C’est tout neuf, ça vient de sortir, c’est le préférundum. Tout droit sorti du chapeau du Gouvernement, il a pour but de réinventer la démocratie. Olivier Véran explique : « C’est un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours du même vote. Par exemple, vous pouvez poser des questions multiples aux Français ». Et exit les réponses par oui ou par non. A la place, des appréciations diverses telles que « passable » ou « pas une priorité ».
En clair, c’est un référendum qui n’impacte pas l’action du président de la République en la plébiscitant ou en la condamnant aux oubliettes. C’est bien d’être en marche, mais le mouvement pour le mouvement n’est finalement rien d’autre que l’aveu d’un immobilisme latent. Ce petit gadget coûtera aussi cher qu’un référendum (c’est-à-dire plusieurs dizaines de millions d’euros), sans disposer du poids que confère l’article 11 de la Constitution.
Il ne faut également pas réfléchir bien longtemps avant de se demander où est la plus-value par rapport aux instituts de sondage, qui fournissent finalement le même résultat que le préférendum. Eh bien la réponse est toute trouvée : reconnecter les Français avec la politique. Une saine ambition. D’élection en élection, l’abstention est de plus en plus importante, pour cumuler à 28% au second tour en 2022. Je suis personnellement convaincue que le droit de vote doit être exercé lorsque l’on en dispose (même pour un vote blanc) ; ça ne m’empêche toutefois pas de comprendre que des Français qui élisent leur dirigeant par défaut et dont les avis matérialisés dans les innombrables sondages sont immanquablement ignorés de législation en législation aient finalement autre chose à faire que se bercer d’illusion dans la queue d’un bureau de vote.
En 65 ans, les Français n’auront eu que dix référendums, et on a vu à quel point celui de 2005 a été respecté. C’est bien de jouer la carte de la démocratie et de la reconnexion avec les Français, encore faut-il en avoir les moyens. L’IREF a fait des propositions sur les referendums en matière budgétaire et fiscale. Le référendum n’est pas une solution miracle, surtout dans les pays qui n’en ont pas la culture, mais il semble exister une corrélation entre référendum de nature financière et dette publique modérée.
5 commentaires
L’avantage de la démocratie représentative est d’élire des élus qui disposent de droits d’investigation et peuvent étudier les décisions techniques au sein de commissions. Bien des gens me disent qu’ils ne comprennent pas certains sujets et seraient bien embarrassés pour voter. Le meilleur moyen dont dispose un autocrate, c’est le plébiscite (car c’est ainsi que Macron dévoie le vote présidentiel en estimant que la « confiance » des français lui donne les pleins pouvoirs, au-delà la Constitution), et c’est le recours direct à des des gens influençables car souvent naïfs et ignorants (Macron a raison par hypothèse, il n’écoute rien, il fait des shows de charme pour convaincre…). Notre démocratie a du souci à se faire.
@ROVEN
Nous ne sommes plus en démocratie depuis la trahison de Sarkozy à la suite du référendum de 2005. A présent c’est Bruxelles qui commande. De plus les deux dernières élections Présidentielles ont été très probablement truquées. Par conséquent notre démocratie n’a plus de souci à se faire : elle est morte.
Un chatouillage de plus dans la culotte…
Christian B.
On a touché le fond mais on creuse de plus en plus profond ! Merci les Shadocks…
Ce qu’on peut attendre de cette idée baroque de pré référendum est simplement une abstention encore plus élevée des précédentes consultations.
Les électeurs auront certainement le sentiment qu’on les consulte pour rien et que cela n’aura guère de sens.
Au minimum, cela sera un moyen pour de nombreux électeurs d’exprimer simplement leur mécontentement et non de répondre aux questions.