Dans le pays de Cioran et Ionesco, l’humour (notamment l’humour noir) est une valeur sûre. Une histoire drôle qui circule après le premier tour des élections présidentielles dit ceci : « Les Roumains sont le seul peuple au monde qui d’abord vote pour élire le président et qui ensuite se rue sur Google pour voir qui est l’heureux élu ». C’est ce qui s’est passé dimanche dernier : le vainqueur du premier tour (avec 23% des voix) est pour beaucoup de gens un illustre inconnu qui lors de sondages atteignait à peine un score de 6-7 %. Calin Georgesco (Georgescu), c’est son nom, s’était fait remarquer jusqu’alors par des déclarations extravagantes mais débitées avec un sérieux imperturbable. On a appris, depuis dimanche, beaucoup de choses qu’on ignorait ou dont on ne mesurait pas la gravité : Georgesco est un admirateur de Poutine (comme les « patriotes-souverainistes » français, il perd la fibre patriotique lorsqu’il s’agit de la Russie de Poutine ou de la…Chine), un anti-européen (mais qui ne dit pas non aux fonds européens), il déteste l’Otan, il est xénophobe et antisémite, déclare que le Covid n’existe pas (parce que « personne ne l’a vu »), que la conquête de la Lune par les Américains est une « manipulation », il exalte les valeurs « traditionnelles », proclame qu’un accouchement par césarienne est un acte „contre nature”, aimerait voir des « coopératives » partout en Roumanie, etc.. La liste des élucubrations qu’il profère est très longue et, de toute façon, il pratique une démagogie délirante, et prétend exprimer la voix du peuple, un peuple « qui n’accepte plus d’être humilié ».
Geogesco n’a pas de parti politique derrière lui, toute sa campagne il l’a faite sur TikTok, avec un succès stupéfiant. Il a obtenu des résultats excellents dans la diaspora roumaine (qu’on croyait attachée aux valeurs de la démocratie) et chez les jeunes. En profitant du mécontentement de certaines couches de la population il a éjecté de la scène politique les leadears des deux principaux partis qui forment la coalition au pouvoir. Bref, un vérirable séisme.
Le deuxième tour aura lieu le 8 décembre. Une victoire de Georgesco signifierait la marginalisation de la Roumanie et un retour au national-communisme de Ceausescu. C’est pourquoi il faut espérer qu’Elena Lasconi, arrivée dimanche en deuxième position, aura gain de cause. Mme Lasconi n’a pas une grande expérience en politique, elle est soutenue par USR (Union pour sauver la Roumanie), un parti de centre-droit qui est loin d’avoir les ressources des grands partis qui alternent au pouvoir. Elle peut compter sur quelques cadres intelligents et sur les électeurs qui ne veulent pas que la Roumanie abandonne la voie éuropéenne et tombe dans l’orbite de la Russie. L’enjeu est de taille et on peut être certain que le suspense sera maintenu jusqu’à la fin.
4 commentaires
Ceci-dit, la blague roumaine du moment rappelle furieusement une blague bien de chez nous qui quarante ans plus tard est devenu un aphorisme du grand penseur Michel Colucci :
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Il est quand même amusant, si je puis dire, que tout discours qui sort de la doxa européenne soit mis au pilori. Faisons nous notre propre avis sur la bases d’informations sourcées et variées . Et arrêtons de prendre toutes les infos méthode Mainstream pour argent comptant. Oui il y a d’autres pistes à suivre, d’autres pensées et réflexions, , tout n’est pas au journal de 20h ni en couverture de 20mn…. quand on aura compris ça, on aura une vision du monde ou de notre société beaucoup plus réaliste! Je garde les écrits de IREF, qui pour moi sont déjà éloignées de Contrepoints, ne vous en déplaise, car c’est de ces « informations » comparées à d’autres probablement considérées comme complotistes ou délirantes que chaque vérités ressort.
Léonarda finira par être nommée ambassadrice roumaine en France…Elle en connait les us et coutumes.
attendez…on vote entre des candidats..
donc il faut voir les autres..