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Trente-cinq ans après la révolution, la démocratie roumaine est menacée

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Début décembre 1989, le pasteur Laszlo Tokes, qui officiait dans une église de Timisoara, une grande ville située à l’ouest de la Roumanie, reçut un ordre de mutation de la part des autorités. Il était considéré comme un « rebelle » et un « ennemi de l’Etat » pour avoir critiqué les démolitions d’églises et les destructions de villages dans la Roumanie communiste. Les fidèles se rassemblèrent autour de l’église pour le protéger, la situation dégénéra le 16 et le 17 décembre et les premiers cris fusèrent : « Jos Ceausescu! » (A bas Ceausescu !). Ce fut le début de la révolution roumaine qui gagnera ensuite Bucarest, la capitale, le 21 décembre, lorsque la foule réunie lors d’un meeting organisé par le dictateur se met à le huer. Les événements se précipitent dans les heures qui suivent avec la déclaration de l’état d’urgence, l’arrestation et l’exécution sommaire du couple Ceausescu. La Roumanie venait de sortir d’une période de plus de 40 ans de dictature communiste. Terriblement pauvre, avec des pénuries dans pratiquement tous les secteurs économiques, le pays mettra des années à s’en remettre.

Aujourd’hui, la Roumanie est considérée comme un pays en développement avec une économie à revenu élevé, reconnue comme une puissance moyenne dans les affaires internationales. Son PIB est passé de 38 milliards de dollars en 1990 à 351 Mds en 2023, soit plus de neuf fois plus. Selon la Banque mondiale, le PIB/hab (PPA) a été, lui aussi, multiplié par neuf depuis 1990 passant de 5 276 dollars à 47 903 dollars en 2023 (5 000 dollars plus élevé que celui de la Grèce !) et, selon les prévisions, la hausse va même s’accélérer ces cinq prochaines années. Tout cela a été possible grâce aux investissements étrangers et aux aides européennes (la Roumanie est entrée dans l’UE en 2007) qui ont permis de restaurer les infrastructures du pays, de construire et de moderniser des écoles et des hôpitaux, de sauver son patrimoine culturel et architectural dont ses fameuses églises anciennes qui ont attiré plus de 13 millions de visiteurs étrangers en 2023. La croissance économique doit beaucoup aux entreprises étrangères et au développement des sociétés locales (la part d l’industrie dans le PIB est de 29 % contre 23 % en moyenne en Europe). Elle doit beaucoup aussi à l’introduction de la flat tax (impôt à taux unique) en 2005. Aujourd’hui, son taux est le plus bas (avec la Bulgarie) d’Europe : 10 %.

Malheureusement, cette bonne situation économique est ternie par un spectacle politique pitoyable qui a culminé, nous en avons parlé il y a quelques jours, avec l’annulation du premier tour des élections présidentielles. Située à l’est de l’Europe, à côté de l’Ukraine et de la Moldavie, la Roumanie est victime, comme d’autres pays, des guerres hybrides menées par la Russie de Poutine avec l’aide de certains politiques locaux. Il faut espérer que la démocratie roumaine résistera, sinon tous les succès acquis ces trente-cinq dernières années auront été obtenus en vain.

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