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Un libéral au Vatican

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Non, le Pape n’a pas tourné casaque et il ne s’est pas converti au libéralisme. Bien au contraire, il a encore dénoncé, il y a quelques jours à peine, l’« individualisme radical ». Le libéral dont il s’agit n’est autre que son compatriote Javier Milei qui s’est rendu le 11 février au Vatican à l’occasion de la canonisation de « Mama Antula », une religieuse argentine du XVIIIe siècle, et qui s’est entretenu le lendemain avec le Saint-Père.

Les photographies ont fait le tour du monde, à commencer par la franche accolade entre les deux hommes. Des images encore improbables naguère. Un éditorialiste argentin a parlé avec humour de troisième miracle de la sainte en cas de réconciliation…

Vatican News (12 février) livre un compte-rendu fort diplomatique de la rencontre. En revanche, la quasi-intégralité des journaux n’a pas manqué de rappeler les échanges plus qu’aigres-doux qui avaient eu lieu il y a quelques mois. Lors de la campagne présidentielle, Javier Milei avait dit avec son style fleuri tout le bien qu’il pensait de François : « imbécile défendant la justice sociale », « jésuite qui promeut le communisme » (détail piquant : la sainte argentine était liée à l’ordre de jésuites…), « du côté des dictateurs sanglants », « représentant du diable sur Terre ». Pourfendeur de la justice sociale , marqué en ce sens par Friedrich Hayek, il avait marqué son exécration du Pape : « Il faudrait informer l’idiot qui se trouve à Rome que l’envie, qui est le produit de la justice sociale, est un péché capital »… Rien d’étonnant à ce que les prises de position antilibérales systématiques du pape depuis son élection en 2013 aient crispé le libéral Milei.

De son côté, sans le nommer, François avait mis en garde contre le « clown du messianisme ». Ambiance…

Toutefois, Javier Milei avait déjà changé de ton à la fin de sa campagne et il avait présenté ses excuses. Quant au Pape, pourtant proche du péronisme, il avait eu l’élégance de le féliciter après son élection. Il s’est érigé en vieux sage en faisant explicitement le départ entre des propos de campagne électorale, d’une part, et les faits et actes lors du mandat qui suivait, d’autre part. Il se souvenait sans doute de ses premières prises de position pour vouer aux gémonies la « finance internationale » et de la volée de bois vert qu’il avait reçue aussitôt après…

Par-delà l’hypocrisie dont il se trouve taxé par beaucoup de journalistes, il est manifeste que le président argentin a voulu réconcilier les Argentins, une posture traditionnelle après des élections emplies de polémique et dans un contexte de grave crise économique due à l’incompétence des gouvernants successifs depuis des décennies.

Il est amusant de constater que Javier Milei continue d’être traité de trublion d’extrême droite, d’ultralibéral ou surtout de populiste, alors même que le plus populiste des deux n’est sans doute pas celui que l’on croit. En effet, François a été très marqué par le courant sud-américain de la théologie du peuple, ce qui est rarement souligné dans notre pays.

Le président argentin a fait preuve d’élégance à son tour en invitant le Pape dans son pays natal. Pour une réconciliation définitive entre deux Argentines ?

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3 commentaires

Jacques Baudouin 16 février 2024 - 1:45

Quand le pape s’occupera enfin de spiritualité peut être que les églises commenceront à se remplir ! Pour l’instant, sa doctrine s’éloigne de plus en plus du message du Christ.

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chauveau 17 février 2024 - 7:17

Ça fait du bien! Dans notre beau pays à la remorque du cadavre du Kominterm. Mais attention, nous ne sommes pas à l’abri de la censure fasciste depuis l’Arcom a été saisie par le conseil d’Etat pour l’affaire CNews. Décidément, nos politiques ont toujours étés et seront toujours aveugles devant les leçons de l’histoire, et ce d’autant plus que personne ne demande jamais de sanctions!!!!

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Mathieu Réau 18 février 2024 - 6:23

Mais nous avons d’ores et déjà un libéral comme souverain pontife : malgré le carcan du dogme catholique, notre ami François ne cache qu’à grand-peine sa tendresse pour les droits des homosexuels et affiliés que son Église, pourtant, réprouve…
Sans parler de sa vision d’un monde sans frontière où la migration des peuples est sans cesse célébrée et l’inquiétude des peuples submergés constamment rabrouée.
Le Pape n’a aucun pouvoir économique ; aussi, peu importe ce qu’il pense sur le sujet. Mais n’oubliez pas que la pensée libérale ne s’en tient pas qu’à l’économie et que, sur le plan civilisationnel, le Vatican continue de jouir d’un immense pouvoir… ici remis entre de très mauvaises mains, puisque celles d’un libéral.

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