie unique, sans s’émouvoir le moins du monde du fait que ladite monnaie unique, en tant que vaillante fille publique, semble avoir de multiples vies parallèles. La drachme, semble-t-il, mais pas seulement, la livre, l’escudo, la peseta, la lire, le franc hantent l’euro réduit à l’état de tirelire, que nous proposons d’appeler le rutilant gentil cochon.
Résumons d’abord les trente années qui indubitablement, chose que personne ne nie, viennent de changer la vie d’une manière considérable. Pour les uns, il y a trop d’Europe et pour les autres, pas assez! L’économique et le social, comme on dit, sont, en effet, ne changeons pas de registre, les deux faces d’une même pièce. Reste que ce sont les vendeurs du trop d’état social et pas assez d’Europe providentielle qui, grâce à l’action énergique du mauvais état en question, ont, en 2008, décroché la timbale de la façon la plus retentissante qui soit. Leur excuse est que ce n’était pas prévisible, personne n’y croyait, c’est arrivé comme ça et pis surtout ça sert à rien de critiquer, faut agir. Le journalisme, façon constat à l’amiable, n’appartient plus, à l’évidence, aux seuls journalistes. Et c’est peut-être là, la chance de ces derniers. C’est alors qu’après des nuits d’angoisse, passées un partout jusqu’au Canada, où rien n’était gagné, ni la soupe, ni le rata, les visages étaient tendus, vraiment l’Europe a eu chaud, les ci-devant révolutionnaires européens, dénonciateurs du trop d’état-providence se sont brusquement réveillés en promoteurs d’un gouvernement européen, enfin capable de décider, à hauteur de 50%, d’une péréquation des dettes nationales européennes. Voilà un fonds qui sent la poudre! Et patte blanche! Donner l’assurance au grand méchant marché, qu’il recevra autant qu’il espérait avaler avant la crise, c’est la sorte de fédéralisme-type CDS (credit default swap) que les escrocs étatiques d’Europe se proposent de mettre en oeuvre, Et l’on s’étonne, après cette incitation au bas de laine à jarretière monumentale, que les marchés attaquent! Ils ont bien compris que l’Angela angélique des ménages, soucieuse de son budget, chante un hymne à la joie, d’un genre tout à fait singulier. Messieurs, entrez, entrez, et jouissez tout votre soul! Comme la belle a déjà, outre-Rhin, disons grosso modo au sud, son marlou, son hareng, son barbeau, il ne lui manque plus, pour compléter le tableau, qu’un chapeau de soie jaune-serin garni d’un ruban et d’un voile de même couleur. Elle sera ainsi la reine d’un nouveau royaume: the United Kondom. Car il ne sera pas dit, non, non, qu’on trouvera mieux que l’Europe pour préserver les intérêts des marchés, des banques et de toutes les classes capitalistes européennes. Et il y a au moins un journaliste-un qui sait de quoi il s’agit, retourner l’avenir en leur faveur, et pour cela il leur donne plutôt quatre mains qu’une. Nationale-européenne, leur démocratie est pipée.
valentini