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Valérie Pécresse caricature l’humour « républicain » et la liberté d’expression avec Charlie Hebdo

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Début janvier 2015, un attentat terroriste avait lieu au siège de Charlie Hebdo. On peut lui rattacher celui, cinq ans plus tard, qui a visé Samuel Paty, ce professeur qui avait « osé » montrer en classe des caricatures de Mahomet publiées par le même journal satirique.

Le 24 septembre 2024, Valérie Pécresse a annoncé que la région Ile-de-France, dont elle est présidente, allait signer un partenariat avec Charlie Hebdo. Il s’agira dans tous les lycées d’un « concours de la caricature, parce que l’humour fait partie de la République et parce qu’on défendra partout la liberté d’expression ».

Au risque de choquer sur ce sujet si sensible (mais la Cour européenne des droits de l’homme garantit l’expression des idées choquantes…), nous ne sommes guère convaincu par l’initiative de Valérie Pécresse.

D’abord, il est contestable que la région Ile-de-France dépense des fonds publics (aujourd’hui non chiffrés) pour une opération qui devrait être décidée au niveau de chaque établissement scolaire, et non pas de manière centralisée, fût-ce au niveau régional.

Ensuite, on pourra regretter que l’on ne privilégie pas l’apprentissage des règles de lecture, d’écriture et de calcul qui manifestement manquent à bien des lycéens…

Par ailleurs, il est piquant qu’un homme politique prétende que l’humour ferait partie de la République, alors même qu’aujourd’hui il est de fait ou, à la suite de multiples lois ces dernières années, de droit interdit de plaisanter au sujet notamment :

  • Des Belges (xénophobie) ;
  • Des blondes et plus largement des femmes (phallocratie et sexisme) ;
  • Des handicapés (discrimination) ;
  • Des homosexuels et des transsexuels (idem) ;
  • Des Noirs (racisme) ;
  • Des musulmans (idem) ;
  • Des juifs (antisémitisme), à l’exception bien sûr des membres de La France Insoumise qui sont autorisés, voire encouragés, à le faire.

En revanche, il est encore permis de plaisanter (rassurons nos lecteurs), mais uniquement des sujets suivants :

  • Des hommes blancs et hétérosexuels (chers à Eric Zemmour) ;
  • Des asiatiques, surtout durant la crise sanitaire (les Asiatiques sont peu nombreux et généralement discrets) ;
  • Des chrétiens en général et des catholiques en particulier (d’autant plus qu’on ne risque pas de se faire égorger par acte de rétorsion) ;
  • Des actes sexuels en général (sujet principal de beaucoup d’« humoristes » aujourd’hui, sous la réserve précédemment citée de « l’orientation sexuelle »).

La question reste de savoir si la région Ile-de-France est bien fondée à se rapprocher de Charlie Hebdo dont nous dirons avec un effet de litote qu’il n’est ni le journal le moins à gauche ni le journal le moins vulgaire.

Il n’est pas sûr au demeurant que l’initiative soit accueillie avec bonheur (et humour) par les enseignants, dont certains risquent de devoir arriver en cours avec un casque lourd…

Enfin, plutôt que de tenter d’apprendre à certains lycéens issus de milieux rétrogrades ce qu’est la liberté d’expression par le truchement de caricatures, il serait préférable de tenter de leur faire lire et comprendre les grands textes sur la tolérance et la liberté d’expression. Ce serait moins drôle et moins vulgaire, mais sûrement plus profond.

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