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Projet de taxation des successions en Suisse : haro sur les « super riches »

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En juin 2023, les Suisses ont largement voté en faveur d’un projet de loi climat qui vise la neutralité carbone à horizon 2050. Afin de pouvoir financer la transformation écologique de la Confédération, l’organisation Jeunesse socialiste suisse (JS), une branche du parti socialiste, a émis une proposition consistant à taxer les successions à hauteur de 50% sur les montants excédant les 50 millions de francs suisses (soit 53 millions d’euros). Environ 2 500 personnes seraient concernées (dans un pays qui comptait plus de 8,7 millions d’habitants en 2022), ce qui correspond à 0,1% de la totalité des contribuables. Motif invoqué par Mirjam Hostetmann, présidente de JS : « Les plus riches ont profité du système économique qui a provoqué la crise climatique. Ils doivent donc payer plus que les autres membres de la société pour en combattre les conséquences »… En Suisse aussi, la vieille tendance socialiste consistant à prendre comme boucs émissaires les « (très) riches » se recycle donc aujourd’hui à travers l’écologisme idéologique.

Si le peuple, qui est appelé à se prononcer sur cette initiative dans deux ans, vote en faveur de celle-ci, cela signifiera alors que même la Suisse ne respecte plus le principe de l’égalité devant l’impôt, préférant faire payer une minorité (les « super riches ») plutôt qu’appliquer une fiscalité juste et mesurée à l’ensemble des contribuables. Ce serait également une véritable régression pour le pays, dans la mesure où la plupart des cantons suisses ne prélevaient pas jusqu’à présent de droits de succession en ligne directe. Et dans les cantons où les successions en ligne directe sont imposées, le taux maximum est de 3,5%. Au demeurant, une votation nationale aurait des difficultés à être appliquée puisque les droits de successions appartiennent aux cantons. Le vote ne resterait sans doute que symbolique, mais quel mauvais symbole s’il s’avérait favorable à la  proposition !

Alors que plusieurs pays européens, dont le Portugal, la Suède, l’Autriche, la République tchèque et la Norvège, ont supprimé les droits de succession au cours des vingt-cinq dernières années, la Suisse (qui est pourtant l’un des pays les plus libres du monde au plan économique !) irait donc à contre-courant dans le cas où elle adopterait une telle proposition. Les opposants à celle-ci ont d’ores et déjà dénoncé les conséquences négatives qui s’ensuivraient, aussi bien pour les « très riches » qu’à l’échelle de la Suisse tout entière. Nombre de grandes fortunes concernées par ladite initiative étant en effet propriétaires d’entreprise, leurs héritiers risqueraient dès lors d’être contraints  de vendre des actifs pour s’acquitter de cet impôt. Selon une étude du cabinet d’audit PwC, deux tiers des entreprises familiales qui redoutent les conséquences de cette proposition pour leurs héritiers étudieraient donc la possibilité de s’exiler.

 

Non seulement les droits de succession ne devraient pas être augmentés (y compris pour les « super riches »), ils devraient être abolis car ils sont à la fois immoraux – en ce sens qu’ils constituent une atteinte inacceptable aux droits de propriété individuels – et contreproductifs : à terme, ce sont la création d’entreprises, les incitations productives et l’emploi qui en pâtissent toujours.

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10 commentaires

palef 16 août 2024 - 8:45 am

Un « système économique qui a provoqué la crise climatique ». Mantra dogmatique vide de sens.
La Suisse se tire dans le pied les mêmes cartouches climatistes que l’UE ! On est vraiment foutu…!

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MATTHEY-DORET 16 août 2024 - 9:15 am

Hélas en Suisse nous avons aussi nos écolos bobo rouge vert qui sont prêts a tout remettre en cause au nom de leur idéologie. Par contre nous avons un énorme avantage par rapport aux pays qui nous entourent, chez nous le peuple à son mot à dire et généralement il le fait avec beaucoup de discernement, alors faisons-lui confiance et attendons les votations avant de tirer sur l’ambulance…

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Laurent46 16 août 2024 - 9:32 am

Nul doute que la République de France va suivre le mouvement pour rester sans conteste la République la plus taxée au monde. Je fais volontairement la différence entre République (la destruction organisée) et France un pays qui pouvait vivre mais qui est détruit par la République des escrocs et fainéants ce qui va souvent de paire.

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Bernard 16 août 2024 - 10:47 am

Ce problème est quasiment inextricable. Comment définir un super riche autrement que par un raisonnement simpliste et primaire ? Comment savoir exactement si la richesse est due exclusivement à du travail, du vrai, du propre, du sain, de l’honnête ? (D’abord se mettre d’accord sur ces qualificatifs !). Ou si la richesse est issue de  »bonne naissance » uniquement ? Sinon quelle fraction du total est issue de l’un ou de l’autre ? Comment traiter l’une et l’autre ?
Idem pour les super profits ! Le profit est il tout simplement amoral ? Sinon à partir de combien d’euros ? Quelle sont les destinations possibles d’un profit ? Ou quelle doit elle être autoritairement ?
Comment informer tout le monde sur la maniéré la plus juste possible (!) de répondre à ces questions ? Comment laisser et convaincre les riches à être solidaires sans le leur imposer autoritairement ? Comment faire accepter le droit au mérite aux non riches ?

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Saturne 16 août 2024 - 12:58 pm

La Suisse est beaucoup plus à gauche qu’on ne le croit. Via l’éducation qui effondre. Par le biais de l’écologie qui bloque tout projet. Par la démagogie habituelle des Media sur les riches qui tuent les pauvres, etc, etc…Par le racisme anti-blanc, très fort à Genève bien sûr mais aussi en territoire alémanique. Même la médecine commence à prendre l’eau, avec un « numerus clausus » sur la formation des médecins comme en France.
Que rest-t-il pour la Suisse? Les votations locales, cantonales, fédérales, que les partis voudraient, on s’en doute, faire disparaître. Le fait que les Suisses travaillent 42h par semaine.
Mais la Gauche tue tout, en Suisse comme ailleurs, avec la bonne conscience des âmes pures.

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Mathieu Réau 16 août 2024 - 4:51 pm

Avouez que ce serait tout de même assez drôle de voir nos exilés fiscaux en Suisse quitter subitement leur terre promise d’accueil !

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Mathieu Réau 16 août 2024 - 4:58 pm

En démocratie, c’est le peuple qui décide collectivement de ce qui est moral.
Ce n’est pas l’individu qui décrète que propre sa morale prime sur celle des autres.
Les droits de succession peuvent vous choquer, sans doute… mais tant que le peuple y consent démocratiquement, ils n’ont absolument rien d’immoraux, monsieur Creson. Ou bien dites simplement que la démocratie est immorale, ce sera plus simple.

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Nicolas Lecaussin 17 août 2024 - 8:11 am

NON ! Le peuple vote mais ne décide pas ce qui est moral ou pas !!! On respecte le vote mais on peut très bien dire que c’est un vote (une loi) idiote !

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du PUY-MONTBRUN 17 août 2024 - 9:46 am

En résumé : dès qu’un socialiste émet une hypothèse, elle est rétrograde et à terme et pénalise la productivité, l’emploi et les classes qu’elle est supposée défendre !!!

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Jacques Baudouin 17 août 2024 - 2:45 pm

On peut toujours compter sur les socialistes, suisses ou autres, pour détruire leurs pays.

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