Il faut en finir avec l’assistanat des jeunes ! Ce qu’il faut c’est libérer le marché du travail et leur donner la possibilité de réussir.
Un colloque intitulé « Le financement de la protection sociale est-il équitable pour les jeunes générations ? » et organisé par la Caisse des dépôts se tenait il y a quelques jours. L’IREF était invité pour participer à une table ronde intitulée « Jeunesse Précaire, Jeunesse Révoltée ? ». A l’origine du colloque, une Etude consacrée aux perspectives de financement de la protection sociale et réalisée par l’Institut CDC pour la Recherche ainsi qu’un livre intitulé France, le désarroi d’une jeunesse dont un des auteurs est l’économiste Jean-Hervé Lorenzi. Le rejet de la loi El Khomri par des organisations de jeunes rendait le thème du colloque encore plus d’actualité. D’ailleurs, plusieurs associations d’étudiants y étaient conviées.
L’Etude en question propose une projection sur plusieurs années (jusqu’en 2040, voire plus) des dépenses de protection sociale ainsi que des prélèvements sociaux. Dans le contexte des réformes paramétriques (il n’a nullement été question de réforme systémique) du système de retraite par répartition, le taux de prélèvements sociaux passerait de 23 % aujourd’hui à 40 % en 2030. Pratiquement sur la même période, le taux de remplacement (il s’agit du pourcentage de son ancien revenu que l’on perçoit une fois arrivé à la retraite) passerait de 55 % (2015) à moins de 40 % (2030). Belles perspectives que d’avoir à cotiser de plus en plus pour toucher une retraite de moins en moins élevée.
Mais où est l’équité entre le privé et le public et quid d’une réforme « systémique » des retraites ?
Bien entendu, aucune allusion n’a été faite aux régimes spéciaux des fonctionnaires ou aux régimes très spéciaux des agents publics qui sont, tous les deux, financés en très grande partie par l’Etat, donc par les contribuables. Le besoin d’équité est bien là ! On était bien dans les murs de la Caisse des dépôts… Après ce constat, il s’est posé la question de l’équité entre générations et du malaise des jeunes. En voyant ces perspectives chiffrées et l’aveuglement total face aux réformes qu’il faudrait faire, il ne reste aux jeunes qu’à quitter le pays. L’IREF a rappelé les Etudes comparatives réalisées sur le sujet qui montrent les réformes faites dans d’autres pays (Suède, Canada, Autriche, etc..) ainsi que la nécessité de mettre en place une réforme systémique des retraites en passant d’abord à l’équité entre le public et le privé ainsi qu’à l’adoption d’un pilier capitalisation grâce à la création d’un Compte Epargne Retraite. La France est actuellement le seul pays occidental à ne pas avoir instauré plusieurs piliers (par points, capitalisation, etc..) au sein de son système de retraite.
Dans son livre, M. Lorenzi propose un produit d’épargne retraite obligatoire mais qui alimenterait le…Fonds de réserve des retraites. Il s’agit du fameux Fonds créé par Lionel Jospin en 2001 afin d’assurer la « pérennité du système français de retraites » mais dont le contenu est régulièrement siphonné par l’Etat afin de financer les déficits. Autant dire qu’il s’agit de jeter l’épargne par les fenêtres.
Les jeunes sont victimes de l’assistanat et des programmes en leur faveur
Les débats étaient surtout orientés vers le « malaise » des jeunes d’aujourd’hui et sur les moyens d’y mettre fin. Trois associations – Génération Précaire, Mouvement Français pour un Revenu de Base et Générations Cobayes – se sont prononcées pour plus d’aides accordées aux jeunes, pour une totale prise en charge de leur santé ainsi que pour l’instauration d’un Revenu universel. La Génération Cobayes a mis en place une boîte à outils intitulée « Eco-Orgasme » (sic !). Le concept de l’allocation universelle est très à la mode ces derniers temps car il a été repris par des organisations de gauche et aussi de droite tout en étant présenté comme la clef de toutes les réformes dont la France aurait besoin.
La position de l’IREF a été sensiblement différente lors de cette table ronde. Tout d’abord, nous pensons qu’il n’y a aucun mal à connaître la précarité lorsqu’on est jeune. C’est le contraire qui serait inquiétant. Ca voudrait dire qu’on est des fils à papa ou à maman. Mieux vaut faire des petits boulots et en changer souvent que de ne pas en faire du tout. Les manifestations des jeunes qui n’ont jamais travaillé contre la réforme El Khomri sont grotesques comme celles des lycéens contre la réforme des retraites en 2008 ! Elles montrent que les jeunes (une partie) sont habitués à être pris en charge et s’opposent à toute vraie réforme.
Accorder à tout le monde un revenu à vie va créer une nouvelle forme d’assistanat et il s’agit là d’une mesure léniniste. Mieux vaut libéraliser et faire de vraies réformes du marché du travail, du système éducatif et de la santé. Aucun des intervenants n’a prononcé les mots « responsabiliser », « concurrence », « privatisation ». Et pourtant, tous les pays l’ont fait. Cela fait plus de trente ans qu’on empile les mesures « en faveur des jeunes », depuis les fameux TUC mis en place par Laurent Fabius lorsqu’il était Premier ministre jusqu’aux emplois « d’avenir » du gouvernement Ayrault. Tous les ans, plus de 6 Mds d’euros sont dépensés en faveur de l’emploi des jeunes. Pour quels résultats ? Le taux de chômage des moins de 25 ans tourne autour de 20 % depuis environ 20 ans. Il est presque 4 fois plus élevé que le taux de chômage des jeunes allemands. A qui la faute ?
Enfin, l’IREF a mentionné ses travaux sur le phénomène Uber en France et les gisements d’emplois dans ce domaine. Plus de 80 % des chauffeurs Uber sont des jeunes de banlieue qui veulent s’en sortir, entreprendre et travailler. Ils ne font pas attention à la précarisation et choisissent l’uberisation. Ils n’ont pas besoin de l’Etat et d’assistanat. L’exemple à suivre pour les jeunes est bien là ! Pas du côté des ministères ou des soi-disant organisations des jeunes.
2 commentaires
Pauvres jeunes!
Oh là là, mon neveu âgé de 12 ans ne gagne pas assez pour devenir propriétaire, quel scandale! Les retraités vivent mieux que les jeunes actifs (ah bon?)? Encore heureux! Si après une vie de travail on ne vivait pas mieux qu'un jeune débutant sur le marché de travail, il y aurait là pour le coup de quoi se poser de sérieuses questions. Tout ça pour dire que l'on a tellement materné nos jeunes qu'ils sont devenus totalement incapables de se prendre en charge.
Vous avez raison. Vive la précarité et l'uberisation chez les jeunes. Et qu'ils méditent sur le proverbe 'aide toi le ciel t'aidera'.
P.S: Dans mon jeune temps, pas si lointain, je ne pensais pas à ma future retraite. Je pensais plutôt à travailler le plus possible d'autant que j'avais mes parents à charge. Autres temps…
risques professionnels ?
il faut quand même noter que la précarité de l'emploi constitue un facteur de risque professionnel supplémentaire aussi bien physique que psychologique : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/psychologie-du-travail/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=163&dossid=552