Des zones très pauvres où il n’y a pas de violence et des zones plus riches où la violence est extrême : contrairement aux conclusions des rapports officiels et des études sociologiques prétentieuses, la situation de violence dans les banlieues n’est pas simplement due au chômage et au mal-être. Les milliards d’euros redistribués dans les zones « sensibles » n’ont pas tenu compte de ces situations disparates en contribuant à l’échec de la politique de la ville.
Le quotidien Le Monde a fait sa Une ( 30 novembre) avec les conclusions du Rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) qui dénonce l’échec de la politique de la ville menée depuis des années.
L’échec n’est pas dû au manque de moyens, comme le soutient le Rapport, mais à la politique menée, à grands coups milliards d’euros distribués, accentuant encore irresponsabilité et revendications.
La Président Nicolas Sarkozy a présenté un « plan Marshall en banlieue » en janvier 2008 (après le vote du budget par les députés). Il l’avait d’ailleurs promis lors de la campagne présidentielle. Mais il porte maintenant le nom pompeux de « plan respect et égalité des chances ». Son coût est estimé à plusieurs milliards. Combien de plans banlieue (voir aussi le Rapport de la Cour des comptes sur les crédits de l’Etat versés aux banlieues en novembre 2007), suivis par autant d’échecs, ont-ils été concoctés depuis plus d’une quinzaine d’années ? C’est François Mitterrand en 1990, lors des émeutes de Vaulx-en-Velin, qui a lancé le premier plan après avoir déclaré « qu’il y a de bonnes raisons au pillage et au saccage ». Par la suite se sont succédés : le plan Delebarre, le plan Tapie, le plan Raoult en 1995, le plan Sueur, le plan Bartolone en 1998 et le plan Borloo en 2004. Des milliards de francs et d’euros ont été déversés sur les « zones urbaines sensibles ». En pure perte, puisque la délinquance n’a cessé d’augmenter. De toutes manières, chaque fois que les banlieues s’embrasent, médias et analystes de service s’empressent de mettre en accusation le taux élevé du chômage et les conditions de vie – notamment l’habitat – , causes principales de la violence selon eux. Or, une lecture attentive des chiffres et un regard lucide sur la réalité montrent que ces assertions ne sont pas fondées.
Des situations disparates
Tout d’abord, les « jeunes » en question sont souvent (environ 30 % d’après les statistiques du ministère de l’Intérieur) mineurs et donc sans lien avec un quelconque taux de chômage. Leur devoir est d’étudier à l’école ou de faire des formations.
Regardons ensuite les statistiques des taux de chômage dans les départements concernés par les violences de novembre 2005. Il s’agit des chiffres enregistrés au troisième trimestre 2005. Il est vrai que la Seine-Saint-Denis, où les violences ont été importantes pendant tout le mois de novembre, connaît un taux (13,4 %) supérieur à la moyenne nationale (9,8 %); il est identique à celui de l’Aisne et des Ardennes où pourtant il n’y a pas eu d’émeutes. Et dans le Nord-Pas-de-Calais, où le chômage atteint les mêmes niveaux et dans l’Hérault, où il est encore plus élevé (14,4 %), les quartiers pauvres n’ont pas connu les violences des autres départements (certains quartiers des villes du Nord beaucoup plus défavorisés que ceux de la région parisienne ne subissent pratiquement jamais de violences urbaines).
Autres paradoxes : des villes connaissant régulièrement des violences, comme Evreux (on a parlé carrément de « guérilla urbaine ») et Trappes, se situent dans des départements où le chômage est en dessous de la moyenne nationale (9,6 % dans l’Eure et 7,4 % dans les Yvelines, deux fois moins que dans l’Hérault !). Dans cette catégorie on pourrait rajouter la ville de Pau dont le quartier de l’Ousseau (qui venait d’être réhabilité) s’est transformé en champ de bataille durant le mois de novembre 2005. Le taux de chômage dans les Pyrénées-Atlantiques était de 8,6 % (en dessous donc de la moyenne nationale) alors que dans les Pyrénées-Orientales – où il n’y a pas eu de violences – il atteignait… 13,2 %, pratiquement autant qu’en Seine-Saint-Denis. Enfin, des villes comme Strasbourg et Rennes, connues pour leurs quartiers très « agités » (des dizaines de voitures sont brûlées pratiquement tous les ans) se trouvent dans des départements où le chômage a toujours été en dessous du taux national : 8,4 % dans le Bas-Rhin et 7,1 % en Ille-et-vilaine. Qui plus est, le quartier de Hautepierre à Strasbourg n’est ni un ghetto ni un ensemble de barres mais un quartier normal, bien desservi, bordé d’arbres et de nombreux espaces verts.
Alors, la faute au chômage ? C’est une des explications dans certains cas mais ce n’est sûrement pas la principale cause comme essaient de nous le faire croire nos chercheurs étatisés.
Pluie de milliards et d’organismes stériles sur les banlieues
Ces simples faits qui devraient être connus des politiques leur ont visiblement et totalement échappé. La preuve en est de la persévérance avec laquelle ils continuent à mener une politique gavée de subventions publiques et de créations d’organismes publics et para-publics. Jean Louis Borloo, le politique le moins controversé du gouvernement Villepin car il a fait du « social », a mis sur pied en 2004 un Observatoire national des ZUS, Zones urbaines sensibles, ayant pour objectif « d’avoir une meilleure connaissance des territoires en difficulté ». Mais pourquoi se contenter d’un seul organisme quand tant d’autres questions peuvent être posées ? Car ces émeutes ont soulevé, comme on dit savamment, des « problématiques » : l’intégration, l’immigration, l’exclusion ou la discrimination… Et sur ces thèmes, les journalistes ne manquaient pas de sources. Rien que sur la question de l’intégration et de la discrimination il existe déjà plusieurs machins : le FASILD, (fonds d’action et de soutien pour l’intégration à la lutte contre les discriminations) crée en 1958 qui a pour but « le soutien à l’intégration des populations immigrées d’une part, et la lutte contre les discriminations d’autre part » ; le Comité interministériel à l’intégration créé en 1989 ; l’Observatoire des discriminations (2003) ; le Haut conseil à l’intégration (2003) ; l’Observatoire statistique de l’immigration et de l’intégration (2004) ; la HALDE (Haute autorité de lutte contre la discrimination et pour l’égalité, 2004).
Comme pour l’immigration et l’insécurité, ce n’est pas en empilant les plans et les milliards que les problèmes seront résolus. C’est en se débarrassant de l’Etat providence.
Etat providence et Police de l’Etat
Celui-ci est à tous les coins de rue, au cœur de toutes ces cités : aides et indemnités poussent à préférer l’oisiveté au travail. Tous ces gens, dûment informés par les services dits « sociaux », et dûment édifiés par l’exemple de ceux qui vivent bien sans ne rien faire, ne voient pas l’intérêt d’avoir une activité suivie. Le phénomène avait été déjà relevé par l’économiste américain Thomas Sowell, qui comparait le sort de la communauté noire (à laquelle il appartenait) de Harlem et d’autres villes. La municipalité de New York, avec sa « générosité » avait transformé Harlem en un ghetto. Le maire Rudolph Giuliani a mis fin à cette assistance, et aux logements gratuits, et il a investi dans la création d’écoles.
L’Etat providence est trop présent dans les ZUS, tandis que la police de l’Etat y est absente. Apparemment les dealers y ont leurs chasses gardées, et les jeunes trafiquants roulent dans des voitures somptueuses : de quoi dissuader leurs petits frères d’aller à l’école, et de quoi veiller à ce que la police ne mette pas les pieds dans les cités. Peut-être conviendrait-il d’avoir une politique de la ville davantage orientée vers la lutte contre la drogue et la désertion des écoles.
5 commentaires
r
BRAVO.
Je vous remercie
NL
Je vous remercie
NL
il serait temps que les
il serait temps que les communaut
Merci Christian Jelen
Quel plagiat…
Thomas Piketty reconna
Thomas Piketty reconna