L’Unédic vient de publier un rapport sur les prévisions financières de l’assurance chômage pour la période 2016-2019, et le moins que l’on puisse dire est qu’elles ne sont pas encourageantes. La croissance est revue à la baisse sous l’effet du Brexit, le chômage devrait atteindre les 9,4 % à la fin 2016 pour augmenter à nouveau puis se stabiliser, et la dette devrait atteindre les 30 Md€ fin 2016, et jusqu’à 41,4 Md€ en 2019 ! Il existe pourtant des pistes de réforme pour résorber la dette de l’assurance chômage.
dette
Dans son dernier rapport annuel sur les comptes de la Sécurité Sociale publié ce 20 septembre, la Cour des comptes souligne que les efforts consentis depuis 1993 (année de la réforme Balladur) par les salariés du privé ont permis un redressement financier significatif de leurs régimes de retraite. Toutefois, elle invite les partenaires sociaux à ne pas relâcher leurs efforts et à poursuivre les réformes, notamment en vue de résorber progressivement la dette inquiétante (70 milliards d’euros fin 2015!) accumulée à la fois par le régime de base et le Fonds de Solidarité Vieillesse.
Déficit de la Sécu : l’illusion du retour à l’équilibre des comptes
La ministre de la santé est très satisfaite de l’évolution des comptes de la sécu et prédit que le retour à l’équilibre « est à portée de mains ». Sans attendre les chiffres de la Commission des comptes de la sécu, Marisol Touraine annonce un déficit au plus bas. A quel prix et pour combien de temps ? Faute de réformes, le déficit reviendra bientôt, plus élevé que jamais.
Les politiques sont prompts à dépenser l’argent des autres, le nôtre[[cf. le petit ouvrage remarquable d’Emmanuel Martin, L’argent des autres, Les Belles Lettres]]. Ils savent aussi mieux que jamais faire des cadeaux qu’ils laisseront à d’autres le soin de payer. Le tour de passe passe du Trésor en est l’exemple le plus incroyable, mais pas le seul.
Année préélectorale et agitation sociale et estudiantine obligent : les promesses de nouvelles dépenses publiques s’accumulent. Mais Bercy croit aux miracles : cela ne pèsera pas sur les déficits publics. Tout vient pourtant démentir ces doux rêves.
Le débat ouvert par le département du Haut-Rhin, à propos du RSA et d’une contrepartie demandée aux bénéficiaires, n’est que la partie visible d’un iceberg, celui de la quasi-faillite des départements : mais, ici comme ailleurs, c’est « l’Etat providence » qui est en faillite ; que l’Etat ait décentralisé une partie de ses dépenses sociales ne change rien à cette réalité. Nos départements, comme toutes les collectivités, souffrent d’un excès de dépenses, d’une décentralisation illusoire et du millefeuille territorial français.
La crise de la dette publique en Grèce devrait faire prendre conscience au gouvernement qu’il faut arrêter les mesures nécessaires tant qu’il en est encore temps. Incapable de rembourser, mardi dernier, les 1,6 milliards d’euros empruntés au Fonds monétaire international, la Grèce est le premier exemple historique d’un défaut de paiement d’un pays membre de l’Union Européenne auprès de l’institution internationale. Le gouvernement d’Alexis Tsipras refuse de céder aux exigences de réforme des créanciers et a choisi à la place d’organiser un référendum dimanche 5 juillet sur les exigences du plan d’accord proposé par la troïka lors de la réunion du l’Eurogroupe du 25 juin. Cette situation dramatique doit nous faire repenser le problème de la dette en France : si on ne veut pas se retrouver dans cette situation, il est urgent de mettre en place les mesures nécessaires pour réduire l’endettement public !
On ne cesse de parler de la Grèce et, à l’heure à laquelle cette Lettre est envoyée, le résultat du référendum sera probablement connu. La sortie ou non de l’euro, le problème de la dette, l’impact en Europe et en France sont les sujets les plus fréquents dans les média et chez les spécialistes. Il existe néanmoins un aspect qui est en grande partie occulté. Le comportement des décideurs politiques et d’une partie des Grecs est inexcusable par rapport aux autres pays européens qui ont fait des efforts drastiques pour respecter les consignes de Bruxelles. Il s’agit surtout de l’Espagne, du Portugal et de l’Irlande.
Négociations sur les retraites complémentaires : à quand la capitalisation ?
Les négociations entre les syndicats de salariés et le patronat continuent de traîner sur la question épineuse du déficit des caisses de retraites complémentaires, l’Agirc (cadres) et l’Arrco (salariés). Il serait en effet temps que ces négociations aboutissent, car en 2014, le déficit de l’Agirc était encore très proche des 2 milliards d’euros de déficit, tandis que celui de l’Arrco atteignait les 1,15 milliards d’euros. Alors que 14,6 millions de retraités sont concernés par la réforme, les réserves des caisses complémentaires seront épuisées d’ici 2018 pour l’Agirc et d’ici 2027 pour l’Arrco. Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), publié début juin 2015, annonçait que le déficit total pour les retraites était de 8 milliards d’euros en 2013.
L’article de Jean-Philippe Delsol consacré aux anticipations rationnelles des contribuables est cité dans le Manuel d’économie BTS 2ème année (Nathan, 2014).