Le BREXIT et les réactions qu’il provoque jettent une lumière crue sur les contradictions de la construction européenne, tiraillée entre libéralisme et dirigisme bureaucratique. Deux sujets d’actualité, parmi d’autres, témoignent de cette profonde ambigüité : la procédure bruxelloise lancée contre la France à propos du SMIC et du transport routier d’une part, la politique de prêt sélectif de la BCE d’autre part.
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Le Grexin a favorisé le Brexit comme, selon la loi de Gresham, La mauvaise monnaie chasse la bonne lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents économiques préférant conserver la « bonne » monnaie et laisser la mauvaise aux autres. C’est le choix qu’ont fait les Britanniques en assumant la leçon de ce commerçant et financier anglais Thomas Gresham qui avait contribué à la création de la bourse de Londres au XVIème siècle.
En 1999, le magazine The Economist publiait une enquête réalisée auprès de 164 économistes britanniques qui montrait que deux tiers de ces économistes considéraient que la Grande-Bretagne allait aussi adopter l’euro. Fin juin 2016 : non seulement l’euro n’est pas la monnaie des Britanniques mais leur pays a même choisi de quitter l’Union européenne. Les économistes se sont trompés dans leur grande majorité mais qui aurait pu anticiper de tels changements ? D’ailleurs, au moment où l’on apprenait les résultats du référendum, étaient rendues publiques aussi les statistiques du chômage montrant que le taux d’emploi du Royaume-Uni atteignait 77.8 %, le taux le plus élevé depuis 40 ans ! Et le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 20 ans : 4.9 %, deux fois moins élevé qu’en France. Même le taux de criminalité a drastiquement baissé : les violences sur personnes sont deux fois moins élevées qu’au début des années 1990.
On ne cesse de parler de la Grèce et, à l’heure à laquelle cette Lettre est envoyée, le résultat du référendum sera probablement connu. La sortie ou non de l’euro, le problème de la dette, l’impact en Europe et en France sont les sujets les plus fréquents dans les média et chez les spécialistes. Il existe néanmoins un aspect qui est en grande partie occulté. Le comportement des décideurs politiques et d’une partie des Grecs est inexcusable par rapport aux autres pays européens qui ont fait des efforts drastiques pour respecter les consignes de Bruxelles. Il s’agit surtout de l’Espagne, du Portugal et de l’Irlande.
La Cour des Comptes vient de publier un rapport intitulé « Le logement en Ile-de-France : donner de la cohérence à l’action publique » dans lequel elle épingle la gestion des bailleurs publics franciliens. Derrière l’euphémisme de bienséance du titre, on trouve des critiques sévères à l’encontre du logement social francilien, mais qui pourraient très bien s’adresser à tout le système locatif public français. La Cour des comptes part du même constat que celui fait par l’IREF dans son Etude comparative sur le logement social : le parc public ne remplit plus sa mission. Ceux qui en ont le plus besoin n’en profitent pas.
Dans un rapport sans concessions publié (mais bizarrement ignoré par les médias) par la commission d’enquête sur les tarifs de l’électricité de l’Assemblée nationale, l’Etat, la Commission européenne, et EDF sont tour à tour mis en cause dans la mauvaise gestion des tarifs de l’électricité, qui « sont à la fois source de confusion pour les usagers et de perturbations graves pour la survie de notre système électrique […] ». Ce rapport relève trois problèmes majeurs : d’abord l’augmentation des prix, ensuite une concurrence imposée par Bruxelles mais difficile à mettre en œuvre dans le contexte actuel des prix réglementés, et enfin la transition énergétique qui complexifie la situation.
C’est le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, qui l’a affirmé pour répondre à la Commission de Bruxelles, qui lui réclamait 80 Mds d’euros d’économies afin d’accélérer la baisse du déficit public. Pour notre Ministre, cet effort supplémentaire « détruirait 1.5 point de PIB en 2016-2017 et priverait la France du retour au plein-emploi ».
Les dangers d’un impôt européen sur les sociétés
L’article de Jean-Philippe Delsol est publié par le quotidien Les Echos dans son édition du 4 février.
Depuis 1981 et son adhésion à l’Union européenne, la Grèce a reçu plus de 339 Mds d’euros d’aides européennes. Cette somme représente 140 % du PIB (2013) de ce pays.…
Par une décision du 22 janvier dernier, la BCE a décidé qu’à partir du mois de mars, et pour une période courant jusqu’en septembre 2016, voire au-delà si l’inflation n’est pas remontée à 2%, elle pourrait racheter chaque mois EUR 60 milliards de titres financiers et principalement des obligations souveraines ayant une maturité jusqu’à 30 ans. Ces rachats interviendront dans la limite d’un plafond de détention à 33% de la dette nationale de chaque pays, ce qui laisse une marge d’intervention très confortable. Ces achats couvriront aussi des titres du secteur privé.