Ceci n’est pas une blague du Gorafi. À Nantes, et plus précisément dans le quartier Canclaux, des commerçants ont trouvé une solution à l’insécurité : distribuer gratuitement des sifflets aux habitants, censés dissuader les agresseurs. Dans ce quartier où des adolescents ont été agressés en pleine rue et où une bande violente a semé la terreur en novembre dernier, l’initiative des commerçants révèle une chose : l’impuissance totale des autorités. La mairie elle-même ne semble pas particulièrement enchantée par cette idée. Bassem Asseh, premier adjoint en charge de la sécurité, rappelle qu’il est surtout important de « se protéger et d’éviter de prendre des risques » devant ou ou plusieurs agresseurs.
À l’origine, les sifflets « repousse-relou » ont été créés par le Normand Quentin Duteil pour aider les jeunes femmes à repousser ceux qui les importunent dans la rue et à alerter les passants. Le bruit est strident. Pour l’instant, aucun retour n’a été fait sur leur réelle efficacité, bien que les principales concernées se disent rassurées par l’objet.
Quoi qu’il en soit, l’initiative des commerçants nantais est lunaire. La distribution de sifflets ne saurait remplacer une politique de sécurité fondée sur la prévention, l’intervention rapide des forces de l’ordre et des sanctions dissuasives. À quand la distribution de klaxons d’alarme, de triangles ou de flûtes traversières ? Tant que l’État continuera de s’éparpiller là où il n’est pas nécessaire, les fonctions régaliennes, et la justice en premier lieu, seront négligées. Et les sifflets, aussi stridents soient-ils, ne couvriront jamais le silence de son inaction.