Le moteur de recherche français Qwant, souvent présenté comme une alternative à Google, s’associe au moteur allemand Ecosia pour lancer un nouvel index de recherche européen. Baptisée European Search Perspective (EUSP), cette coentreprise a pour objectif de s’affranchir des géants américains comme Google et Microsoft. Selon les dires de Christian Kroll, PDG d’Ecosia, le projet a été rendu possible par le DMA ; une réglementation européenne qui oblige, notamment, les géants du numérique à partager des informations stratégiques à leurs concurrents au nom… de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles.
Il est peu probable que Qwant ait réussi à survivre dans un environnement réellement libre et concurrentiel. Depuis sa création en 2011, l’entreprise cumule les pertes : un total de 42,3 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaires de 5,8 millions d’euros. Sa survie s’explique principalement par un fort soutien politique et des subventions publiques, comme l’a révélé une enquête publiée par Le Média en 2020. Dépendance des fonds publics, mais aussi dépendance à l’égard des entreprises américaines. À l’instar d’Ecosia et de DuckDuckGo, Qwant repose essentiellement sur le moteur de recherche Bing de Microsoft. D’autant plus que 90 % de son chiffre d’affaires provient de bandeaux publicitaires par l’intermédiaire de Microsoft Advertising, une plateforme de publicité en ligne développée par Microsoft.
Le pari avec Ecosia ressemble moins à un un choix stratégique qu’à un dernier recours pour Qwant. Officiellement, l’EUSP est censée renforcer la souveraineté numérique européenne, mais sa viabilité économique est plus qu’incertaine. Le lancement d’un index de recherche indépendant nécessitera des ressources colossales et une expertise que Qwant n’a pas su réunir en plus d’une décennie d’existence.
Qwant est l’incarnation du capitalisme de connivence, c’est-à-dire du socialisme, qui permet à des entreprises déficitaires de subsister grâce à l’intervention de l’État. Si l’Europe veut vraiment bâtir une alternative crédible aux géants américains, elle devrait libérer le processus de destruction créatrice, avec tout ce que cela implique (des créations d’entreprise, mais aussi des faillites inévitables), au lieu de maintenir artificiellement en vie des projets au bord de l’agonie.