Le canton suisse de Bâle-Ville est un modèle de rigueur budgétaire. Depuis plus de dix ans, ses finances affichent des excédents cumulés de 3,07 milliards de francs suisses, avec un ratio d’endettement de -6,7 %. Ce niveau de prospérité va de pair avec une gestion exemplaire des fonds publics. En 2023, un référendum avait déjà permis d’approuver une baisse d’impôts de 112 millions de francs suisses. Fin octobre, le canton est allé encore plus loin : Lorenz Amiet, député UDC, a déposé une motion pour rembourser 80 % des excédents annuels sous forme de crédits d’impôt, soit environ 250 millions de francs suisses par an. Cela équivaut à un remboursement moyen de 2 535 francs par contribuable. Le projet de loi est en préparation au sein du Conseil d’État bâlois.
Le plus épatant dans cette histoire est la relative indifférence suscitée en France à l’égard d’un pays qui réussit mieux que nous. Quelques articles de presse ont été publiés par-ci par-là mais, sauf erreur de notre part, nous n’avons vu quasiment aucun commentaire de la part de responsables politiques français. On peut comprendre pourquoi. Il est vrai qu’une telle situation est impensable en France au vu de la gestion des fonds publics. En 2024, le déficit s’élève à 178,2 milliards d’euros, soit 6,1 % du PIB, et le dernier excédent budgétaire remonte aux années 1970. Quand bien même un tel excédent aurait été envisageable, nos politiciens professionnels auraient certainement trouvé une raison pour le « brûler » et réclamer une hausse du budget l’année suivante. En France, l’argent public est souvent perçu comme une ressource sans limite, mal gérée par des politiques rarement tenus responsables de leurs actes.
Voilà un énième fossé culturel avec la Suisse : la démocratie directe offre aux citoyens un droit de regard sur la gestion des finances publiques. Les contribuables peuvent voter des lois pour réduire les impôts ou réclamer des redistributions en cas d’excédent. L’argent « public » est vu pour ce qu’il est réellement : des fonds privés mis en commun.
Pourquoi les contribuables français ne pourraient-ils pas, eux aussi, être impliqués dans la gestion de leurs impôts ? Bâle-Ville prouve qu’une gestion responsable des finances publiques bénéficie directement aux citoyens. Ce succès ne se limite pas au poids de la fiscalité, mais traduit une vision profondément respectueuse de la démocratie et des contribuables. Nous devrions nous en inspirer pour rétablir la confiance entre l’État et ses habitants.
19 commentaires
Il en est des fonds publics comme pour tout ce qui concerne Bâle : un trou est impossible….
Parce ce qu’il n’y a aucune autre offre politique sérieuse que celle de l’étatisme.
Ruy Blas et compagnie sont tellement français !
Cela durera-t-il ? la Suisse a embauché un ex-ministre de chez nous… même si pas à Bâle, cela peut déborder 🙂
Quand on voit le comportement des députés d’extrême gauche, on se rend compte qu’on est à des années lumières de ce que vous souhaitez. Mais c’est peut-être le même fossé entre certains électeurs français et les électeurs suisses ?
La République laïque prendre exemple sur quelque chose qui fonctionne à travers le monde ? Il ne faut pas déconner quand même. Prendre ailleurs ce qui ne fonctionne pas est acceptable et apprendre aux autres comment il faut s’y prendre est impératif.
Article très intéressant sur un pays que j’admire depuis toujours. Cependant, il manque un volet primordial dans cet article : quelles dépenses pour quels services publics et pour quel niveau de redistribution ? Il faudrait donc un deuxième article sur l’état des services publics (y compris dans le domaine de la santé) et les politiques sociales de redistribution, leur périmètre et leur efficience. Nous serions d’ailleurs peut-être agréablement surpris si nous constations que le niveau de redistribution (justifiée) et la qualité des services publics étaient supérieurs à ceux de notre pays.
Il y a aussi un point important à signaler dans le cas helvétique : l’éducation de la jeunesse, à l’école et dans les familles, qui explique qu’il n’y a pas de détérioration, volontaire ou involontaire, des bâtiments publics ou des infrastructures publiques. Pas d’incendie volontaire de collèges, d’immeubles, de forêts, etc. Cela compte dès lors que l’on aborde la question du montant des dépenses budgétaires.
Et la Suisse ne veut surtout pas s’intégrer à l’Europe, à juste titre
Bravo pour cet article que nos élus feraient bien de lire surtout Bruno Lemaire, qui a l’audace d’aller donner des cours en Suisse. Il est à craindre qu’avec son enseignement la Suisse perde sa rigueur !
Merci pour votre commentaire !
La Suisse, confédérale, démocratie exemplaire, quadrilingue, polie, laborieuse, propre et belle.
L’idéal que la France profonde devrait espérer. Mais aujourd’hui chez nous, c’est l’incurie financière, les dettes insondables, la saleté, la violence, la démagogie, la haine de la gauche pour la vraie liberté et la réussite, les poubelles dans nos villes, la politique en déshérence, et bien-sûr, l’arrogance, suffisance, médiocrité et lâcheté d’un fallacieux président.
Voilà ce qu’elle est devenue aux yeux de nos voisins hélvétiques et … européens. Et pour, hélas, m’en libérer, je vais y rejoindre une courageuse cordée d’alpinistes et faire l’ascension du sublime Matterhhorn (Cervin en français) pour y respirer l’air pur et admirer les sommets alentour au contraire des sombres gouffres français.
Quel constat!
La grande nation continuera à nous ballader et nous enfumer….
Triste constat que tout ceux qui voient la France de l’extérieur, constatent…
C’est désespérant et malheureusement sans issue…
Il y a à cela une explication: la subsidiarité . En Suisse, la TVA est très basse : 8 % . Il y a deux types d’impôts : les impôts fédéraux (minimes) et les impôts cantonaux (l’essentiel) . La manne fiscale est gérée » à portée de baffes « .
La SUBSIDIARITE ! Mais le pouvoir cenral parisien ne l’admettra jamais, jamais, JAMAIS ! Pas question pour les petits
et médiocres hauts-fonctionnaires technocrates de nos ministères ou prétentieux énarques, de traire des vaches ou de de faire les vendanges et se lever à 4H du matin ! Leur bréviaire, c’est » JE SAIS TOUT et ALLEZ-VOUS FAIRE FOUTRE ! »
Je suppose que le gouvernement français va envoyer une mission à Bâle-Ville pour voir quels enseignements tirer de cet exemple de bonne gestion. Euh… enfin… on peut toujours rêver…
Si seulement
frontalier avec Bâle, tenons compte du niveau d’imposition des individus et des sociétés. L’industrie pharmaceutique bâloise réalise des milliards de CA et de bénéfices, taxés localement. La part d’impôts et taxes que perçoivent chaque canton est très différente de celle de nos départements. Celle que perçoit la confédération centrale à Bern est infiniment plus faible que la cote part française. La « décentralisation » est bien plus développée que la nôtre. Les cantons gèrent 80-90% du budget total de la confédération.
Preuve qu’il y a de la malhonnêteté au moins intellectuelle chez nos élus.
En tous cas une absence totale du sens des responsabilités.
A la place des citoyens Suisses, je me méfierais un peu : pensez donc ils ont embauché un de nos ex-ministres pour leur dispenser des cours d’économie. S’il gère avec la même méthode qu’en France il y a fort à parier que leur situation financière va s’assombrir rapidement…
Je comprends pourquoi les Suisses ne souhaitent pas entrer dans l’U E, dirigée par une poignée de technocrates non élus dont on est en droit de se demander s’ils travaillent pour le bien des peuples européens ou pour s’assurer une carrière une fois leurs mandats expirés.